
Les bureaux de TikTok à Culver City, en Californie, le 4 avril 2025 ( AFP / Robyn Beck )
Donald Trump a donné un sursis supplémentaire jeudi à TikTok en repoussant une nouvelle fois la date butoir pour la vente du réseau social, très populaire aux Etats-Unis, imposée à sa maison mère chinoise ByteDance par une loi adoptée au Congrès.
Alors que le président américain a déjà reporté l'échéance à deux reprises, il a annoncé sur sa plateforme Truth Social avoir signé un décret qui retarde encore la date limite au 17 septembre, pendant que Washington attend l'approbation de cette vente par le gouvernement chinois.
Dans un communiqué, Tiktok s'est dite "reconnaissante envers le leadership du président Trump" qui fait en sorte que "TikTok reste disponible pour plus de 170 millions d'utilisateurs américains et plus de 7,5 millions d'entreprises américaines".
L'entreprise précise qu'elle continuera de travailler avec les services du vice-président JD Vance sur la question.
La porte-parole de la Maison Blanche, Karoline Leavitt, avait déjà dit mardi que Donald Trump signerait ce nouveau décret, car il "ne veut pas voir TikTok disparaître".
"Le président sait que c'est extrêmement populaire", a-t-elle insisté jeudi. "Il veut aussi protéger des données et la vie privée des Américains, et il pense pouvoir faire les deux en même temps".
En vertu d'une loi votée au Congrès en 2024, le réseau social reste en effet sous le coup d'une interdiction aux Etats-Unis si sa maison mère ByteDance n'en abandonne pas le contrôle. Des élus républicains comme démocrates disaient alors s’inquiéter de l'utilisation de données par la Chine ou d'une tentative d'influence de l'opinion américaine.
- "Feu vert" de Pékin -
Selon plusieurs médias américains, un protocole avait été trouvé début avril pour cette vente. Il prévoyait la séparation de la branche américaine de TikTok du groupe ByteDance, avec une recomposition du capital.
Les parts détenues par des investisseurs non chinois passaient de 60 à 80%, ByteDance conservant les 20% qu'elle possède actuellement.
Le groupe informatique Oracle, qui héberge déjà les données de TikTok US sur ses serveurs américains, devait être à la manoeuvre, accompagné, notamment, par le gestionnaire d'actifs Blackstone ou l'entrepreneur Michael Dell.
Mais l'annonce de droits de douane imposés par Donald Trump à ses partenaires commerciaux, avec une note particulièrement salée pour la Chine, à 54%, a bloqué la transaction côté chinois.
"Il nous faudra probablement l'accord de la Chine" d'ici mi-septembre, nouvelle date limite, avait reconnu Donald Trump mardi. "Je pense que le président Xi finira par donner son feu vert", avait-il ajouté.
Pour Shweta Singh, professeure à l'université britannique de Warwick, "TikTok n'est plus simplement un réseau social". "C'est devenu un symbole de la rivalité technologique entre les Etats-Unis et la Chine", estimait-elle récemment.
Si les deux pays se sont entendus, début juin, sur un "cadre général" pour normaliser leurs relations commerciales, le dossier TikTok reste en souffrance.
- Algorithme -
Mais loin de pâtir de cette crise géopolitique, le réseau social est la deuxième application la plus téléchargée aux Etats-Unis derrière ChatGPT sur les téléphones Android, selon le site spécialisé Appfigures.
La mansuétude affichée par le milliardaire, qui dit avoir "un petit faible pour TikTok", a sensiblement dilué l'urgence de la situation. Le contraste est marqué avec le début d'année, qui avait vu beaucoup d'influenceurs préparer leur migration vers d'autres cieux, en particulier Instagram ou YouTube.
D'autres candidats à un rachat de la plateforme s'étaient positionnés à cette période, en particulier le "Project Liberty" de l'entrepreneur Frank McCourt et la start-up d'intelligence artificielle (IA) générative Perplexity AI, chacun voulant intégrer l'application à un modèle plus large.
Le mystère demeure sur le fameux algorithme de recommandation de TikTok, dont la sophistication explique, en grande partie, le succès de la plateforme.
Pour l'instant, ByteDance n'a encore jamais accepté le principe d'une cession de ce bijou technologique, réclamée par le Congrès, dont les élus - très remontés il y a quelques mois - semblent aujourd'hui s'être désintéressés du dossier.
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