(Actualisé avec éléments supplémentaires) PARIS, 10 décembre (Reuters) - Laurent Wauquiez a mené à bien la première phase de sa feuille de route en se faisant élire dimanche à la présidence des Républicains (LR), avec 74,64 %, et aborde désormais une étape peut-être plus ardue, celle consistant à élargir son audience. Chef de file de l'aile droite de LR, le président de la Région Auvergne-Rhône-Alpes s'est imposé dès le premier tour face à deux rivaux nettement moins connus que lui, l'ex-porte-parole de François Fillon Florence Portelli (16,11%) et le "juppéiste" Maël de Calan (9,25%). Son score lui assure une élection confortable d'autant que, avec 99.597 votants (98.543 exprimés), la participation dépasse les pronostics des dirigeants du parti et de l'équipe de Laurent Wauquiez lui-même, qui tablait sur 50.000 adhérents. Le nouveau président de LR a désormais un mandat de cinq ans pour donner une nouvelle impulsion à un parti durement affecté par les défaites de 2017, rassurer les modérés qui n'ont pas encore fait défection et s'adresser à un électorat plus large que sa seule base militante. "Un électeur sur cinq a voté François Fillon en 2017, ça reste la masse incompressible des votants Républicains. Pour aller au-delà, il faut avoir un projet qui suscite de l'allant", estime Erwan Lestrohan, directeur d'études à l'institut BVA. "Dans un contexte qui s'est un peu déporté vers la droite, sa ligne n'est pas rédhibitoire", ajoute-t-il. "Maintenant il va devoir montrer qu'il n'est pas que le représentant d'une frange dure mais d'un courant de synthèse et surtout qu'il incarne un projet de long terme pour les Républicains." Pour Geoffroy Didier, directeur de campagne de Laurent Wauquiez, ce dernier espère réitérer l'opération réalisée par Nicolas Sarkozy durant sa marche vers l'Elysée, au milieu des années 2000. "Le pari de Laurent Wauquiez, c'est d'être solide sur son socle avant de rassembler", disait-il à Reuters avant le premier tour. Durant la campagne, celui qui était alors largement favori a répété à l'envi qu'il voulait faire l'union de sa famille politique et faire vivre le débat au sein du parti, sans pour autant "renier" son orientation à droite toute. "LIGNES ROUGES" A LR, ses détracteurs le soupçonnent de vouloir réduire la formation à sa seule sensibilité sarkozyste, sans égards pour les plus centristes, et l'accusent de vouloir brouiller la frontière avec l'extrême droite. Une partie d'entre eux ont déjà trouvé refuge ailleurs, soit au sein de La République en marche (LREM) d'Emmanuel Macron, soit dans un parti fraîchement créé, Agir, et les autres attendent de voir à quoi ressemblera la présidence Wauquiez. Alain Juppé et Valérie Pécresse ont chacun tracé des lignes rouges, concernant en particulier la relation avec le Front national. Maël de Calan visait pour sa part 10% à 20% des voix dimanche pour faire entendre la voix du courant libéral et européen, une barre sous laquelle il a échoué. Laurent Wauquiez souffre par ailleurs d'une image dégradée dans l'opinion : les Français ne le trouvent "pas compétent" à 51%, "pas sympathique" à 55% et ils sont plus de six sur dix à ne le trouver ni "honnête" (60%) ni "proche des gens" (62%), selon un sondage Odoxa-Dentsu Consulting pour franceinfo et Le Figaro publié jeudi. "Le plus dur commence", juge Jean-Daniel Lévy, directeur du département Opinion d'Harris Interactive. Car, ajoute-t-il, "sa cote de confiance n'est pas très importante chez les Français, voire les sympathisants républicains. Il y a donc pour lui une nécessité de créer une relation particulière avec les Français et le coeur de l'électorat républicain." Choix tactiques et enquêtes d'opinion mis à part, l'ex-ministre de Nicolas Sarkozy trouve un parti en pleine crise d'identité, pris en tenaille entre Emmanuel Macron d'un côté et Marine Le Pen de l'autre. "Si (la droite) rassemble au centre gauche, elle perd son flanc droit en légitimant le vote FN comme vote utile contre la gauche", résume le politologue Nicolas Lebourg dans une note publiée par l'Observatoire des radicalités politiques de la Fondation Jean-Jaurès. Et "si elle rassemble au FN, elle légitime le transfert de vote vers le FN et fragilise son flanc centriste." Le chef de file de LR, qui se rêve en premier opposant à Emmanuel Macron, passera un premier examen en 2019 avec les élections européennes. (Simon Carraud, édité par Yann Le Guernigou)
France-Wauquiez élu à la tête de LR, premier pari réussi
information fournie par Reuters 10/12/2017 à 20:39
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