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Soudan: première attaque des paramilitaires sur Port-Soudan, selon l'armée
information fournie par AFP 04/05/2025 à 19:49

De la fumée s'élève de l'aéroport de Port-Soudan après une frappe imputée par l'armée à ses rivaux paramilitaires, le 4 mai 2025 ( AFP / - )

De la fumée s'élève de l'aéroport de Port-Soudan après une frappe imputée par l'armée à ses rivaux paramilitaires, le 4 mai 2025 ( AFP / - )

Les paramilitaires soudanais ont frappé dimanche la ville de Port-Soudan, siège provisoire du gouvernement dans l'est du pays, a annoncé l'armée, dans la première attaque de ce type en deux ans de guerre.

Ces dernières semaines, les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) ont élargi la portée et la fréquence de leurs attaques aériennes contre les zones tenues par l'armée, à laquelle ils ont dû céder le contrôle de pans entiers de territoire.

Le Soudan est en proie depuis le 15 avril 2023 à une lutte pour le pouvoir entre le chef de l'armée, le général Abdel Fattah al-Burhane, et son ancien adjoint, le général Mohamed Hamdane Daglo, à la tête des FSR.

"L'ennemi a ciblé ce matin la base aérienne d'Osman Digna avec des drones explosifs, un entrepôt de marchandises et certaines installations civiles" à Port-Soudan, a indiqué le porte-parole de l'armée, le général Nabil Abdoullah.

Véhicules militaires détruits devant un hôpital de Khartoum, le 28 avril 2025 ( AFP / - )

Véhicules militaires détruits devant un hôpital de Khartoum, le 28 avril 2025 ( AFP / - )

Il n'a signalé que des "dégâts limités" dans cette ville située sur la mer Rouge, à quelque 650 kilomètres des plus proches positions connues des FSR, en périphérie de Khartoum.

Des images de l'AFP ont montré de la fumée s'élevant du secteur de l'aéroport.

Après avoir été suspendus, les vols vers et depuis Port-Soudan ont repris à 15H00 GMT, a indiqué l'Autorité de l'aviation civile.

- Aéroport évacué -

A l'aube, un correspondant de l'AFP a senti sa maison, située à une vingtaine de kilomètres de l'aéroport, trembler, alors que des explosions étaient entendues.

"Nous étions en route vers l'avion quand nous avons été rapidement évacués et emmenés hors du terminal", a témoigné un passager.

Le chef de l'armée soudanaise, le général Abdel Fattah al-Burhane, lors d'une opération de soutien aux familles de victimes de la guerre, le 26 avril 2025 à Port-Soudan ( AFP / Ebrahim Hamid )

Le chef de l'armée soudanaise, le général Abdel Fattah al-Burhane, lors d'une opération de soutien aux familles de victimes de la guerre, le 26 avril 2025 à Port-Soudan ( AFP / Ebrahim Hamid )

Plus tard, un correspondant de l'AFP a rapporté que des missiles antiaériens avaient tenté d'abattre un drone qui se dirigeait vers une base aérienne à l'ouest de la ville.

A Kassala, une ville frontalière avec l'Erythrée, elle aussi tenue par l'armée à quelque 500 kilomètres au sud de Port-Soudan, des témoins ont indiqué que trois drones avaient frappé l'aéroport.

Dans le sud, des habitants ont déclaré à l'AFP avoir vu des drones survoler la capitale du Kordofan-Nord, El-Obeid, dimanche soir, puis avoir entendu des explosions et vu de la fumée s'élever au-dessus du secteur du marché.

L'armée, chassée de Khartoum par les FSR au début de la guerre, s'était repliée vers l'est et avait transféré le siège du gouvernement à Port-Soudan, qui abrite également des agences de l'ONU et des centaines de milliers de déplacés. Fin mars, elle a repris Khartoum aux paramilitaires.

L'armée contrôle à présent le centre, l'est et le nord du Soudan, tandis que les paramilitaires tiennent à l'ouest la quasi-totalité du Darfour et certaines parties du sud.

Un marché aux bêtes en feu à El-Facher, après un bombardement des Forces de soutien rapide (FSR), le 1er septembre 2023 au Soudan ( AFP / - )

Un marché aux bêtes en feu à El-Facher, après un bombardement des Forces de soutien rapide (FSR), le 1er septembre 2023 au Soudan ( AFP / - )

Les FSR, privées d'aviation, s'appuient sur des drones, que le gouvernement soudanais accuse les Emirats arabes unis de leur fournir.

Malgré des rapports d'experts de l'ONU, de responsables américains et d'organisations internationales faisant état d'un soutien émirati aux FSR, Abou Dhabi nie toute implication.

Selon le laboratoire humanitaire de recherche de l'Université Yale (HLR), six drones ont été identifiés sur des images satellites à l'aéroport de Nyala, contrôlé par les FSR au Darfour.

Selon l'analyste soudanais Hamid Khalafallah, les FSR, après avoir perdu Khartoum, s'appuient de plus en plus sur des drones à longue portée pour ne pas se retrouver "confinés au Darfour".

- "Aucun endroit n'est sûr" -

L'Arabie saoudite, qui avait mené une médiation en vue d'une trêve, a condamné les attaques visant "des infrastructures vitales" à Port-Soudan et Kassala.

Selon un ex-général soudanais s'exprimant sous couvert d'anonymat, les FSR entendent démontrer "qu'aucun endroit n'est sûr" au Soudan et qu'ils sont en mesure de frapper "n'importe quelle région" du pays.

Les FSR chercheraient également, selon lui, "à perturber le trafic aérien", et détruire "le dépôt d'armes de la base d'Osman Digna".

En avril, une frappe contre des infrastructures électriques dans la ville d'Atbara, dans le nord du Soudan, avait plongé le pays dans le noir. Port-Soudan reste privé d'électricité depuis une dizaine de jours.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, déraciné 13 millions d'habitants et plongé certaines régions dans la famine, provoquant "la pire catastrophe humanitaire" au monde, selon l'ONU.

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