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Soupçonné de corruption, le Premier ministre mongol perd un vote de confiance et démissionne
information fournie par AFP 03/06/2025 à 10:14

Le Premier ministre mongol Luvsannamsrain Oyun-Erdene s'incline après avoir perdu son poste de chef du gouvernement, le 3 juin 2025 à Oulan-Bator ( AFP / Byambasuren BYAMBA-OCHIR )

Le Premier ministre mongol Luvsannamsrain Oyun-Erdene s'incline après avoir perdu son poste de chef du gouvernement, le 3 juin 2025 à Oulan-Bator ( AFP / Byambasuren BYAMBA-OCHIR )

Le Premier ministre mongol Luvsannamsrain Oyun-Erdene a démissionné mardi, prenant acte d'une motion de censure approuvée par les députés après des semaines de manifestations dans la capitale contre la corruption présumée du dirigeant.

Vaste pays de seulement 3,4 millions d'habitants enclavé entre la Chine et la Russie, la Mongolie dispose de ressources naturelles abondantes mais est confrontée depuis des décennies à une corruption endémique qui gangrène ses institutions.

Une partie de la population estime que les richesses issues de l'exploitation minière, notamment du charbon, sont accaparées par une élite politique et économique restreinte.

Ces tensions ont ressurgi le mois dernier après des révélations sur les dépenses exubérantes du fils du Premier ministre, qui ont déclenché des manifestations dans la capitale, Oulan-Bator.

Mardi, le Premier ministre a annoncé sa résignation après un vote à bulletin secret lors duquel il a obtenu le soutien de seulement 44 députés, tandis que 38 ont voté contre lui. Il lui fallait une majorité de 64 voix pour rester en poste.

"Ce fut un honneur de servir mon pays et mon peuple dans des périodes difficiles, (avec) notamment des pandémies, des guerres et des droits de douane", a déclaré M. Oyun-Erdene après l'annonce du résultat du vote.

Cet ex-avocat de 44 ans restera Premier ministre intérimaire jusqu'à ce que son successeur soit nommé dans les 30 jours, indique un communiqué du Parlement.

- "Injustices" -

La démission du Premier ministre mongol survient après plusieurs semaines de manifestations à Oulan-Bator qui réclamaient son départ, sur fond d'inquiétudes quant aux perspectives économiques et de hausse du coût de la vie.

Mardi, des dizaines de jeunes manifestants se sont à nouveau réunis sur le parvis du Parlement en brandissant des pancartes clamant "Il est facile de démissionner".

"La mobilisation des jeunes a porté ses fruits. Je suis très fier pour l'avenir de la Mongolie", a déclaré à l'AFP Unur Sukhbaatar, chercheur en économie politique de 37 ans.

Des personnes chantent lors d'une manifestation appelant à la démission du Premier ministre mongol Luvsannamsrain Oyun-Erdene, le 21 mai 2025 à Oulan-Bator ( AFP / BYAMBASUREN BYAMBA-OCHIR )

Des personnes chantent lors d'une manifestation appelant à la démission du Premier ministre mongol Luvsannamsrain Oyun-Erdene, le 21 mai 2025 à Oulan-Bator ( AFP / BYAMBASUREN BYAMBA-OCHIR )

"La population aspire à une gouvernance plus stable, avec des dirigeants intègres... Le fait de manifester et d'unir nos voix en faveur d'un changement en profondeur prouve que la démocratie mongole est bien vivante", a-t-il ajouté.

La Mongolie est dirigée depuis le scrutin de l'an dernier par un gouvernement de coalition à trois partis, mis en place après que le Parti du peuple mongol de Luvsannamsrain Oyun-Erdene a perdu une part importante de sa majorité.

Mais le mois dernier, le PPM a exclu de la coalition la deuxième force politique, le Parti démocrate, après que certains de ses jeunes députés ont soutenu les appels à la démission du Premier ministre.

Le départ du Premier ministre pourrait marquer le retour d'une politique factionnelle au sein du PPM après des années de relative stabilité, estime Julian Dierkes, de l'Université de Mannheim en Allemagne.

Selon lui, il y a toutefois peu de chances que le nouveau Premier ministre adopte des politiques très différentes, notamment en matière de lutte contre la corruption.

- "Diffamation" -

Dans un discours prononcé devant le Parlement avant le vote, M. Oyun-Erdene a lui dénoncé "de puissants intérêts visibles et occultes" menant une "campagne organisée" pour faire tomber son gouvernement.

En mai, le bureau du Premier ministre avait affirmé à l'AFP qu'il niait "avec véhémence" les allégations de corruption, les qualifiant de "diffamation".

Sous son mandat, débuté en 2021, la Mongolie a pourtant dégringolé dans l'indice de perception de la corruption de Transparency International.

Les manifestants ont fait pression pour un vote sur "la légitimité du système politique", affirme à l'AFP Munkhnaran Bayarlkhagva, analyste politique et ancien membre du Conseil de sécurité nationale de Mongolie.

"La Génération Z mongole a prouvé qu'elle était prête et capable de s'engager activement en politique, de façon responsable et déterminée", poursuit-il.

"Face à cela, l'establishment politique n'a eu d'autre choix que de céder pour conserver le soutien populaire."

Erchissaran Ganbold, 28 ans, responsable d'un petit commerce interrogé par l'AFP lors de la manifestation de mardi, estime que le Parlement est parvenu à faire "passer l'intérêt général avant les calculs partisants".

"Cette mobilisation est un avertissement fort aux responsables politiques: à l'avenir, ils devront rendre des comptes et faire preuve de transparence."

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