Des dirigeants du monde entier se sont retrouvés vendredi à Dubaï pour la conférence des Nations unies sur le climat (COP28), où la question controversée d'une sortie des énergies fossiles alimente les débats et les dissensions. Ce point précis était attendu au coeur des discussions de la conférence, qui s'est ouverte jeudi et doit s'achever le 12 décembre. Les Emirats arabes unis, hôtes de la réunion, défendent la vision d'un avenir bas carbone compatible avec le maintien d'énergies fossiles, partagée par d'autres grands pays producteurs de pétrole et de gaz. Les pays du G7 et les Nations unies plaident pour leur part pour une sortie progressive et définitive des énergies carbonées. "La priorité des priorités est que les pays les plus avancés sortent des énergies fossiles", a déclaré vendredi le président français Emmanuel Macron, qui a fait le déplacement à Dubaï. "Les pays émergents doivent sortir du charbon. C'est le deuxième combat après celui que les pays les plus riches doivent mener", a-t-il ajouté lors d'un discours, plaidant pour un "virage absolu, majeur, complet" sur ce sujet. Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, qui a souvent fait du changement climatique un point de ralliement, a aussi appelé à sortir définitivement des énergies fossiles. "Nous ne pouvons pas sauver une planète en feu avec une lance à incendie de combustibles fossiles", a-t-il dit. "La limite de 1,5 degré [de réchauffement par rapport à la période pré-industrielle, fixée par l'Accord de Paris sur le climat en 2015] n'est possible que si nous cessons de brûler tous les combustibles fossiles. Il ne s'agit pas de réduire", a-t-il plaidé, en faisant référence aux technologies naissantes de captage et de stockage des émissions de carbone. Jeudi, le président de la COP28, le sultan Ahmed al Jaber des Émirats arabes unis, avait de nouveau apporté son soutien à un usage continu des énergies fossiles, plaidant pour une collaboration des pays avec les compagnies pétrolières pour trouver un terrain d'entente. POLÉMIQUE ET DÉMISSION Ces propos ont alimenté de vifs échanges, d'autant qu'Ahmed al Jaber, PDG de la compagnie pétrolière nationale des Emirats ADNOC, a été mis en cause lundi par une enquête de la BBC selon laquelle il prévoyait de profiter du sommet pour discuter de contrats gaziers ou commerciaux avec une dizaine de gouvernements. En réaction à ces informations, une des membres du conseil consultatif de la COP28, Hilda Heine, a démissionné vendredi . Outre la question de l'avenir des énergies fossiles, la COP28 doit aussi aborder le financement de la transition énergétique dans les pays en développement. Le Premier ministre indien Narendra Modi a dénoncé vendredi le rôle joué par les économies développées dans le réchauffement climatique depuis la révolution industrielle. "Nous n'avons pas beaucoup de temps pour corriger les erreurs du siècle dernier", a-t-il dit. "Au cours du siècle dernier, une petite partie de l'humanité a exploité la nature sans discernement. Or, c'est l'humanité tout entière qui en paie le prix, en particulier les populations du sud de la planète." Loin de la scène principale, les délégations et les comités techniques se sont mis au travail vendredi avec la tâche colossale d'évaluer les progrès des objectifs climatiques mondiaux, en particulier celui de l'Accord de Paris de limiter le réchauffement de la planète à moins de 2°C au-dessus des températures préindustrielles. Les scientifiques affirment qu'une augmentation de la température mondiale au-delà de ce seuil aura des conséquences catastrophiques et irréversibles dans le monde entier. Présent à Dubaï, le roi Charles III a jugé que la planète était "terriblement loin du compte" en matière de lutte contre le changement climatique. "Nous constatons que des points de basculement alarmants sont en train d'être atteints", a alerté le souverain qui participe au sommet au nom du gouvernement britannique et à la suite d'une invitation du pays hôte. Le sommet a néanmoins remporté une première victoire en approuvant officiellement jeudi l'accord prévoyant la création d'un fonds "pertes et dommages" pour aider les pays vulnérables face aux conséquences du changement climatique. (Reportage Valerie Volcovici, William James et Elizabeth Piper; version française Kate Entringer et Blandine Hénault, édité par Tangi Salaün)
À la COP28, la sortie des énergies fossiles alimente comme prévu les dissensions
information fournie par Reuters 01/12/2023 à 16:55

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