"On parle à un mur" : le Medef soutient Bernard Arnault qui menace de délocaliser aux États-Unis face la surtaxe d'impôt sur les sociétés
information fournie par Boursorama avec Media Services 30/01/2025 à 10:21

La classe politique "n'écoute même pas" ses mises en garde sur les risques économiques, a déploré le patron de l'organisation patronale.

Patrick Martin à Paris, le 4 octobre 2024. ( AFP / THOMAS SAMSON )

Face aux choix économiques d'un gouvernement "très loin de nos réalités", le président du Medef Patrick Martin a soutenu jeudi 30 janvier le PDG de LVMH Bernard Arnault, qui a menacé de délocaliser aux États-Unis pour échapper à la surtaxe d'impôt sur les sociétés prévue pour aider à résorber le déficit français.

"Il a évidemment raison, comme d'autres grands chefs d'entreprises qui se sont exprimés dans le même sens sur la fiscalité", a considéré Patrick Martin sur RTL . Bernard Arnault a déclaré mardi que la surtaxe d'impôt sur les sociétés, qui doit frapper à hauteur de 8 milliards d'euros les grandes entreprises cette année, "poussait à la délocalisation", notamment aux États-Unis .

"L'incompréhension tourne à la colère" parmi les adhérents du Medef, selon Patrick Martin, et "les conséquences, c'est que ceux qui peuvent partir partent. Et ils ont raison".

"Quand vous avez un pays qui a de la croissance, des conditions attractives en termes de prix de l'énergie, de fiscalité, vous y allez, c'est normal", a relevé le président du Medef. "Au mois d'août, j'ai tiré le signal d'alarme, en disant qu'on va être en récession au quatrième trimestre, l'emploi va se dégrader : la classe politique, dans son immense majorité, n'a rien entendu (...), ils n'écoutent même pas", a-t-il déploré.

"On veut des vraies réformes structurelles"

"On veut des vraies réformes structurelles", a-t-il soutenu, critiquant au passage l'abandon programmé de 4.000 suppressions de postes dans l'Éducation nationale, car cela aboutit à "préserver l'administration".

Alors que le chômage remonte et que l'Insee a annoncé jeudi un recul de 0,1% du PIB au quatrième trimestre, Patrick Martin a estimé qu'il y a "urgence à ce que nos décideurs politiques se ressaisissent et comprennent ce qui se passe à travers le monde".

"On parle à un mur", a-t-il regretté, égratignant au passage le ministre de l'Économie Eric Lombard, "qui fait ses meilleurs efforts mais dont les chefs d'entreprises se disent qu'il est très loin de nos réalités" .

Concernant le financement de la protection sociale, Patrick Martin s'est dit "bien sûr" favorable à la mise en place d'une TVA sociale, consistant notamment à diminuer les cotisations patronales en augmentant le taux de TVA, puis à affecter les recettes correspondantes à la Sécurité sociale. "Ça fait partie de ces nombreux tabous dans le débat public, alors qu'en off, beaucoup savent que c'est ça la solution", a-t-il assuré.