François Hollande : "Nous faisons comme si Total était encore la France" information fournie par Boursorama avec Media Services 28/05/2024 à 12:58
Auditionné au Sénat, l'ancien chef de l'Etat a relativisé le poids du pouvoir politique sur l'énergéticien français, à l'heure où les sénateurs planchent sur les moyens "mobilisés et mobilisables par l’État" pour assurer la prise en compte et le respect par le groupe de ses engagements climatiques et des orientations de la France en matière de politique étrangère.
"Ces grandes compagnies se sont émancipées des Etats !". Face à la commission d'enquête sénatoriale sur TotalEnergies , François Hollande a relativisé lundi 27 mai le poids de l'Etat et sa diplomatie sur le géant français de l'énergie, alors que son président Patrick Bouyanné a dû démentir les rumeurs sur la cotation principale du groupe.
"Logique de développement"
Devant les sénateurs, l'ancien président de la République a acté la "logique propre" des grandes entreprises, détachée du carcan étatique de l'après-guerre. "Contrairement à ce qui pouvait se passer dans les années 60, 70, 80, où l'implication (de l'Etat ndlr) pouvait être réelle (...), avec un Etat qui voulait garder ses positions héritées d'un passé colonial, ces compagnies ont ont leur propre logique de développement. Qu'on peut critiquer, qu'on peut laisser faire, mais qui ont une logique" , a détaillé le chef de l'Etat, évoquant notamment le cas de l'ancienne Compagnie française des pétroles (CFP), créée à l'époque en 1924 pour défendre les intérêts énergétiques français au Moyen-Orient.
Interrogé sur les moyens que pourraient avoir l'Etat d'influer sur la ligne directrice du groupe, notamment sur les questions climatiques, François Hollande constate le changement de donne. "L'Etat n'a jamais participé, sous mon autorité, à une forme de diplomatie qui faisait que Total, si tant est que Total en aurait eu besoin, devait être appuyé pour obtenir telle ou telle exploration ou investissement. Ces grandes compagnies pétrolières se sont émancipées des Etats!", abonde t-il.
"Nous faisons comme si c'était encore la France"
"Sur Total, nous raisonnons comme si, - et nous avons raison- Total était une entreprise française. Mais "la vérité nous oblige", ajoute t-il, face à "une entreprise qui a 40 à 45% de son actionnariat américain, qu'il y a à peine 20 à 25% d'actionnaires français, et que cette entreprise est à taille mondiale, en concurrence avec d'autres". "Nous faisons comme si c'était encore la France", et "j'espère que son président lui, pense que c'est encore la France" a t-il ajouté au sujet de la rumeur d'un déménagement de la cotation principale du groupe à New York, balayée catégoriquement par Patrick Pouyanné.
Les travaux de la commission d'enquête sur TotalEnergies portent sur "les moyens mobilisés et mobilisables par l’État pour assurer la prise en compte et le respect par le groupe TotalEnergies des obligations climatiques et des orientations de la politique étrangère de la France". Les auditions, entamées le 25 janvier dernier, doivent s'achever au plus tard le 14 juin prochain