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A Gaza, des groupes armés sécurisent les convois d'aide avec l'aval du Hamas
information fournie par Reuters 19/03/2024 à 13:18

par Nidal al-Mughrabi

Divers groupes armés et clans familiaux ont commencé à sécuriser les convois d'aide humanitaire dans la bande de Gaza avec la bénédiction du Hamas, qui y voit un moyen de conserver son influence alors qu'Israël dit vouloir l'éradiquer, ont déclaré des responsables palestiniens et des sources au sein du mouvement islamiste.

L'influence croissante de ces groupes assurant la protection des camions humanitaires contrarie les projets d'Israël de faire émerger un système administratif et sécuritaire indépendant du Hamas dans l'enclave dévastée depuis plus de cinq mois par les bombardements et les combats.

Sur une vidéo que Reuters a pu consulter, on voit une demi-douzaine d'hommes masqués armés de fusils d'assaut AK-47 protéger des camions transportant de l'aide en pleine nuit, tandis que d'autres écartent la foule avec des bâtons pour éviter des pillages.

L'acheminement de l'aide à une population affamée et privée de tout est devenu particulièrement dangereux à Gaza. Plusieurs dizaines de civils ont été tués dans le nord de Gaza lors d'une livraison supervisée par l'armée israélienne, qui a ouvert le feu sur la foule.

Les combattants du Hamas sont particulièrement traqués par les soldats israéliens, si bien que la distribution de l'aide a été confiée, selon les lieux, à de puissants clans familiaux ou à d'autres groupes armés, y compris liés au Fatah du président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas, rival du Hamas, ont expliqué des sources palestiniennes.

Il est peu probable que la sécurisation des convois d'aide par ces "comités populaires" change quoi que ce soit à la crise humanitaire dans l'enclave, faute d'aide en quantité suffisante. Mais leur organisation démontre l'influence persistante du Hamas en dépit des coups de boutoir incessants d'Israël.

Outre sa branche militaire, considérée par de nombreux Palestiniens comme une organisation de résistance, le Hamas a assis pendant des années sa popularité en proposant des services sociaux, des programmes éducatifs et autres oeuvres caritatives au bénéfice des habitants les plus pauvres de Gaza.

En raison de l'effondrement du système administratif de Gaza depuis le début de la guerre et du refus des policiers d'assurer la sécurité des convois humanitaires de peur d'être pris pour cible par l'armée israélienne, l'enjeu de la distribution de l'aide est devenu central pour les Gazaouis.

ISRAËL PRÊT À TOUT POUR AFFAIBLIR LE HAMAS

Selon le journal Israël Hayom, les dirigeants israéliens ont un temps imaginé de confier à des civils armés la protection des convois, dans le cadre d'une réflexion plus large sur les moyens de contrôler l'acheminement de l'aide à la fin de la guerre.

"Le plan israélien visant à s'appuyer sur des clans pour distribuer l'aide en remplacement du Hamas a échoué", a déclaré un responsable palestinien, qui a tenu à rester anonyme.

"Cet échec a montré que les factions de la résistance palestinienne sont incontournables. L'espoir d'Israël de trouver des gens prêts à trahir leur peuple est un rêve sans lendemain. Tout le monde sait ce qui arrive aux traîtres", a-t-il ajouté.

Un porte-parole de l'armée israélienne s'est refusé à tout commentaire sur le sujet.

Un responsable israélien, s'adressant à Reuters sous couvert d'anonymat, a dit qu'Israël était sur le principe favorable à la création d'une force de police armée dans les zones de la bande de Gaza dont le Hamas aurait été chassé.

"Mais il s'agit d'un projet à long terme, pas quelque chose que nous pouvons mettre en place maintenant. Il faudrait s'assurer que les recrues n'ont aucun lien avec le Hamas, et qu'ils ne servent pas directement ou indirectement les intérêts du Hamas", a-t-il souligné.

Alors que l'Union européenne a accusé lundi Israël d'utiliser la famine comme une arme de guerre, plusieurs responsables onusiens ont dit ne pas se coordonner avec des groupes armés à Gaza.

"Nous avons essayé de réimpliquer la police, mais il y a eu un certain nombre d'incidents pendant lesquels les policiers ont été pris pour cible par l'armée israélienne parce qu'elle considère qu'ils font partie de l'infrastructure du Hamas", a déclaré James McGoldrick, coordonnateur de l'aide de l'Onu dans les territoires palestiniens.

"Nous essayons donc de trouver le meilleur moyen d'acheminer l'aide vers le nord et d'autres parties de la bande de Gaza."

Illustration des tensions autour de l'aide, Israël a dit avoir tué un haut responsable de la police de Gaza, le général Faïq Abdoulraouf al Mabhouh, au cours de sa récente opération militaire dans l'hôpital al-Chifa, dans la ville de Gaza.

Dans un communiqué, le Hamas a aussitôt accusé Israël d'avoir lancé cette attaque pour "accentuer le chaos" dans l'enclave, le général ayant selon le mouvement islamiste supervisé ces derniers jours l'acheminement et la distribution de farine dans plusieurs villes du nord de Gaza, une première depuis le début de la guerre, même si la quantité reste très insuffisante.

(Reportage de Nidal Al-Mughrabi au Caire, avec Emma Farge à Genève et Dan Williams à Jerusalem, rédigé par Michael Georgy ; version française Tangi Salaün, édité par Kate Entringer)

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