Ouverture du premier procès civil contre Boeing lié au crash d'un 737 MAX 8 en 2019
information fournie par AFP 03/11/2025 à 22:23

Des experts médico-légaux sur le site du crash de l'avion Boeing 737 MAX de la compagnie Ethiopian Airlines , dans le village de Hama Quntushele, près de Bishoftu, dans la région d'Oromia, le 15 mars 2019 en Ethiopie ( AFP / TONY KARUMBA )

Le premier procès au civil du constructeur aéronautique Boeing pour le crash d'un 737 MAX 8 a commencé lundi devant un tribunal de Chicago, pour examiner deux plaintes de proches de passagers du vol d'Ethiopian Airlines qui s'est écrasé en mars 2019 peu après son décollage d'Addis Abeba.

L'avionneur américain était parvenu à éviter quatre procès précédemment programmés devant le juge Jorge Alonso, qui centralise toutes les plaintes civiles déposées à la suite de cet accident, en concluant un accord financier parfois in extremis. Mais pas cette fois.

Le procès a commencé à 8H30 heures locales (14H30 GMT).

Il doit durer une dizaine de jours devant huit jurés, qui doivent être choisis mardi matin parmi cinquante habitants de trois Etats (Illinois, Wisconsin, Indiana), a expliqué lundi à l'AFP une source proche du dossier, précisant que les propos d'ouverture des avocats débuteraient dans la foulée.

Chaque camp disposera de 90 minutes: 45 minutes pour chaque plaignant, et 90 minutes pour l'avionneur.

Le 10 mars 2019, un Boeing 737 MAX 8 effectuant le vol ET302 d'Ethiopian Airlines entre Addis Abeba et Nairobi s'est écrasé au sud-est de la capitale éthiopienne six minutes après le décollage, tuant les 157 personnes à bord originaires de 35 pays.

Des proches de 155 victimes ont déposé plainte contre Boeing entre avril 2019 et mars 2021 pour mort injustifiée et négligence, entre autres. A ce stade, il en reste onze encore ouvertes.

Pour simplifier la procédure, le juge a constitué des groupes de cinq à six plaintes et a fixé, pour chaque groupe, une date de procès. Si toutes les plaintes d'un groupe aboutissent à un accord à l'amiable, le procès est annulé.

Une transaction hors tribunal est possible même pendant le procès, qui a simplement vocation à déterminer le montant de l'indemnisation des proches.

Deux dossiers - Shikha Garg, 36 ans et habitant New Delhi, et Mercy Ndivo, Kényane de 28 ans - étaient programmés lundi.

Selon la source proche du dossier, des proches de victimes se trouvaient dans la salle d'audience lundi matin et "ont été présentées au groupe de jurés potentiels par le juge".

- Accord éloigné -

En audience publique préparatoire au procès le 29 octobre, l'avocat principal de Boeing, Dan Webb, avait indiqué que les positions étaient "très éloignées" pour envisager un quelconque accord avant l'ouverture du procès.

Des familles de victimes du crash du Boeing 737 MAX 8 d'Ethiopian Airlines manifestent alors que le PDG de Boeing s'apprête à témoigner devant la commission sénatoriale du commerce, des sciences et des transports, le 2 avril 2025 à Washington ( Getty / WIN MCNAMEE )

"Nous anticipons que les deux affaires prévues (Garg et Ndivo, NDLR) vont être examinées comme prévu lundi", avait abondé Robert Clifford, avocat principal de l'affaire Ndivo et qui a représenté les proches de 68 victimes.

D'après le cabinet Clifford, Shikha Garg était consultante pour un programme de développement des Nations unies et se rendait, comme beaucoup de victimes, à l'Assemblée des Nations unies pour l'environnement (ANUE) à Nairobi.

Le 29 octobre, ses avocats ont indiqué qu'elle était en début de grossesse.

D'après le Times of India, elle s'était mariée trois mois auparavant et devait voyager avec son mari, qui a dû annuler son billet pour un rendez-vous professionnel. Elle avait participé aux négociations de l'accord de Paris en 2015.

Mercy Ndivo et son mari, qui voyageait avec elle, étaient parents d'une fillette de quasiment huit ans aujourd'hui. La jeune femme retournait à Londres pour la cérémonie de remise de son master de comptabilité.

L'avionneur a accepté la responsabilité de l'accident car "la conception du (logiciel antidécrochage) MCAS a contribué à ces événements".

Ce logiciel est aussi impliqué dans l'accident d'un 737 MAX 8 de la compagnie indonésienne Lion Air, tombé en mer le 29 octobre 2018 une dizaine de minutes après son décollage de Jakarta, tuant 189 personnes.

Plusieurs dizaines de plaintes civiles ont été déposées aux Etats-Unis après cet accident. Une seule reste ouverte.

"Nous sommes profondément désolés pour ceux qui ont perdu des êtres chers" dans ces accidents, a commenté Boeing lundi. "Nous avons immédiatement pris l'engagement de compenser complètement et équitablement" ces proches "et nous avons accepté la responsabilité juridique de ces accidents".

Un Boeing 737 MAX à l'usine de l'avionneur américain à Renton (nord-ouest des Etats-Unis), le 11 mars 2019 ( GETTY IMAGES NORTH AMERICA / STEPHEN BRASHEAR )

Selon l'avionneur, plus de 90% des plaintes civiles liées aux deux crashs ont abouti à des ententes hors tribunal.

Il avait précisé auparavant avoir versé "plusieurs milliards de dollars", en plus des sommes allouées lors d'une procédure pénale devant un tribunal fédéral de Fort Worth (Texas).

Dans ce volet, portant sur les deux accidents, Boeing et le ministère de la Justice attendent la décision du juge Reed O'Connor de valider ou non l'accord mettant définitivement fin aux poursuites, annoncé le 23 mai. C'est le troisième qui lui est soumis depuis 2021.