Ashley ne s'est pas réveillée. Elle dormait dans les bras de son père quand leur numéro a été appelé. Elle n'a pas ouvert un ?il quand il s'est levé du banc où dix autres migrants attendent, papiers serrés sur leur c?ur. Il s'est assis sur le fauteuil en cuir, a posé sur ses oreilles le casque pour la traduction et Ashley sur l'autre siège. Elle s'est affalée, joue collée au dossier, bouche entrouverte. « Pouvez-vous me donner votre nom complet ? » a demandé le juge. « Vilmer Carcamo Calavera. » Comme presque tous dans ce tribunal pour migrants d'El Paso, au Texas, Vilmer est cubain. « Quel âge a votre fille ? » « Cinq ans. » Ashley est secouée par une vilaine toux grasse. Que penserait-elle du spectacle ? Sous la lumière blafarde, il y a bien un drapeau américain, mais le siège du juge est vide. Il flotte, tête blonde montée sur un col blanc et une robe noire, sur un écran plat. Ashley ne le verra pas plus que son père, penché sur le micro, visage anxieux tourné vers le téléviseur, répétant des « Si, señor » que la traductrice transmet au juge, « Yes, Sir ». « Vous allez remplir votre demande d'asile et joindre des preuves que vous seriez en danger à Cuba. Comme date, je vous propose le 7 janvier 2021. » Nous sommes le 3 février 2020. « Et si on perd, on peut faire appel ? Et après, il me restera combien de rendez-vous au tribunal ? » « Ce sera le dernier. » Avant une éventuelle déportation à...
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