Allemagne-Le Bundestag donne son feu vert à une réforme du frein à l'endettement
information fournie par Reuters 18/03/2025 à 18:04

(Actualisé avec déclarations d'Ursula von der Leyen et analyste de Deutsche Bank)

par Sarah Marsh et Andreas Rinke

Le Bundestag a approuvé mardi une réforme historique du frein à l'endettement et la création d'un fonds d'infrastructure de 500 milliards d'euros, mettant ainsi fin à des décennies de conservatisme budgétaire en Allemagne dans l'espoir de relancer la croissance économique et de soutenir les dépenses militaires du pays.

Le feu vert de la chambre basse du Parlement sortant est un atout majeur pour le dirigeant conservateur Friedrich Merz, probable futur chancelier allemand, qui disposera de centaines de milliards d'euros pour stimuler l'investissement après deux années consécutives de contraction de la plus grande économie européenne.

Le vote intervient alors que l'Allemagne et d'autres nations européennes sont sous pression pour renforcer leurs armées face à une Russie hostile et aux bouleversements provoqués par le retour à la Maison blanche de Donald Trump, qui a exhorté l'Union européenne (UE) à dépenser davantage pour la sécurité du continent.

"C'est une excellente nouvelle car cela envoie un message très clair, un message très clair aussi à l'Europe, à savoir que l'Allemagne est déterminée à investir massivement dans la défense", a déclaré la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, en visite mardi à Copenhague.

L'Union chrétienne-démocrate (CDU) de Friedrich Merz, le Parti social-démocrate (SPD) et les Verts étaient parvenus vendredi dernier à un accord sur la réforme du "frein à l'endettement", qui a imposé depuis 2009 un limite à l'endettement structurel du pays à 0,35% du PIB.

La CDU et le SPD, qui négocient la formation d'un gouvernement après la victoire des conservateurs lors des élections législatives de février, avaient également proposé la création d'un fonds de 500 milliards d'euros sur 12 ans pour les infrastructures.

Ces plans mettent fin à une politique d'austérité qui dure depuis plusieurs décennies et qui a été jugée en grande partie responsable des récentes difficultés économiques de l'Allemagne.

La perspective de voir ces plans approuvés a poussé à la hausse les rendements de la zone euro, la monnaie unique et les Bourses européennes ces dernières semaines.

L'indice Dax .GDAXI allemand a gagné 1,03% mardi, les opérateurs estimant que la réforme et le fonds d'infrastructure soutiendront l'activité en Allemagne et pour ses partenaires européens.

"Pendant au moins une décennie, nous avons éprouvé un faux sentiment de sécurité", a déclaré mardi Friedrich Merz devant les députés de la chambre basse du Parlement avant le vote.

"La décision que nous prenons aujourd'hui sur la préparation à la défense (...) ne peut être rien de moins que le premier grand pas vers une nouvelle communauté européenne de défense", a-t-il ajouté.

Les projets doivent encore être soumis vendredi à la chambre haute du Parlement, le Bundesrat, qui représente les 16 Länder allemands.

Les économistes soulignent toutefois que d'autres réformes sont nécessaires, par exemple pour réduire la bureaucratie, afin de garantir une croissance durable de la première économie de la zone euro.

"Selon nous, il s'agit d'une réforme historique du régime budgétaire, sans doute la plus importante depuis la réunification de l'Allemagne", a déclaré Robin Winkler, économiste en chef pour l'Allemagne chez Deutsche Bank Research.

"Cependant, comme pour la réunification, une expansion budgétaire ne garantit pas le succès : le prochain gouvernement devra mettre en place des réformes structurelles pour transformer ce paquet budgétaire en une croissance durable", a-t-il ajouté.

Mardi, l'agence de notation Fitch a averti que l'Allemagne pourrait voir sa note de crédit AAA menacée si les vastes projets de dépenses ne sont pas compensés par des mesures de consolidation ou s'ils ne parviennent pas à redresser durablement l'économie allemande.

(Reportage Sarah Marsh, Andreas Rinke, Holger Hansen, Madeline Chambers, Matthias Williams, Louise Breusch Rasmussen et Alexander Ratz ; rédigé par Sarah Marsh and Matthias Williams; version française Diana Mandiá, édité par Blandine Hénault et Kate Entringer)