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A Derna, en Libye, les rescapés des inondations cherchent encore leurs proches
information fournie par Reuters 14/09/2023 à 14:34

Des membres du Croissant Rouge marchent parmi des décombres à Derna en Libye

Des membres du Croissant Rouge marchent parmi des décombres à Derna en Libye

par Ahmed Elumami, Ayman al-Warfali et Essam Alfetori

DERNA, Libye (Reuters) - Les survivants des inondations qui ont ravagé la ville de Derna, dans le nord-est de la Libye, continuaient de chercher leurs proches jeudi alors que des milliers de personnes sont mortes et des milliers d'autres sont encore portées disparues.

Les autorités redoutent l'émergence d'une épidémie liée aux corps ensevelis sous les ruines de la ville après le passage au cours du week-end de la tempête Daniel, qui a brisé des barrages à proximité de Derna, provoquant inondations et torrents de boue.

Un quart de la ville a été dévasté et le maire de Derna a estimé lundi que 20.000 personnes pourraient avoir été tuées.

Le bilan officiel de la catastrophe varie selon les autorités, qui évoquent toutes néanmoins plusieurs milliers de morts dans le pays.

Le chef du gouvernement d'unité nationale basé à Tripoli, dans l'ouest de la Libye, Abdel Hamid Dbeibah, a déclaré jeudi sur la plate-forme X (ex-Twitter) que plus de 300 personnes portées disparues avaient pu être retrouvées par les équipes de secours, après réparation des réseaux de communication.

A Derna, Oussama Al Housadi, un chauffeur de 52 ans, cherche sa femme et ses cinq enfants.

"Je me suis rendu à pied dans tous les hôpitaux et toutes les écoles, mais en vain", déclare-t-il à Reuters, en pleurant, la tête entre les mains.

Il tente de téléphoner de nouveau à sa femme mais l'appareil est éteint.

"Nous avons perdu au moins 50 membres de la famille de mon père, entre ceux qui ont disparu et ceux qui sont morts", ajoute-t-il. Le soir de la catastrophe à Derna, où des immeubles se sont effrondrés avec des familles entières dedans, Oussama travaillait.

Wali Eddin Mohamed Adam, un ouvrier de 24 ans, s'est réveillé ce soir-là en entendant le bruit de l'eau et s'est précipité vers le centre ville pour constater qu'il n'y avait plus rien. Il a perdu une quinzaine de membres de sa famille et neuf amis, emportés par les flots.

"Nous avons besoin d'équipes spécialisées dans la récupération des corps", a déclaré à Reuters le maire de Derna, Abdoulmenam al Ghaithi. "Je crains que la ville ne soit contaminée par une épidémie en raison du grand nombre de corps présents sous les décombres et dans l'eau."

OPÉRATIONS DE SECOURS

Des équipes de secouristes sont arrivées en provenance d'Egypte, de Tunisie, des Emirats arabes unis, de Turquie et du Qatar, a indiqué Abdoulmenam al Ghaithi. La Turquie a envoyé un navire transportant du matériel pour mettre en place deux hôpitaux de campagne.

La France a annoncé mercredi qu'une équipe de 53 agents de la sécurité civile française était en route pour la Libye et qu'un hôpital de campagne serait installé à Derna.

Les opérations de secours sont compliquées par les divisions politiques et institutionnelles en Libye, avec deux gouvernements rivaux, l'un officiellement reconnu par la communauté internationale à Tripoli et l'autre installé à Benghazi, grande ville de l'est du pays où se trouve Derna.

L'Organisation météorologique mondiale (OMM) a estimé jeudi que le bilan humain désastreux de la catastrophe aurait pu être évité s'il existait un service météorologique national qui aurait pu envoyer des alertes.

"Les autorités de gestion des catastrophes auraient été en mesure d'entreprendre l'évacuation des populations. Et nous aurions pu éviter la plupart des victimes", a déclaré à Genève le secrétaire général de l'agence onusienne, Petteri Taalas.

A Derna, les rues sont recouvertes d'une boue épaisse et jonchées d'arbres déracinés. Des centaines de voitures sont accidentées, l'une d'entre elle étant coincée sur le balcon du deuxième étage d'un immeuble éventré.

Des hauteurs de la ville, on peut mesurer l'ampleur des dévastations : le centre, autrefois densément peuplé, n'est plus qu'un vaste champ de terre parsemé d'étendues d'eau.

"J'ai survécu avec ma femme, mais j'ai perdu ma soeur", dit Mohamed Mohsen Boujmila, un ingénieur de 41 ans. "Ma soeur vit dans le centre ville, où se sont produites la plupart des destructions. Nous avons retrouvé les corps de son mari et de son fils et nous les avons enterrés."

Il a également trouvé les corps de deux étrangers dans son appartement.

Alors qu'il parlait, une équipe égyptienne de secouristes a retrouvé le corps de sa voisine.

"C'est tante Khadija, que Dieu lui accorde le paradis."

(Rédigé par Peter Graff; Blandine Hénault pour la version française, édité par Bertrand Boucey)

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