
Photo prise le 16 mai 2025 et publiée le 17 mai 2025 par le service de presse de la 93e brigade mécanisée séparée de Kholodnyi Yar des forces terrestres ukrainiennes montrant un cratère à côté d'une voiture calcinée et le corps d'une victime à l'intérieur après une attaque de drone à Kostyantynivka, dans la région de Donetsk ( service de presse de la 93e brigade mécanisée séparée de Kholodnyi Yar / Iryna Rybakova )
Le Kremlin a dit samedi qu'une rencontre entre Vladimir Poutine et Volodymyr Zelensky n'était "possible" qu'après que Moscou et Kiev aient trouvé des "accords", pourtant difficilement envisageables à l'heure actuelle, au lendemain des premiers pourparlers de paix depuis 2022 qui n'ont pas abouti à une trêve.
Sur le terrain, l'armée russe continue d'inlassablement bombarder l'Ukraine, provoquant dans la nuit la mort de neuf personnes dans le nord, selon les autorités ukrainiennes.
A l'issue d'une semaine sous haute tension, Ukrainiens et Russes ont eu vendredi à Istanbul, sous médiation turque, leurs premières discussions directes en trois ans, qui ont surtout mis en évidence le fossé à combler pour mettre fin au conflit déclenché en février 2022.
Le lendemain, les chefs des diplomaties russe, Sergueï Lavrov, et américaine, Marco Rubio, se sont appelés pour "échanger leurs points de vue sur les résultats" des pourparlers en Turquie, d'après le ministère russe des Affaires étrangères.
M. Lavrov a "confirmé la volonté de Moscou de poursuivre la coopération" avec les Américains, a ajouté le ministère dans un communiqué.
La veille, la délégation ukrainienne avait principalement réclamé aux Russes un cessez-le-feu "inconditionnel" et une rencontre entre les présidents de leurs deux pays.
Elle n'a obtenu qu'un échange de 1.000 prisonniers de chaque camp, comme l'ont confirmé les négociateurs russes.
Samedi, le chef du renseignement militaire ukrainien, Kyrylo Boudanov, a dit "espérer" que cet échange ait lieu "la semaine prochaine".

Le chef de la délégation russe et conseiller de Poutine, Vladimir Medinsky, entouré par le vice-ministre des Affaires étrangères Mikhaïl Galouzine (g) et le chef du renseignement militaire russe (GRU) Igor Kostyukov (d), s'adresse à la presse avant une réunion entre les délégués ukrainiens, américains et russes à Istanbul, le 15 mai 2025 ( AFP / Yasin AKGUL )
Au sujet d'un éventuel sommet Poutine-Zelensky, le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov, a pour sa part été clair : la Russie n'acceptera une telle rencontre - qui serait la première depuis 2019 entre les deux hommes - qu'une fois des "accords" trouvés sur le conflit.
"Une telle rencontre (...) est possible. Mais uniquement à la suite d'accords entre les deux camps", a-t-il martelé.
- "Guerre et négociations simultanément" -
Or, en l'état, comme l'a montré la réunion de la veille à Istanbul qui a duré moins de deux heures, les positions de Moscou et de Kiev restent inconciliables.

Photo diffusée par le ministère turc des Affaires étrangères, lors des pourparlers de paix entre les délégations russes et ukrainiennes, le 16 mai 2025 à Istanbul ( Ministère turc des Affaires étrangères / Handout )
Le Kremlin maintient des revendications maximalistes : que l'Ukraine renonce à rejoindre l'Otan, abandonne quatre de ses régions partiellement contrôlées par la Russie, en plus de la Crimée annexée en 2014, et que cessent les livraisons d'armes occidentales.
L'Ukraine rejette fermement ces exigences, demandant que l'armée russe, qui occupe toujours près de 20% de son territoire, s'en retire.
Pour de nouvelles discussions directes, Dmitri Peskov a souligné samedi qu'elles ne seraient possibles qu'une fois l'échange de prisonniers réalisé.
"Il reste à faire ce dont les délégations sont convenues hier", "avant tout" l'"échange de (prisonniers sur le format) 1.000 contre 1.000", a-t-il insisté, citant aussi l'envoi des conditions de chaque camp à l'autre partie en vue d'une future trêve.
Ces dernières semaines, Moscou a pourtant rejeté à plusieurs reprises l'offre ukrainienne de cessez-le-feu, malgré la pression des Européens et des Etats-Unis.
Vendredi, le négociateur russe Medinski a cité Napoléon au moment d'expliquer le refus de Moscou : "+La guerre et les négociations doivent être menées simultanément+", a-t-il dit à la télévision russe.
Malgré l'absence d'avancée majeure, le président turc Recep Tayyip Erdogan a jugé samedi la réunion russo-ukrainienne "extrêmement importante".
- "Sanctions sévères" -
Dans ce contexte, les hostilités se poursuivent sur le terrain.
Un drone russe a "frappé" un minibus dans le nord de l'Ukraine, causant la mort de neuf personnes, selon les autorités de la région de Soumy, qui ont diffusé des photos d'une carcasse d'un tel véhicule sur une route.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky au téléphone lors d'une réunion du sommet de la Communauté politique européenne (CPE), à Tirana, le 16 mai 2025 en Albanie ( POOL / Leon Neal )
Le président Zelensky a dénoncé "un assassinat délibéré de civils", précisant que sept personnes avaient en outre été blessées et appelant les Etats-Unis et l'UE à des "sanctions sévères" contre Moscou.
Les autorités de la région de Kherson (sud-est) ont, quant à elles, fait état samedi de deux personnes tuées et 13 autres blessées dans des frappes russes.
A l'avantage sur le front où elle progresse petit à petit, l'armée russe a revendiqué la prise de la localité d'Alexandropil dans la région ukrainienne de Donetsk (est).
Vendredi, le président français Emmanuel Macron ainsi que les chefs des gouvernements allemand, britannique et polonais avaient pris Donald Trump à témoin et menacé la Russie de mesures "massives" à son encontre.
"Les propositions de cessez-le-feu, dont je rappelle que c'est une initiative américaine, n'ont pas été respectées par le président Poutine", a martelé M. Macron samedi.
Son homologue américain Donald Trump a de son côté dit estimer vendredi que seul un sommet entre lui et M. Poutine permettrait une avancée concernant le règlement du conflit. Une telle rencontre est "certainement nécessaire", a acquiescé le Kremlin.
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