Production de missiles : Rheinmetall et Lockheed Martin annoncent une alliance au coeur de l'Europe de la défense information fournie par Boursorama avec Media Services 02/05/2025 à 13:24
Le conglomérat allemand de l'armement et le spécialiste américain des technologies de défense ont signé un accord pour la construction d'un site de production de missiles et de roquettes en Allemagne.
Quelle place pour les acteurs américains dans la montée en puissance de l'Europe de la défense? En parallèle des appels à la "souveraineté stratégique" du Vieux continent en la matière, une alliance remarquée vient d'être annoncée entre Rheinmetall et Lockheed-Martin, pour la production de missiles et roquettes.
Le groupe allemand d'armement, acteur majeur des munitions et blindés, a ainsi conclu un protocole d'accord avec la société américaine de technologies de défense, productrice notamment de la précieuse roquette GMLRS équipant les systèmes Himars américains. L'accord prévoit d'établir un "centre européen d'excellence" pour la production et distribution de différents missiles et roquettes, afin "d'assurer la sécurité et l'auto-suffisance de l'Europe" dans le secteur. Ce "centre d'excellence" dirigé par Rheinmetall sera basé en Allemagne, et opèrera également dans "d'autres pays d'Europe", affirme le groupe dans un communiqué publié le 30 avril. Selon Les Echos , l'activité de production conjointe devrait se consacrer pour débuter aux missiles tactiques sol-sol ATACMS (Army Tactical Missile System) La démarche doit encore recevoir l'aval des gouvernements allemand et américain, précise l'entreprise.
Les appels à la souveraineté stratégique européenne se heurtent aux réalités de court-terme
Cette annonce impliquant un géant américain du secteur tranche avec les déclarations politiques appelant à une Europe souveraine en matière de défense. Fin février, le futur chancelier allemand d'alors, Friedrich Merz, avait affiché comme "priorité absolue" le renforcement de la défense européenne afin que le Vieux continent atteigne "progressivement l'indépendance vis-à-vis des États-Unis". Sur le court-terme, l'Europe fait cependant face à des problématiques en matière d'armement, notamment en matière de capacités de frappes dans la profondeur. Un rapport sur l'artillerie présenté à l'Assemblée nationale fin avril a mis en évidence l'urgence pour l'armée française de reconstituer un équipement de lance-roquettes longue portée insuffisant et vieillissant. Face à des programmes nationaux dont les premières livraison sont espérées à l'horizon 2030, la question d'un recours à des solutions "non-souveraines" n'est ainsi pas exclue.
De son côté, le vice-président International de Lockheed-Martin, Ray Piselli, affirme que cet accord entre son groupe et Rheinmetall "renforcera les industries de défense et créera des emplois à la fois aux Etats-Unis et en Europe". "En approfondissant des liens de confiance avec l'industrie allemand et à travers le continent, nous soutenons la base industrielle de défense européenne", fait valoir pour sa part le directeur Europe du groupe. Cette alliance fait suite à un partenariat lancé dès 2023 entre les deux groupes autour du système de missiles GMARS, afin de répondre à la demande croissante en artillerie de longue portée.
Fin avril, Rheinmetall a annoncé lundi une hausse de son chiffre d'affaires plus importante qu'attendu, dans le contexte du réarmement européen en cours en raison de la guerre en Ukraine. De janvier à mars, Rheinmetall, une des 30 plus grandes entreprises du secteur de l'armement au plan mondial, a réalisé un chiffre d'affaires de 2,3 milliards d'euros, en hausse de 46% sur un an, selon un communiqué de l’entreprise.