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Inflation et pouvoir d’achat: définitions
Dernière mise à jour le : 09/02/2024

La forte inflation observée en ce début d’année va réduire le pouvoir d’achat des ménages. ( crédit photo : GettyImages )

La forte inflation observée en ce début d’année va réduire le pouvoir d’achat des ménages. ( crédit photo : GettyImages )

Rogné par une inflation inédite en 30 ans, le pouvoir d’achat inquiète les actifs, retraités et épargnants. Comment sont calculés l’inflation, l’évolution des revenus des ménages et le pouvoir d’achat ? Comment expliquer les pressions observées sur les prix ?

Sommaire:

  • Le pouvoir d’achat, première préoccupation des Français
  • Le pouvoir d’achat, du ressenti à l’outil statistique
  • Comment l’Insee calcule l’évolution du pouvoir d’achat?
  • Pouvoir d’achat: deux points de vue sur une même situation
  • L’inflation pèse sur le pouvoir d’achat

Le pouvoir d’achat, première préoccupation des Français

Le contexte national et international évolue vite. En effet, depuis 2020, la crise sanitaire a bouleversé le contexte social et économique en France et dans le monde. Depuis février 2022, le conflit entre la Russie et l’Ukraine chamboule les marchés financiers, notamment celui de l’énergie. Selon un sondage IPSOS d’octobre 2023, pour les Français, le pouvoir d’achat fait partie des trois premières préoccupations de 40% des personnes interrogées. Il est cité avant la santé, l’environnement et les incivilités.

À savoir

L’Insee estime que le pouvoir d’achat a baissé de 1% au premier trimestre 2023 par rapport au trimestre précédent. Il est remonté légèrement aux deuxième et troisième trimestres.

Le pouvoir d’achat, du ressenti à l’outil statistique

La question du pouvoir d’achat fait régulièrement la «une» des médias et arrive en tête des préoccupations des Français. Cette notion semble être comprise par tous: une personne dont le pouvoir d’achat diminue s’appauvrit. Une personne dont le pouvoir d’achat augmente, s’enrichit. Pourtant, le lien est souvent trop vite fait entre salaire et pouvoir d’achat. D’autres notions entrent en jeu. En effet, le calcul du pouvoir d’achat est avant tout un outil statistique. À ce titre, il répond à une définition plus précise et objective. Selon l’Insee (Institut National de la Statistique et des Études Économiques), «le pouvoir d’achat correspond au volume de biens et services qu’un revenu permet d’acheter». Ce volume d’achats est nécessairement lié aux revenus de l’acheteur, mais aussi à l’évolution des prix de ces biens. Cette donnée est celle de l’ inflation . Elle est centrale dans le calcul du pouvoir d’achat et de son évolution.

Les problématiques engendrées par les pressions inflationnistes s’imposent à toutes et à tous. Ainsi, par exemple, l’épargnant voit la rentabilité de ses placements fondre par le seul effet de l’érosion monétaire. La question du pouvoir d’achat transcende les différentes catégories de la population et interroge à la fois les actifs, les retraités, les jeunes comme les séniors, les petits salaires et les ménages plus aisés.

À noter

Si la hausse des revenus s’avère supérieure à celle des prix, le pouvoir d’achat augmente. Au contraire, si la hausse des prix est supérieure à celle des revenus, le pouvoir d’achat diminue. Une hausse des prix peut aller de pair avec une hausse du pouvoir d’achat, si la hausse des revenus est supérieure à l’inflation.

Comment l’Insee calcule l’évolution du pouvoir d’achat?

Pour calculer l’évolution du pouvoir d’achat des ménages, l’Insee sollicite deux indicateurs clefs:

  • Le Revenu Disponible des Ménages (RDB). C’est la somme des revenus et des prestations sociales (minima sociaux, allocations familiales, pensions de retraite, indemnités de chômage) de l’ensemble des ménages. On y soustrait les cotisations sociales et les impôts.
  • Le déflateur de la consommation des ménages. Cet outil est construit sur la base de l’Indice des Prix à la Consommation (IPC).

Pour rendre compte des situations individuelles, l’organisme rapporte le calcul du pouvoir d’achat à une Unité de Consommation (UC). Chaque ménage est composé d’un certain nombre d’UC (le premier adulte compte 1 UC, chaque personne de plus de 14 ans supplémentaire pour 0,5 UC, chaque enfant de moins de 14 ans pour 0,3 UC). Les chiffres fournis par l’Insee pour calculer le pouvoir d’achat des ménages concernent donc l’évolution d’une seule UC. Il s’agit de ce fait d’une moyenne. Ainsi, elle peut présenter un décalage avec la réalité des situations vécues et peut nourrir une suspicion du grand public. Ce sentiment peut être accentué quand certains prix, comme celui de l’essence, augmentent fortement sur une courte période.

Pouvoir d’achat: deux points de vue sur une même situation

À l’automne 2021, le gouvernement a communiqué sur le bilan du quinquennat d’Emmanuel Macron. Il s’est félicité d’une hausse de 8% du pouvoir d’achat des ménages sur la période, après les mesures adoptées depuis 2017 (hausse de la prime d’activité , suppression ou baisse de la Taxe d’Habitation , hausse des Aides Personnalisées au Logement , suppression de l’Impôt de Solidarité sur la Fortune et création de l’Impôt sur la Fortune Immobilière ). Le pouvoir exécutif évoque un gain de pouvoir d’achat plus marqué pour les revenus modestes.

Quelques mois plus tard pourtant, les chercheurs de l’Institut des Politiques Publiques (IPP) sont arrivés à une conclusion plus nuancée. Ils évoquent un gain global de pouvoir d’achat, mais de seulement 1,6% pendant le quinquennat. Cela met surtout en lumière une situation très inégalitaire entre les ménages aisés et les ménages plus pauvres. Ces conclusions différentes s’expliquent par des méthodologies de calcul distinctes et, sans doute, par des intérêts divergents.

L’inflation pèse sur le pouvoir d’achat

En janvier 2022, après plusieurs mois de hausse sensible, l’indice des prix à la consommation sur douze mois affichait un bond de 2,9%. En décembre 2023, cette hausse s’élevait à 3,7% sur un an. Du jamais vu depuis 30 ans.

En France, l’Insee publie chaque mois au Journal Officiel les chiffres de l’Indice des Prix à la Consommation (IPC), dont l’évolution permet de mesurer le niveau d’inflation. Pour permettre des comparaisons internationales, l’Insee publie également l’Indice des Prix à la Consommation Harmonisé (IPCH). L’évolution des deux indices (IPC et IPCH) est assez proche. Ces indices sont basés sur l’observation d’un panier fixe de biens et services, actualisé chaque année. Chaque produit est pondéré, dans l’indice global, proportionnellement à son poids dans la dépense de consommation des ménages. L’indice des prix hors tabac sert, quant à lui, à indexer de nombreux contrats privés, des pensions alimentaires ou encore des rentes viagères.

Le «tournant de la rigueur» en 1983, l’adoption d’une politique monétaire directement inspirée de celle mise en œuvre outre-Rhin puis l’adoption de l’euro ont permis à la France de contenir les pressions sur les prix pendant de longues années. Ainsi, les périodes de forte inflation semblaient, il y a peu, relever des seuls manuels d’économie, voire des livres d’histoire.

Pour certains économistes, la politique monétaire expansionniste mise en place dès la crise de 2008 par la Banque Centrale Européenne (BCE) a provoqué, quelques années plus tard, cet emballement des prix. Les taux d’intérêt maintenus au plancher et les rachats d’actifs par le biais de la création monétaire auraient commencé par provoquer une forte hausse des prix de certains actifs (actions cotées, immobilier, œuvres d’art, vins rares…). La hausse se serait ensuite propagée aux autres pans de l’économie.

Après le choc de 2020 lié à la pandémie de la Covid-19, la reprise économique synchronisée au niveau mondial a provoqué des pénuries et une forte hausse des prix des matières premières (pétrole, fer, métaux…). Cela a engendré le renchérissement de très nombreux biens et, par des «effets de second tour», cette inflation.