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A Cuba, des familles désespérées face aux pénuries alimentaires
information fournie par AFP 29/03/2024 à 18:22

Diana Ruiz montre la nourriture qu'elle a dans son réfrigérateur, chez elle à La Havane, le 27 mars 2024 à Cuba ( AFP / YAMIL LAGE )

Diana Ruiz montre la nourriture qu'elle a dans son réfrigérateur, chez elle à La Havane, le 27 mars 2024 à Cuba ( AFP / YAMIL LAGE )

Du matin au soir, Diana Ruiz ne pense qu'à une chose : ce qu'elle va pouvoir donner à manger à son fils de six ans. Une situation qu'affrontent de nombreuses mères à Cuba en raison des pénuries de nourriture, aggravées par les coupures d'électricité.

"La première chose que je me dis quand je me lève, c'est +qu'est-ce que je vais donner à manger à mon fils+ et quand je me couche c'est +qu'est-ce que je vais lui donner pour le petit-déjeuner+" raconte à l'AFP cette mère au foyer de 31 ans, enceinte de quatre mois.

Dans sa maison modeste du quartier de Nuevo Vedado, à La Havane, Diana fait des va-et-vient entre un placard où sont stockés un peu de riz et des morceaux de pain, et le réfrigérateur dans lequel se trouvent un hamburger, deux bouteilles d'eau et un jus de fruit.

"C'est tout ce qu'il y a", dit-elle désespérée, alors qu'elle doit aussi s'occuper de son père invalide.

Le manque de nourriture, aggravé par les interminables coupures de courant qui ont touché la quasi totalité des 11 millions de Cubains au cours des dernières semaines, ont poussé le 17 mars des centaines de personnes à protester dans quatre villes du pays.

Une femme avec son fils dans une rue plongée dans l'obscurité, lors d'une coupure de courant à Bauta, le 18 mars 2024 dans la province d'Artemisa, à Cuba ( AFP / YAMIL LAGE )

Une femme avec son fils dans une rue plongée dans l'obscurité, lors d'une coupure de courant à Bauta, le 18 mars 2024 dans la province d'Artemisa, à Cuba ( AFP / YAMIL LAGE )

Ces manifestations sont les plus importantes depuis le 11 juillet 2021, lorsque des milliers de Cubains étaient descendus dans la rue à travers le pays pour réclamer plus de liberté et de meilleures conditions de vie.

Le 17 mars, les manifestations ont d'abord touché Santiago de Cuba, deuxième ville du pays (510.000 habitants) où les coupures d'électricité quotidiennes ont pu atteindre une douzaine d'heures d'affilée, mettant à mal les quelques provisions stockées dans les congélateurs. "De la nourriture et du courant", ont scandé les manifestants, parmi lesquels de nombreuses femmes.

Selon l'ONG de défense des droits humains Justicia 11J, basée à Miami, au moins 17 personnes ont été arrêtées, tandis que Prisoners Defenders, dont le siège est en Espagne, a indiqué à l'AFP avoir décompté 38 personnes arrêtées, dont six ont été libérées.

Le président cubain Miguel Diaz-Canel a admis quelques jours plus tard "une accumulation de longues coupures d'électricité qui gênent beaucoup la population", et des "ruptures dans la distribution" des aliments subventionnés du carnet de rationnement -- la fameuse "libreta" -- qui provoquent "des pénuries alimentaires".

Des Cubains font la queue pour acheter de la nourriture, le 27 mars 2024 à Cuba ( AFP / YAMIL LAGE )

Des Cubains font la queue pour acheter de la nourriture, le 27 mars 2024 à Cuba ( AFP / YAMIL LAGE )

En 2023, les autorités avaient déjà reconnu que, faute de devises, elles avaient du mal à importer les produits vendus à la population à prix subventionnés, qui viennent à 100% de l'étranger, alors que la production agricole a drastiquement chuté (moins 35% entre 2019 et 2023).

En février, La Havane a demandé pour la première fois l'aide du Programme alimentaire mondial (PAM) pour assurer la fourniture de lait aux enfants.

Les autorités ont aussi reconnu ne pouvoir produire qu'un tiers du pain nécessaire à la population, entre retards d'importation de blé et pannes sur plusieurs moulins du pays.

- "Pacte social" -

Même si la capitale souffre moins des coupures d'électricité que le reste du pays, le manque de denrées reste un problème récurrent.

Diana Ruiz enlève l'uniforme scolaire de son fils, chez eux à La Havane, le 27 mars 2024 à Cuba ( AFP / YAMIL LAGE )

Diana Ruiz enlève l'uniforme scolaire de son fils, chez eux à La Havane, le 27 mars 2024 à Cuba ( AFP / YAMIL LAGE )

Avec la "libreta", "on les reçoit par intermittence, un peu aujourd'hui, un peu un autre jour", raconte Aracely Hernandez, 73 ans, qui vit à Bacuranao, dans la périphérie de La Havane.

La retraitée raconte qu'elle reçoit une pension de 1.500 pesos (12,5 dollars) et qu'un kilo de poulet coûte 600 pesos en dehors du système de rationnement. "Il faut faire d'énormes efforts (pour avoir quelque chose) parce que tout est si cher", déplore-t-elle.

Depuis 2021, le gouvernement a autorisé les petites entreprises privées. Certaines vendent de la nourriture, mais à des prix exorbitants pour la plupart des Cubains, alors que le pays connaît depuis trois ans une inflation galopante -- 70% en 2021, 39% en 2022, 30% en 2023, selon des chiffres officiels, considérés comme sous-estimés par plusieurs experts interrogés par l'AFP.

Diana Ruiz prépare un repas dans sa cuisine, le 27 mars 2024 à La Havane, à Cuba ( AFP / YAMIL LAGE )

Diana Ruiz prépare un repas dans sa cuisine, le 27 mars 2024 à La Havane, à Cuba ( AFP / YAMIL LAGE )

Pour Arturo Lopez-Levy, chercheur associé à l'Ecole d'études internationales de l'Université de Denver, le renforcement des sanctions américaines contre le gouvernement communiste de l'île il y a quatre ans entrave les efforts des autorités pour assurer l'approvisionnement de la population.

Mais, avec une économie centralisée et majoritairement étatique, "le modèle est en crise", estime le chercheur. "Ce qui se cache derrière les protestations, ce sont fondamentalement les pénuries et la rupture du pacte social", souligne-t-il.

6 commentaires

  • 30 mars 18:01

    serait amusant de regarder tous les pays communistes sous sanctions americaines qui vont mal et tous les pays communstes sans sanction amricaine qui vont bien ...


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