Aller au contenu principal Activer le contraste adaptéDésactiver le contraste adapté
Fermer

Viktor Orban, victime collatérale des élections en Roumanie
information fournie par AFP 19/05/2025 à 16:10

Le Premier ministre hongrois Viktor Orban à Tirana le 16 mai 2025 ( AFP / Ludovic MARIN )

Le Premier ministre hongrois Viktor Orban à Tirana le 16 mai 2025 ( AFP / Ludovic MARIN )

Persuadé qu'il allait gagner, le Premier ministre hongrois Viktor Orban avait apporté son soutien tacite au candidat d'extrême droite George Simion à la présidentielle en Roumanie. Problème: il s'est mis à dos la puissante minorité hongroise de ce pays voisin et a perdu son pari.

C'est le candidat pro-européen Nicusor Dan qui a gagné dimanche avec le soutien massif des Magyars (Hongrois), comme dans le département de Harghita, en Transylvanie, qui lui a offert son plus beau score national (plus de 90%).

Dans une Europe centrale aux frontières mouvantes au cours de l'histoire, un million de Hongrois peuplent cette région.

Choyés depuis 2010 par un Viktor Orban en quête des suffrages des binationaux, ils ont été stupéfaits dans l'entre-deux-tours quand ils ont entendu leur protecteur louer leur pire ennemi, George Simion.

Car le chef du parti nationaliste AUR prône leur assimilation et leur nie tout droit spécifique.

En 2019, il a même été impliqué dans des affrontements autour d'un cimetière militaire austro-hongrois de la Première guerre mondiale à Valea Uzului, l'incident interethnique le plus violent en Roumanie depuis plusieurs décennies.

Le Premier ministre Viktor Orban lors de l'université d'été de Baile Tusnad, en Transylvanie roumaine, le 27 juillet 2024 ( AFP / Daniel MIHAILESCU )

Le Premier ministre Viktor Orban lors de l'université d'été de Baile Tusnad, en Transylvanie roumaine, le 27 juillet 2024 ( AFP / Daniel MIHAILESCU )

M. Simion réclame l'interdiction du parti représentant cette minorité, le RMDSZ, qu'il a qualifié de "terroriste ethnique" parce qu'il militait pour une plus grande autonomie. Et ce dernier le lui a bien rendu, en appelant à le faire battre.

- "Anti-Hongrois à l'excès" -

Avant ce spectaculaire revirement, le Premier ministre hongrois était sur la même ligne hostile, ignorant les appels du pied d'un George Simion se présentant en "Orban roumain".

Son parti, le Fidesz, refusait l'année dernière encore de siéger au Parlement européen dans le même groupe que la formation AUR de George Simion, jugée "anti-hongroise à l'excès".

A son retour au pouvoir en 2010, M. Orban a distribué aux Magyars roumains des passeports et l'argent coule à flot depuis pour rénover les écoles, construire des stades et s'attirer les faveurs de ce bassin électoral crucial.

"La menace pesant sur nos droits en tant que minorité prime sur tout le reste", explique à l'AFP Szilard Simon, économiste de 49 ans originaire de Harghita. "Alors pour nous, il était impensable de soutenir George Simion".

Le dirigeant hongrois "a raté son coup" selon lui, sa prise de position ayant eu un effet boomerang alors que les Magyars se sont déplacés nombreux aux urnes pour contrer le candidat nationaliste.

"L'entourage d'Orban a sans doute pensé" que cet ancien hooligan était "déjà élu", estime l'expert Nandor Bardi, du centre de recherche HUN-REN. "Perçu par beaucoup comme un visionnaire charismatique, son image en a pris un coup", dit-il du Premier ministre hongrois.

Même s'il a tenté de limiter les dégâts par la suite en se fendant d'un coup de fil au chef du RMDSZ, Hunor Kelemen.

- "Traître" -

"Le rejet a été général", s'émeut Laszlo Tokes, une personnalité importante chez les Hongrois de Roumanie: il a joué un rôle important dans la chute du régime communiste de Nicolae Ceausescu.

Viktor Orban s'est "trop précipité" et a fait passer ses ambitions en politique européenne avant les intérêts de ses compatriotes à l'étranger, ce qui pose un "gros problème", dit à l'AFP cet ancien élu du Fidesz et vice-président du Parlement européen.

Le chef du parti d'extrême droite roumain AUR, George Simion, casquette rouge en hommage à Donald Trump à la main, le 15 novembre au Parlement de Bucarest ( AFP / Daniel MIHAILESCU )

Le chef du parti d'extrême droite roumain AUR, George Simion, casquette rouge en hommage à Donald Trump à la main, le 15 novembre au Parlement de Bucarest ( AFP / Daniel MIHAILESCU )

"Lutte pour le christianisme et la souveraineté", mépris pour les "bureaucrates de Bruxelles", opposition à l'aide pour l'Ukraine et admiration pour le président américain Donald Trump... Viktor Orban a cependant préféré ne retenir que ses points de convergence avec George Simion.

Sans penser aux législatives à venir en Hongrie au printemps 2026, où il est sérieusement menacé par un nouvel opposant.

Celui-ci, Peter Magyar, a sauté sur l'occasion pour qualifier Viktor Orban de "traître", espérant attirer ses compatriotes habitant en Roumanie, à qui on a "craché au visage".

Il s'est lancé dans une médiatique marche de 300 km pour aller à leur rencontre et tenter de les persuader qu'il sera plus à même de les protéger.

"Ils ont bien vu qu'on en avait qu'après leur vote mais qu'on ne ne souciait pas tellement de leur sort", a-t-il déclaré.

Il reste encore du temps et Laszlo Tokes pense que les Hongrois de Roumanie n'oublieront pas tout ce que Viktor Orban a fait pour eux. Mais "cet épisode ne va pas l'aider", juge-t-il.

2 commentaires

  • 18:01

    il y a des limites à l' achat des voix . Les électeurs ne sont certainement pas aussi bête que le pense les politiques ,ça rassure un peu .


Signaler le commentaire

Fermer

A lire aussi

  • Manifestation de victimes de Joël Le Scouarnec devant le tribunal de Vannes (Morbihan), le 19 mai 2025 ( AFP / Damien MEYER )
    information fournie par AFP 19.05.2025 22:27 

    Comment Joël Le Scouarnec, condamné dès 2005 pour infraction pédocriminelle, a-t-il pu continuer à être chirurgien et à faire impunément des victimes? D'anciens responsables des institutions médicales ont été pressés de questions lundi par la cour criminelle du ... Lire la suite

  • Des déplacés palestiniens se rassemblent pour collecter des repas gratuits auprès d'une association caritative à Jabalia, dans le nord de la bande de Gaza, le 19 mai 2025  ( AFP / Bashar TALEB )
    information fournie par AFP 19.05.2025 21:55 

    Israël a annoncé lundi son intention de prendre le contrôle de toute la bande de Gaza, où des dizaines de Palestiniens ont été tués dans des raids israéliens et des camions d'aide sont entrés pour la première fois en plus de deux mois. "Une goutte d'eau dans l'océan", ... Lire la suite

  • Le président américain Joe Biden dans la roseraie de la Maison Blanche, à Washington, le 7 novembre 2024 ( AFP / Saul LOEB )
    information fournie par AFP 19.05.2025 21:53 

    L'ex-président américain Joe Biden a remercié lundi ses soutiens pour l'"amour" reçu après l'annonce de son cancer la veille, au moment où des alliés de Donald Trump sèment le doute sur une possible dissimulation par son entourage de ses soucis de santé. "Le cancer ... Lire la suite

  • Vue de Mamoudzou le 21 avril 2025, à Dzaoudzi, à Mayotte ( AFP / Ludovic MARIN )
    information fournie par AFP 19.05.2025 20:57 

    "Refonder" l'archipel meurtri de Mayotte en proie à une crise aussi durable que multidimensionnelle: c'est l'ambition d'un projet de loi gouvernemental dont le Sénat s'est saisi lundi, avant une adoption probable à la chambre haute malgré des désaccords sur un ... Lire la suite