
Le plaignant Abderrahmane Ouatiki (au centre), entouré de ses avocats, arrive au procès du braquage de Kim Kardashian, le 28 avril 2025 à Paris ( AFP / Bertrand GUAY )
Il est la victime oubliée du braquage spectaculaire de Kim Kardashian. A la veille de l'audition de la superstar américaine, la cour a entendu lundi le réceptionniste de l'hôtel qui a conduit les malfaiteurs jusqu'à "la femme du rappeur".
En 2016, Abderrahmane Ouatiki, trench clair, barbe poivre et sel, mèche tombante sur le font, travaille depuis six ans comme veilleur de nuit au discret hôtel de luxe No address pour financer ses études à Paris. Il prépare un "doctorat sur la sémiotique du discours extrémiste", explique à la barre l'Algérien de 48 ans de sa voix traînante.
Depuis le début du procès, ses avocats se démènent pour rappeler que lui aussi est victime - d'autant qu'il a un temps été considéré comme "la taupe" par les enquêteurs.
Ce 2 octobre 2016, Kim Kardashian, "pas le genre de cliente qui échange", enchainait depuis quelques jours les défilés parisiens de la Fashion Week.
L'ambiance à l'hôtel en ces périodes est particulière, explique-t-il. "Il y a beaucoup de monde, de va-et-vient, d'imprévisible, des fêtes qui peuvent tomber d'un instant à l'autre".
Mais la sécurité n'est pas la priorité. On rentre comme dans "un moulin" et la serrure de la porte cochère donnant sur la rue est cassée "depuis une semaine" mais personne n'a daigné la réparer.
Quand il voit trois hommes habillés en policier apparaître derrière la porte vitrée de l'hôtel vers 3H00 du matin, il ne se méfie pas plus que ça. En quelques secondes pourtant ils le poussent à l'intérieur, à genoux, un pistolet sous le nez, "genre: c'est pas du factice, fais attention à pas faire le con!", explique l'homme à la barre. Et puis : "La femme du rappeur, elle est où?".
"Vous saviez qui c'était ?". "Bien sûr".
- "Argent, argent" -
Ensuite, c'est un grand moment de "flottement". Les malfaiteurs (qui attendent en fait deux autres complices devant monter la garde) demandent si Kim Kardashian est seule, combien elle a de gardes du corps, si c'est vraiment sûr que les caméras de surveillance n'enregistrent rien... "Ils ne savaient pas quoi faire", estime le réceptionniste.
Toujours menacé, il mène "le petit" et "le gentil" ("par opposition", précise-t-il) au premier étage pendant que les autres font le guet en bas.
Dans l'appartement ils entendent des "Hello ?, hello ?" depuis la chambre de Kim Kardashian, qui croit entendre sa soeur rentrer de boîte de nuit.
"Et là, le petit décide de rentrer". Le président le coupe. "Je me trompe ou à chaque fois que vous dites +le petit+ vous désignez Aomar Ait Khedache?" - le cerveau présumé, assis juste à sa gauche sur le banc des accusés.
"Parce que je le reconnais", assure le réceptionniste, qui avait été moins catégorique à l'époque.
Dans la chambre, "le petit" hurle sur Kim Kardashian, il réclame "argent, argent, argent".
Kim Kardashian hurle en retour, elle est "terrifiée, terrorisée, sincèrement elle était dans un état hystérique", décrit-il.
Il s'interpose pour essayer de calmer le jeu. "Dites-lui de se taire", demandent les malfaiteurs. "Shut up", lance le réceptionniste à Kim Kardashian.
Sa mémoire, parfois, semble lui faire défaut: il a oublié, par exemple, que les braqueurs avaient crié "ring, ring" pour réclamer sa bague de fiançailles à 3,5 millions d'euros à la star, comme elle l'a elle-même raconté.
Mais se rappelle du regard satisfait du "petit" quand elle lui a tendu l'énorme caillou, avant qu'il ne la fourre dans sa poche. Les malfrats avaient aussi vidé dans leurs sacs à dos un coffret Louis Vuitton rempli de diamants et colliers. Valeur totale du butin: 9 millions d'euros.
C'est l'appel du garde du corps de Kim Kardashian, prévenu par la styliste cachée au rez-de-chaussée, qui mettra les braqueurs en fuite. Kim Kardashian est ligotée, bâillonnée, "traînée" dans la salle de bain. Le réceptionniste est lui laissé, pieds et poings liés, dans la cage d'escalier.
"Vous pensez qu'à ce moment là, elle a pensé mourir ?", demande le président.
"Ah oui", assure le réceptionniste. "Et vous ?". Aussi, confirme-t-il.
La cour entendra la styliste Simone Bretter mardi matin, puis Kim Kardashian l'après-midi.
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