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Loukachenko, le médiateur de Poutine, héros en Russie après la mutinerie avortée
information fournie par Reuters 28/06/2023 à 17:22

par Andrew Osborn

LONDRES, 28 juin (Reuters) - Le président biélorusse Alexandre Loukachenko est d'habitude celui qui remercie son homologue russe ou lui demande une faveur - que ce soit pour un prêt, du gaz bon marché, une aide dans la gestion des manifestations ou des armes nucléaires tactiques.

Cette fois, les rôles se sont inversés.

Alors que le rôle réel d'Alexandre Loukachenko dans la fin de la mutinerie menée samedi par les paramilitaires de la milice Wagner reste encore flou, le président biélorusse - ridiculisé par les dirigeants russes et considéré comme un partenaire utile mais instable et exigeant - est désormais salué en Russie.

C'est Alexandre Loukachenko, selon le principal intéressé et Vladimir Poutine, qui a joué un rôle majeur pour mettre fin à la mutinerie qui a menacé de déstabiliser la puissance nucléaire.

Selon son propre récit, il est celui qui a persuadé Evguéni Prigojine, le dirigeant de Wagner, de mettre fin à son avancée vers Moscou lors d'une négociation au téléphone.

C'est lui aussi qui a conseillé à Vladimir Poutine de ne pas se débarrasser d'Evguéni Prigojine.

"Une décision brutale a été prise de se débarrasser des mutins, j'ai suggéré à Poutine de ne pas se précipiter", a déclaré Alexandre Loukachenko.

Jusqu'ici, le président biélorusse compte sur son allié russe pour s'approvisionner en énergie bon marché et maintenir à flot son économie au style soviétique.

Avec sa médiation entre Evguéni Prigojine et Vladimir Poutine, il a peut-être conforté ce soutien dans le futur alors que la survie politique d'Alexandre Loukachenko dépend aussi de la Russie.

Le président biélorusse dirige ce qu'il appelle lui-même, la dernière dictature d'Europe depuis 1994.

Pour ses opposants, en majorité forcés à l'exil ou emprisonnés après les manifestations contre son pouvoir en 2020 et 2021, son implication dans la fin de la mutinerie ressemble plus à de la survie.

"Loukachenko n'a pas sauvé Poutine. Il s'est sauvé lui-même. Il a compris que si Prigojine atteignait Moscou, il serait le premier à tomber", a déclaré à Reuters Franak Viacorka, le conseiller de la cheffe de l'opposition en exil, Svetlana Tikhanouskaïa.

"Loukachenko est tellement vulnérable et dépendant du bon vouloir de Poutine en ce moment. La récompense la plus probable est que Poutine continue de le garder en tant qu'allié exclusif et de le soutenir financièrement et politiquement. En échange, il fera ce que Poutine voudra", affirme-t-il également.

Les liens entre les deux voisins sont inextricables.

Moscou a lancé son "opération militaire spéciale" en Ukraine depuis le territoire biélorusse, y a déployé des armes nucléaires tactiques et y a stationné des milliers de soldats russes.

Alexandre Loukachenko est le premier à être conscient que le destin de son pays est inlassablement lié à celui de la Russie.

"Que Dieu m'en préserve, si cette crise s'était étendue à travers la Russie, les conséquences auraient été énormes, et nous aurions été les prochains sur la liste, a-t-il déclaré mardi.

"Si la Russie venait à s'effondrer, nous serions sous les décombres", a-t-il ajouté.

HOMMAGES DE RUSSIE

Mardi, la Douma, le parlement russe, a ouvert sa séance en rendant hommage aux présidents russe et biélorusse avec une salve d'applaudissement.

Vladimir Poutine a remercié son homologue pour "sa contribution dans la résolution pacifique de la situation" lors de son premier discours à la nation après la fin de la mutinerie.

Pour le présentateur de la télévision russe d'Etat, Vladimir Solovyov, Alexandre Loukachenko mérite d'être fait Héros de la Russie.

Dmitri Peskov, porte-parole du Kremlin, a lui qualifié le dirigeant biélorusse d'"homme d'Etat sage et expérimenté".

En Biélorussie aussi, le président a été salué comme un sauveur de Moscou, notamment dans les média qu'il contrôle étroitement où il a été désigné comme "le pacificateur de la civilisation slave".

Et désormais, son pays va abriter Evguéni Prigojine, qui y a trouvé refuge dans le cadre de l'accord conclu ce weekend, et ses milliers d'hommes.

Alexandre Loukachenko a affirmé qu'il n'était pas nécessaire de craindre leur présence, affirmant que les mercenaires pourront partager leur expérience du champ de combat.

"Nous allons les surveiller de près", a-t-il tout de même nuancé.

Ses opposants pensent qu'il a importé un problème.

"Loukachenko a construit une histoire se mettant en scène comme le sauveur du monde. Cela marchera pour ses soutiens à domicile. Mais sur le long terme, Loukachenko ne sait pas quoi faire avec les voyous de Prigojine", avance Franak Viacorka, le conseiller.

(Reportage par Andrew Osborn; version française Zhifan Liu, édité par Kate Entringer)

1 commentaire

  • 28 juin 20:58

    le pantin bielorusse ne sait même pas raconter son exploit sans se contredire en 2 phrases... lamentable !
    et le pire est poutine, qui s'est terré, tandis que ses oligarques s'enfuyaient en avion ... Pauvre russie !


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