POINT HEBDO-Droits de douane, données économiques et résultats au menu des marchés
information fournie par Reuters 11/07/2025 à 12:23

Les droits de douane que le président américain Donald Trump réserve aux économies et marchés du monde entier marqueront une semaine riche en données sur l'inflation aux États-Unis et en Grande-Bretagne, et sur la croissance et les ventes au détail en Chine.

Dans le même temps, la saison des résultats financiers commence des deux côtés de l'Atlantique et les responsables financiers du G20 se préparent à se réunir en Afrique du Sud.

Tour d'horizon des perspectives de marché dans les jours à venir :

1/SOCIÉTÉS AMÉRICAINES VS CAPRICES COMMERCIAUX DE TRUMP

Une donnée cruciale sur l'inflation aux États-Unis donnera à Wall Street des indices sur le moment où la Réserve fédérale américaine (Fed) pourrait procéder à une nouvelle baisse des taux d'intérêt, alors que la saison des résultats du deuxième trimestre débute.

L'indice des prix à la consommation de juin, qui sera publié mardi, devrait afficher une hausse mensuelle de 0,3%, selon un sondage Reuters.

Le compte rendu de la dernière réunion de la Fed en juin montre que seuls "quelques" responsables ont déclaré qu'ils estimaient que les taux d'intérêt pourraient être abaissés dès ce mois-ci, la plupart restant préoccupés par les pressions inflationnistes attendues en raison des droits de douane imposés par Donald Trump.

Les contrats à terme sur les fonds fédéraux indiquent une faible probabilité de baisse des taux lors de la réunion de fin juillet, mais suggèrent qu'un assouplissement est probable en septembre.

L'impact des caprices commerciaux de Donald Trump sera au centre de l'attention avec les comptes financiers des entreprises, qui publieront leurs résultats trimestriels pour la première fois depuis le début de ces guerres douanières. Les grandes banques lanceront la saison des résultats la semaine prochaine, notamment JPMorgan Chase JPM.N , Bank of America

BAC.N et Wells Fargo WFC.N . Netflix NFLX.O , Johnson & Johnson JNJ.N et 3M MMM.N seront aussi au menu.

2/ L'EUROPE SERA-T-ELLE CAPABLE DE MAINTENIR SON OPTIMISME ?

La saison des résultats du deuxième trimestre va également débuter en Europe et risque de peser sur le sentiment.

Aux États-Unis, la situation n'est déjà pas très réjouissante : les bénéfices devraient afficher leur plus faible croissance en deux ans. Selon LSEG I/B/E/S, les bénéfices des entreprises du S&P 500 .SPX devraient augmenter de 5,8% en glissement annuel, ce qui représente un ralentissement marqué par rapport au taux de 14% enregistré au premier trimestre.

En Europe, les bénéfices du STOXX 600 devraient reculer de 0,2% après une croissance de 2,2% au premier trimestre. Les prévisions seront essentielles pour comprendre les répercussions de cette période marquée par les droits de douane et les craintes de nouvelles taxes.

Cela ne se reflète toutefois pas dans les performances du marché, où le S&P 500 atteint des records, tandis que les Bourses européennes, notamment Francfort .GDAXI et Londres

.FTSE , oscillent près de leurs sommets précédents, faisant fi de la forte incertitude ambiante.

3/STIMULER LES DÉPENSES

La reprise fragile des relations entre Donald Trump et le dirigeant chinois Xi Jinping a dû soulager les décideurs politiques de Pékin, leur permettant de se concentrer sur les problèmes économiques domestiques profonds.

Les chiffres du PIB attendus mardi devraient montrer que l'économie continue de progresser au-dessus de l'objectif modéré du gouvernement, qui est d'environ 5%. Mais les chiffres des ventes au détail publiés le même jour devraient confirmer que les consommateurs continuent d'épargner plutôt que de dépenser, ce qui contrecarre les efforts du gouvernement pour orienter l'économie vers la consommation.

Mercredi, Pékin a dévoilé de nouvelles mesures visant à stabiliser l'emploi, notamment davantage de subventions pour l'assurance sociale, des prêts spéciaux et un soutien ciblé pour les jeunes à la recherche d'un emploi.

Avec la réunion du Politburo prévue vers la fin du mois, les espoirs sont grands, comme en témoigne la flambée des actions, quant à l'adoption de nouvelles mesures de relance. Toute faiblesse des données ne ferait qu'alimenter ces spéculations.

4/ UNE SITUATION DÉLICATE

Avec 3,4%, la Grande-Bretagne affiche le taux d'inflation le plus élevé des pays du G7, et les chiffres de l'IPC attendus mercredi révéleront à quel point les pressions sur les prix sont persistantes.

Un accord sur les droits de douane américains moins sévère que prévu et un renforcement de la livre sterling pourraient aider la Grande-Bretagne à absorber tout impact inflationniste. En ce qui concerne les consommateurs britanniques, la croissance régulière des salaires a dépassé les 5% pendant la majeure partie des cinq dernières années.

Jusqu'à présent, tout va bien.

Mais ...

La charge fiscale est la plus élevée depuis les années 1940 et la croissance des salaires réels, corrigée de l'inflation, ralentit, n'augmentant que de 1,5%, son taux le plus bas depuis près de deux ans.

Les données publiées vendredi ont montré que l'économie s'est contractée pour le deuxième mois consécutif en mai, ce qui n'est pas une bonne nouvelle pour la ministre des Finances Rachel Reeves, qui prononcera son discours annuel à Mansion House aux côtés du gouverneur de la Banque d'Angleterre Andrew Bailey le 15 juillet, ni pour les ménages et les entreprises britanniques.

5/UN TEST SUR LA PERTINENCE

Les ministres des Finances et les banquiers centraux du G20 se réunissent à Durban à partir de jeudi sous la présidence sud-africaine, alors que des questions se multiplient quant à l'efficacité du groupe face à la stagnation des négociations sur l'allègement de la dette, le financement de la lutte contre le changement climatique et l'accès des pays en développement aux capitaux.

Les domaines prioritaires de l'Afrique du Sud ont connu des progrès très lents. La Commission sur le coût du capital manque de soutien officiel et le Partenariat pour une transition énergétique juste, une collaboration entre les pays riches visant à aider les pays en développement à passer à des énergies plus propres, peine à avancer.

Le secrétaire américain au Trésor, Scott Bessent, ne participera pas à la réunion, pour la deuxième fois, afin d'assister à l'Exposition universelle 2025 au Japon.

Les BRICS, ainsi que d'autres forums alternatifs, tentent de combler une partie du vide, bien que les États-Unis aient critiqué ses initiatives concernant les paiements en monnaie locale, les qualifiant d'"anti-américaines".

(Rédigé par Colleen Goko à Johannesburg, Kevin Buckland à Singapour, Lewis Krauskopf à New York et Lucy Raitano et Amanda Cooper à Londres, infographie de Vineet Sachdev, compilé par Karin Strohecker ; Mara Vîlcu pour la version française, édité par Kate Entringer)