
Le général Abdel Fattah al-Burhane, le 29 avril 2025 à Port-Soudan, au Soudan ( AFP / - )
Plus de 30 personnes ont été tuées dans des bombardements imputés aux paramilitaires contre un camp de déplacés et une prison dans le sud et l'ouest du Soudan en guerre, ont indiqué un comité de secours et une source médicale samedi.
De son côté, l'armée du général Abdel Fattah al-Burhane a mené des frappes aériennes contre des dépôts d'armes et des équipements militaires dans les villes de Nyala et El Geneina, aux mains des paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) au Darfour (ouest), selon une source militaire.
La guerre au Soudan a éclaté le 15 avril 2023 entre l'armée du général Burhane, dirigeant de facto du pays depuis un coup d'Etat en 2021, et les FSR dirigées par son ancien adjoint, Mohamed Hamdane Daglo.
Ces dernières semaines et après la perte de la capitale Khartoum fin mars, les paramilitaires ont élargi la portée de leurs attaques contre les zones tenues par l'armée, intensifiant les bombardements à Port-Soudan, dans l'est, au Darfour dans l'ouest, et au Kordofan, dans le sud.
Vendredi soir, 14 Soudanais membres d'une même famille ont été tués dans un "bombardement intense à l'artillerie" du camp d'Abou Chouk au Darfour-Nord, a rapporté un groupe local de secouristes bénévoles, en accusant les paramilitaires.
Le camp, en proie à la famine comme d'autres régions du pays selon l'ONU, est situé près d'El-Facher, la dernière capitale provinciale du Darfour à échapper aux paramilitaires.
Il abrite des dizaines de milliers de personnes ayant fui les violences des conflits successifs au Darfour et la guerre qui déchire depuis 2023 le troisième plus grand pays d'Afrique en superficie.
- Bombardement de dépôts d'armes des FSR -
Le camp est situé près de celui de Zamzam pris en avril par les FSR après une offensive dévastatrice qui a pratiquement vidé le camp, où s'étaient réfugiés près d'un million de déplacés selon l'ONU.
Dans le sud du pays, "19 prisonniers ont été tués et 45 blessés" dans une frappe de drone samedi contre une prison d'El-Obeid, la capitale de l'Etat du Kordofan-Nord, une région contrôlée par l'armée, a indiqué une source médicale, en accusant aussi les FSR.

Image satellite fournie par Maxar Technologies, le 17 avril 2025, montrant des nuages de fumée et des bâtiments incendiés dans le camp de réfugiés de Zamzam, près de la ville assiégée d'El-Facher, au Nord Darfour, au Soudan ( Satellite image ©2025 Maxar Technologies / - )
La semaine dernière, les FSR ont affirmé avoir pris la ville d’En Nahud, dans l’Etat du Kordofan-Ouest, un axe logistique clé pour l’armée, lui permettant d'envoyer des renforts vers le Darfour. Elles se sont aussi emparées de la ville d’El-Khouei, à une centaine de kilomètres à l’est d’En Nahud.
Samedi aussi, des avions de l'armée ont bombardé des positions des FSR à Nyala, la capitale du Darfour-Sud, et à El Geneina, la capitale du Darfour-Ouest, "détruisant des dépôts d'armes et des équipements militaires", a déclaré à l'AFP la source militaire.
- Frappes contre Port-Soudan -
Les paramilitaires ont aussi bombardé pour la première fois début mai Port-Soudan (est), où l'armée et le gouvernement soudanais ont transféré leur siège après avoir été chassés de Khartoum au début de la guerre. Le siège a été maintenu à Port-Soudan, sur la mer Rouge, malgré la reprise de la capitale.

Un nuage de fumée au-dessus de Port-Soudan après une frappe de drone, le 6 mai 2025 au Soudan ( AFP / - )
Port-Soudan abrite également des agences de l'ONU et des centaines de milliers de déplacés. Depuis dimanche, la région est visée quotidiennement par des frappes de drones des FSR qui ont endommagé plusieurs sites stratégiques, dont le dernier aéroport civil opérationnel du pays.
L'armée contrôle à présent le centre, l'est et le nord du Soudan, tandis que les paramilitaires tiennent à l'ouest la quasi-totalité du Darfour et certaines parties du sud.
Les FSR, privées d'aviation, s'appuient sur des drones, que le gouvernement soudanais accuse les Emirats arabes unis de leur fournir.
La guerre a fait des dizaines de milliers de morts, déraciné 13 millions de personnes et provoqué l'"une des pires catastrophes humanitaires" au monde selon l'ONU.
Les deux camps sont accusés d'exactions et atrocités.
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