La valeur du jour à Paris - LVMH chute : essoufflement de la demande des consommateurs information fournie par AOF 15/04/2025 à 12:04
(AOF) - LVMH (-7,16% à 492,15 euros) enregistre la plus forte baisse de l'indice CAC 40 après l’annonce hier soir d’un repli inattendu des ventes en données comparables au premier trimestre 2025. Le numéro un mondial du luxe a même perdu un moment ce matin sa couronne de plus importante capitalisation du secteur au profit de son concurrent, Hermès (-0,51%). Ces chiffres confirment le ralentissement de la croissance du secteur : les autres valeurs du luxe sont sous pression : Kering (-2,16%), Hermès (-0,13%), L'Oréal (-1,68%), Richemont (-0,77%), Moncler (-1,21%).
Déception à tous les étages
Sur les trois premiers mois de cette année, le chiffre d'affaires de LVMH s'élève à 20,311 milliards d'euros, soit un repli de 2% en données publiées et de 3% en données comparables. Les analystes tablaient sur des revenus en hausse de 2% en données comparables. Toutes les divisions ont affiché des performances décevantes.
Dans le détail, les ventes de LVMH dans le segment Mode et Maroquinerie ont reculé de 5% en organique sur ce premier trimestre à 10,10 milliards d'euros. Les analystes anticipaient une baisse de seulement 1% pour la plus importante division du groupe : elle a représenté près de 78% du résultat opérationnel courant du groupe en 2024. Le groupe français a mis en cause un effet de base défavorable en raison de la forte croissance des achats au Japon au premier trimestre 2024.
Rapportant les commentaires du directeur financier du groupe, Morgan Stanley précise que la dégradation de la tendance pour cette division par rapport au quatrième trimestre s'explique en particulier par la baisse des achats des touristes chinois au Japon.
UBS note que l'activité de cette division est retombée à son niveau du troisième trimestre 2024 alors que de nombreux investisseurs s'attendaient à ce que cette dernière période représente le point bas des revenus pour ces métiers.
Les activités Parfums et Cosmétiques et celles des Montres et Joaillerie ont reculé de 1% sur cette période.
En outre, la société présidée par Bernard Arnault a subi dans le segment Vins et Spiritueux une baisse de 9% de ses ventes en organique à 1,305 milliard d'euros sur ce premier trimestre. L'activité Champagne est en léger recul dans un contexte de normalisation continue de la demande. Le cognac est pénalisé par une demande plus faible en Chine et aux Etats-Unis.
Suite à la performance décevante de LVMH sur cette activité, les valeurs du secteur des vins et des spiritueux se replient : Pernod Ricard perd 2,67% et Rémy Cointreau cède 1,96%.
Déclin des ventes en Apac et aux Etats-Unis
Réagissant à ce repli des ventes trimestrielles, Morgan Stanley parle d'un début en demi-teinte : "Bien que la région APAC (hors Japon) ait été à peu près stable en séquentiel de -10% à -11%, la détérioration au Japon a été relativement importante, de +8% au quatrième trimestre 2024 à -1% au premier trimestre 2025. " Ces chiffres reflètent probablement un ralentissement des ventes aux ressortissants chinois dans le monde entier ", explique l'analyste.
La banque américaine précise que le "deuxième delta" le plus important est celui des États-Unis, qui a décéléré séquentiellement de +3% au quatrième trimestre 2024 à -3% au premier trimestre 2025.
De son côté, RBC estime que la performance décevante du segment Mode et Maroquinerie devrait amplifier les inquiétudes du secteur. La banque canadienne considère que "ces résultats de LVMH confirment des tendances plus faibles que prévu dans toutes les divisions. Ils auront probablement également un impact négatif sur l'ensemble du secteur du luxe à court terme".
AlphaValue fait savoir que "la performance de LVMH a été notamment impactée par un ralentissement des achats chinois au Japon, des tendances de consommation inégales en Chine continentale (Nouvel An chinois vigoureux, suivi d'un ralentissement) et une demande plus faible aux États-Unis pour le cognac et les produits de beauté". Le bureau d'études ajoute qu'aucune amélioration des marges de LVMH n'est attendue au premier semestre 2025 par rapport au premier semestre 2024.
En dépit d'un recul de ses ventes sur ce premier trimestre, le géant du luxe dit avoir " fait preuve d'une bonne résistance et poursuivi sa forte dynamique d'innovation, dans un contexte géopolitique et économique perturbé".