L’erreur est fréquente. Comment éviter l’impair avec le participe passé ?
L’erreur est, on ne peut plus, banale. Elle piège même les plus aguerris de la langue française. Car c’est un réflexe bien compréhensible que de vouloir suivre les règles générales d’accord du participe passé pour le verbe «faire» . On a toujours tendance à écrire ou dire «elle s’est faite remarquer» au lieu de «elle s’est fait remarquer» . Le verbe «faire» devant un infinitif se retrouve très souvent doté d’un «e» ou d’un «s» . Et à tort.
Pourquoi «fait» reste invariable ?
Tout d’abord, rappelons les règles de base. L’accord du participe passé avec «être» suit généralement une règle simple : il s’accorde avec le sujet si celui-ci subit l’action. C’est pourquoi on écrira, par exemple, «elle s’est lavée» , car c’est «elle» qui reçoit l’action de se laver. Mais dans le cas qu’on étudie ici, un piège se cache. En effet, le verbe conjugué «fait» n’est pas utilisé seul : il fait partie de la locution «faire remarquer» , où «faire» joue ici le rôle d’un verbe semi-auxiliaire. Or, lorsqu’un verbe est suivi d’un infinitif (ici, «remarquer» ), le participe passé «fait» reste invariable. Pourquoi ? Parce que ce n’est pas «elle» qui est «faite» , mais «elle» qui «fait» quelque chose (l’action de se faire remarquer). Autrement dit, on ne dit pas «elle s’est faite remarquer» parce que «faite» sous-entendrait que c’est «elle» qui est transformée par l’action de «faire» , ce qui n’est pas le cas.
Cette règle s’applique à toutes les formes de phrases, quel que soit l’infinitif utilisé : «Elle s’est fait entendre» (et non «faite entendre» ) ou «elles se sont fait gronder» (et non «faites gronder» ). Attention, cependant, à la conjugaison du verbe «faire» lorsqu’il est employé seule, l’accord s’applique normalement. Ainsi, on écrit «elle s’est faite à l’idée» où «faite» s’accorde avec «elle» car l’action s’applique bien à elle-même. C’est d’ailleurs peut-être à cause de cet exemple que la confusion règne.
Si à l’oral, l’erreur passe souvent inaperçue grâce à la liaison de «fait» - donc la prononciation est la même que ce soit «faite» ou «fait» - elle saute aux yeux à l’écrit. À noter que l’exemple «elle s’est laissé convaincre» suit la même logique : est-ce que c’est «elle» qui convainc ? Non, donc le verbe «laissé» ne prend pas d’accord. En résumé, souvenez-vous que le verbe «fait» reste invariable quand il est suivi d’un verbe à l’infinitif si le sujet ne réalise pas l’action. Contrairement à l’exemple «elle s’est laissée tomber» où c’est le sujet «elle» qui réalise l’action de «tomber» donc l’accord prend. Une subtilité qui fait toute la différence ! Mais pour éviter d’emmêler les pinceaux, les rectifications orthographiques de 1990 permettent de rendre le participe passé invariable devant n’importe quel verbe à l’infinitif : «elle s’est laissé tomber» et «elle s’est fait remarquer» , le non-accord est le même.
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