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ECLAIRAGE-La fenêtre de tir européenne de Macron se réduit avec l'Allemagne
information fournie par Reuters 24/11/2017 à 10:36

    * Une conjonction de facteurs "historique" 
    * La fenêtre de tir se réduit au premier semestre de 2018 
    * Une perte de temps "regrettable"-responsable de la 
majorité 
    * La France se veut malgré tout confiante 
 
    par Yves Clarisse 
    PARIS, 24 novembre (Reuters) - La fenêtre de tir dont 
dispose Emmanuel Macron pour faire avancer ses propositions de 
réforme de la zone euro, déjà limitée par les divergences entre 
Paris et Berlin, se réduit à mesure que la crise politique se 
prolonge en Allemagne. 
    Officiellement, la confiance reste de mise en France quant à 
la capacité d'Angela Merkel de bâtir rapidement une coalition de 
gouvernement après l'échec de sa tentative d'alliance avec les 
Verts et les Libéraux, les sociaux-démocrates étant entrés dans 
le jeu pour sortir de l'impasse.   
    "Nous sommes confiants, nous sommes surtout attentifs à ce 
qu'une solution puisse être trouvée, puisqu'il n'y a jamais 
d'intérêt pour la France de voir une quelconque déstabilisation 
de notre partenaire européen", a déclaré mercredi le 
porte-parole du gouvernement, Christophe Castaner. 
    L'inquiétude monte pourtant - "toute fragilité de 
l'Allemagne pourrait être un coup dur pour nos ambitions 
européennes et pour la France", a d'ailleurs dit Christophe 
Castaner - et s'exprime plus fortement en privé. 
    L'Allemagne est en effet quasiment aux abonnés absents 
depuis les élections du 24 septembre et le Conseil européen des 
14 et 15 décembre ne pourra, comme prévu, être le lieu d'une 
discussion approfondie sur les réformes prônées par Emmanuel 
Macron le 26 septembre à la Sorbonne.   
    Compte tenu du fait que les institutions de l'UE se mettront 
à l'arrêt six mois avant les élections européennes de mai 2019, 
il ne reste grosso modo que le premier semestre de 2018 pour 
avancer, alors que le début de l'année prochaine risque d'être 
accaparé par la rédaction d'un accord de coalition en Allemagne. 
     
    "REGRETTABLE" 
    "Nous les Français, ça nous bloque un peu. C'était déjà 
assez compliqué comme ça. Attendre la coalition en Allemagne 
alors qu'on a très peu de temps, c'est regrettable", déclare un 
haut responsable de la majorité en France. 
    En outre, les reproches souvent faits en Allemagne à la 
France pendant le quinquennat de François Hollande - paralysie 
d'un Parti socialiste divisé sur l'Europe depuis le "non" au 
référendum de 2005 sur la Constitution européenne et perte de 
crédibilité d'un pays incapable de tenir ses promesses de 
réduction des déficits - pourraient lui être renvoyés. 
    "L'incertitude politique a traversé le Rhin", dit 
l'économiste Jean Pisani-Ferry, proche d'Emmanuel Macron. 
"L'Europe a été habituée à voir un gouvernement allemand fort 
avec des positions claires. C'est quelque chose qu'on pourrait 
ne pas avoir pendant un certain laps de temps." 
    Or, pour Pierre Sellal, représentant permanent de la France 
auprès de l'Union européenne jusqu'à il y a quelques jours et 
négociateur d'innombrables compromis franco-allemands, il existe 
actuellement une conjonction "historique" de facteurs qui peut 
permettre des réformes mais qui risque de ne pas durer. 
    "La situation économique est bonne", explique-t-il d'abord 
en rappelant qu'il est "inutile d'essayer de réconcilier la 
France avec l'idée de l'Europe en période de récession", ce qui 
vaut d'ailleurs pour les autres pays de l'UE. 
    En outre, l'idée que l'Europe peut être protectrice 
progresse face aux éléments de déstabilisation introduits par 
l'élection de Donald Trump et le Brexit qui n'a pas - bien au 
contraire - eu l'effet domino prédit par certains. 
    Enfin, la France donne l'impression "d'être aux manettes", 
autre condition de l'acceptation de l'Europe dans le pays. 
     
    PRÉALABLE FRANCO-ALLEMAND 
    Mais il y a un préalable qui risque de freiner la réforme, 
notamment de la zone euro, dont la nécessité est pourtant 
soulignée par les économistes qui redoutent l'effet 
d'inévitables futurs chocs économiques. 
    "Cela suppose une convergence très forte entre la France et 
l'Allemagne", dit Pierre Sellal. 
    Emmanuel Macron, qui a publiquement ciblé les Libéraux 
allemands, les plus négatifs sur ses propositions de 
renforcement de la zone euro, peut être satisfait de voir les 
sociaux-démocrates, qui y sont favorables, revenir dans le jeu. 
    "L'Europe attend que l'Allemagne soit en mesure d'agir pour 
répondre aux questions soulevées par le président français 
(Emmanuel) Macron", a dit jeudi Volker Kauder, chef du groupe 
CDU au Bundestag, la chambre basse du parlement. 
    "Le pays le plus fort économiquement en Europe ne peut pas 
apparaître comme un nain politique", a-t-il ajouté dans le 
journal Südwest Presse en référence à l'appel du chef de l'Etat 
en faveur de réformes budgétaires de la zone euro. 
    Les responsables de la majorité en France appellent 
d'ailleurs à "garder son calme" et soulignent que l'on a sans 
doute eu tort d'enterrer rapidement la chancelière allemande. 
    "Merkel est quelqu'un de très posé, de très réfléchi. Elle 
dispose d'une grande assise dans la population", dit l'un d'eux. 
    Mais, au-delà des problèmes de calendrier liés aux 
difficultés rencontrées à Berlin pour bâtir une coalition, les 
deux pays sont loin d'être sur la même longueur d'onde même si 
l'Allemagne n'a pas soulevé d'objection de principe à l'encontre 
des propositions françaises de réforme de la zone euro. 
    L'achèvement de l'union bancaire se heurte aux réticences 
allemandes vis-à-vis d'une mutualisation des risques et le 
marché des capitaux n'est toujours pas véritablement intégré 
alors qu'il s'agirait d'un instrument de défense. 
     L'Allemagne a émis des réserves sur l'idée d'un "fonds 
monétaire européen" disposant d'une capacité suffisante pour 
contrer les "chocs asymétriques", imaginant plutôt lui donner un 
rôle de surveillance des budgets nationaux actuellement dévolu à 
une Commission européenne jugée trop laxiste à Berlin. 
    D'un autre côté, on souligne que des avancées majeures ont 
été récemment réalisées avec l'Allemagne sur la défense et la 
sécurité, les instruments de défense commerciale de l'UE contre 
le dumping ou encore sur les travailleurs détachés. 
    "Je ne vois pas un gouvernement allemand (...) qui 
tournerait le dos à ce mouvement", dit Pierre Sellal. 
 
 (Avec Noah Barkin, édité par Jean-Baptiste Vey) 
 

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