(Actualisé avec Wall Street et clôture des marchés européens)
* Les Bourses européennes clôturent en forte baisse
* Les banques ont particulièrement souffert
* Wall Street limite les dégâts
* La livre sterling secouée et affaiblie
LONDRES/PARIS, 24 juin (Reuters) - Les Bourses ont fortement
reculé vendredi à travers le monde après le choc provoqué par le
vote des Britanniques en faveur d'une sortie de l'Union
européenne, qui a fait dévisser la livre sterling et secoue
l'ensemble des marchés mondiaux.
La saignée a été générale en Europe, tous les secteurs étant
affectés, et en premier lieu les banques, dont l'indice
sectoriel Stoxx .SX7P a plongé de 14,28%. A l'inverse, les
investisseurs se sont rués sur les valeurs refuges comme les
obligations d'Etat allemandes, le yen, le franc suisse ou l'or.
Le choc est tel qu'il pourrait contraindre la Banque
centrale européenne (BCE) à assouplir de nouveau sa politique
monétaire dans les mois à venir et la Réserve fédérale
américaine à renoncer à ses projets de hausse des taux cette
année.
À Paris, l'indice CAC 40 .FCHI a terminé la journée en
baisse de 8,04% à 4.106,73 points, après un plus bas à 4.007,97.
À Francfort, le Dax .GDAXI a cédé 6,82% alors qu'à Londres, le
FTSE-100 .FTSE abandonnait 3,15%. A Milan, la baisse a dépassé
12%, la plus forte baisse jamais subie par le marché italien.
Après avoir dégringolé dès les premiers échanges, les grands
indices ont regagné du terrain dans l'après-midi après
l'ouverture de Wall Street, dont le recul reste relativement
limité. Au plus bas, le "Footsie" londonien perdait 8,67%.
Au moment de la clôture en Europe, le Dow Jones .DJI
affichait une baisse de 2,5%.
L'indice EuroStoxx 50 de la zone euro .STOXX50E a quant à
lui perdu 8,62% et le FTSEurofirst 300 .FTEU3 6,36%.
L'onde de choc est mondiale puisque la Bourse de Tokyo a
perdu près de 8%.
Les banques britanniques ont été les premières touchées avec
des plongeons de 17,7% pour Barclays BARC.L , 21% pour Lloyds
LLOY.L et 18,04% pour Royal Bank of Scotland RBS.L . Leurs
homologues de la zone euro ont également souffert avec des
reculs compris entre 14% et 23% pour les françaises BNP Paribas
BNPP.PA et Société générale SOGN.PA , l'allemande Deutsche
Bank DBKGn.DE , l'espagnole Banco Santander SAN.MC ou encore
l'italienne Intesa Sanpaolo ISP.MI .
Selon l'opérateur Bats Europe, les volumes de transactions
sur les marchés actions européens atteignaient 90,5 milliards
d'euros à 13h45 GMT, près du double de la moyenne enregistrée
sur la période récente.
"RETOUR VERS LE FUTUR"
Mais c'est la livre sterling qui a été la plus éprouvée. Au
terme d'une séance sans précédent en terme de volatilité, la
devise britannique plongeait vers 15h30 GMT de 8,5% face au
billet vert GBP= , à 1,3635 dollar, après être tombée à 1,3232,
au plus bas depuis septembre 1985.
La devise britannique était montée jusqu'à 1,5022 dollar
dans la nuit lorsque les premiers sondages donnaient le camp du
maintien vainqueur, avant de plonger de 18 cents, de loin la
plus forte dégringolade jamais observée.
"Nous avons assisté à une baisse de 10% en six heures. C'est
tout simplement exceptionnel", a commenté Nick Parsons,
responsable de la stratégie sur le marché des changes chez NAB à
Londres.
L'euro est aussi malmené face au dollar en raison des doutes
qui émergent pour l'avenir de la construction européenne et il
perd près de 2,4% à 1,1115 dollar EUR= .
Pour tenter de rassurer les investisseurs, les principales
banques centrales de la planète ont réaffirmé être prêtes à
fournir des liquidités en cas de besoin.
La Banque nationale suisse (BNS) a annoncée être intervenue
pour freiner l'envolée du franc suisse, dopé par son statut de
valeur refuge.
Le yen est quant à lui passé sous les 100 yens pour un
dollar pour la première fois depuis fin 2013 avant de revenir
aux alentours de 102,25, alors qu'il évoluait auparavant à
106,81.
Le vote britannique a également provoqué des tensions sur le
marché des dettes souveraines de la zone euro, avec un
creusement des écarts de rendement entre les obligations des
pays jugés sûrs, comme l'Allemagne ou la France, et celles des
pays du Sud comme le Portugal, l'Espagne ou l'Italie.
Le rendement de l'emprunt à 10 ans de l'Allemagne
DE10YT=TWEB est tombé à un nouveau plus bas historique de
-0,169%, une baisse d'une ampleur inédite depuis le paroxysme de
la crise de la dette dans la zone euro, en 2012.
Les obligations du Trésor américain attirent également les
investisseurs et le rendement à 10 ans des Treasuries
US10YT=RR a chuté de plus de 30 points de base jusqu'à 1,406%,
plus très loin de son record de 1,38%.
Les marchés des matières premières ne sont pas épargnés, un
Brexit étant considéré comme un frein majeur à la croissance de
l'économie mondiale.
Les cours du pétrole perdent plus de 4%, le Brent de la mer
du Nord LCOc1 revenant sous les 49 dollars le baril.
L'or XAU= gagne en revanche près de 5%, aux alentours de
1.318 dollars l'once.
(John Geddie et Marc Jones, Bertrand Boucey pour le service
français, édité par Marc Angrand)