Boeing "déçu" du 4e rejet de son offre par des grévistes d'usines d'engins militaires
information fournie par Boursorama avec AFP 27/10/2025 à 08:26

( POOL / BENOIT TESSIER )

Les adhérents du syndicat des machinistes (IAM), en grève depuis le 4 août dans plusieurs usines militaires de Boeing aux Etats-Unis, ont rejeté dimanche pour la quatrième fois une proposition d'accord social sur cinq ans, l'avionneur américain se disant "déçu".

Sans donner le résultat du vote qui s'est déroulé dimanche matin, la branche syndicale IAM-District 837 a annoncé dans un communiqué que les plus de 3.200 grévistes avaient rejeté la dernière offre en date de Boeing, "envoyant un message clair selon lequel l'entreprise n'a pas réglé les principales priorités" des ouvriers.

"Nous sommes déçus par le résultat du vote", a réagi le groupe dans un bref communiqué, estimant que les commentaires du syndicat étaient "trompeurs car le vote a échoué avec la marge la plus faible, 51% à 49%".

"Avec un résultat aussi étroit et les propos d'employés qui envisagent de plus en plus franchir le piquet de grève, il est clair que beaucoup comprennent la valeur de notre offre", a précisé la direction, indiquant se concentrer sur "la prochaine phase" de son plan de gestion de crise en cas de grève.

Boeing a activé ce plan le 4 septembre, et lancé le recrutement d'ouvriers "permanents" pour remplacer les grévistes.

Début octobre, la deuxième phase a été engagée: élargissement des catégories d'emplois concernées par ces recrutements et identification des tâches pouvant être effectuées "plus efficacement" par des sous-traitants.

Mais "Boeing n'a pas été en mesure de trouver des ouvriers avec les compétences et l'expérience de nos membres, et les livraisons du groupe continuent d'être retardées en conséquence", a répliqué le syndicat dans un message à ses adhérents dimanche soir, assurant de leur "unité" malgré un vote "serré" et réclamant "un accord équitable pour tous".

La grève dure depuis 83 jours.

L'offre amendée avait été annoncée mercredi à l'issue de plusieurs jours de négociations, sous l'égide d'une médiation fédérale.

- "Insulte" -

"Malheureusement, (...), les dirigeants de l'IAM refusent de vous permettre de voter sur cette offre et d'avoir la chance de mettre un terme à la grève", avait affirmé mercredi Dan Gillian, responsable de la branche Boeing Air Dominance, dans un message adressé aux grévistes, assurant qu'en cas d'approbation, le travail pourrait reprendre d'ici mardi.

Il avait vanté le paquet de mesures proposées: hausse générale de salaires (+45% en moyenne sur les cinq ans du contrat), primes diverses, octroi d'actions, améliorations de la couverture santé et des cotisations pour la retraite, augmentation des congés.

Selon Boeing, la hausse salariale représente de 75.000 à 109.000 dollars sur cinq ans.

La direction du syndicat a finalement accepté jeudi de soumettre dimanche cette offre à ses adhérents, dont le feu vert est nécessaire pour que l'accord entre en vigueur, et ainsi mettre fin à la grève.

"Boeing affirme qu'il a écouté ses employés - le résultat d'aujourd'hui prouve que ce n'est pas le cas", a commenté Brian Bryant, président de l'IAM International, cité dans le communiqué syndical, estimant que la proposition était une "insulte" envers les employés.

Depuis le 4 août, environ 3.200 employés de sites à St. Louis et St. Charles dans le Missouri, et à Mascoutah dans l'Illinois, ont cessé le travail. Sont notamment fabriqués dans ces usines les avions de combat F-15 et F-18, l'appareil de formation des pilotes T-7 Red Hawk, ainsi que le drone MQ-25.

Les négociateurs du groupe et du syndicat sont déjà tombés d'accord à plusieurs reprises depuis l'été sur un projet de contrat social mais les adhérents ont systématiquement voté "non" (27 juillet, 3 août, 12 septembre et, désormais, 26 octobre).

En septembre, les adhérents du syndicat avaient élaboré et pré-ratifié leur propre offre mais elle a été rejetée par l'avionneur.

Beaucoup de grévistes ont pris un autre emploi pour subvenir à leurs besoins pendant cet arrêt de travail, l'aide financière versée par le syndicat étant assez réduite.