
Vingt-cinq années de réclusion criminelle ont été requises jeudi à l'encontre d'un ex-militaire membre des Hells Angels, accusé d'avoir tué un motard d'une autre bande lors d'une rixe à Tarbes en 2021 ( AFP / Damien MEYER )
Vingt-cinq années de réclusion criminelle ont été requises jeudi contre un ex-militaire membre des Hells Angels, accusé d'avoir tué un motard d'une autre bande lors d'une rixe à Tarbes en 2021, avec préméditation selon l'accusation, sous l'effet d'un "stress incontrôlé" d'après la défense.
Kévin Da Cruz, 35 ans aujourd'hui, comparaît devant la cour d'assises de la Gironde pour avoir poignardé à mort Joseph Pontroué, 52 ans, au cours de cette bagarre entre bikers filmée par plusieurs témoins lors d'un salon consacré à la culture des États-Unis.
Ce cheminot et ex-soldat des commandos parachutistes reconnaît être l'auteur mais assure ne se souvenir de rien, "sonné" par des coups reçus. Il encourt 30 ans de réclusion criminelle pour meurtre, voire la perpétuité si la préméditation est retenue.
Il répond aussi de tentatives de meurtre sur trois autres membres des Rebels, club rival des Hells Angels selon l'accusation.
"Il doit être puni et il sera puni. La peine sera en dessous (de 25 ans), je l'espère", a déclaré son avocat, Me Emmanuel Zapirain, en conclusion de sa plaidoirie.
Rejetant toute préméditation, l'avocat a demandé la requalification des faits en violences volontaires ayant provoqué la mort sans intention de la donner.
"Kévin Da Cruz a porté des coups qui ont donné la mort", a-t-il déclaré. "Il l'a fait dans un geste désespéré qu'il ne maîtrisait pas", a-t-il ajouté, plaidant un "court-jus", "un stress incontrôlé".
- "Ange de la mort" -
À l'inverse, pour l'avocat général, "ses gestes sont précis, sûrs, puissants". "Il a été formé, il sait manier le couteau" avec des "coups ciblés" dans le dos de Joseph Pontroué, a déclaré Jean-Luc Gadaud dans ses réquisitions.
"Joseph Pontroué est mort en 30 secondes pour une guerre de territoire, pour un emblème rouge et blanc, pour rien finalement", a tonné le représentant du ministère public.
"Pendant ces 30 secondes, Kévin Da Cruz est l'ange de la mort, l'ange d'une mort absurde", a ajouté l'avocat général à l'attention des jurés. "Vous enverrez un message à ces gangs qui veulent imposer leur loi, et à ces familles qui pleurent, vous direz le prix des douleurs."
Depuis lundi, les débats ont tourné autour d'une possible guerre de territoire entre motards, contestée par la défense mais reliée par l'accusation à un "modèle économique illégal", où chaque festival local donne lieu à une "dîme".
"Ce n'est pas une bagarre de rue qui a mal tourné mais une embuscade, un guet-apens", a asséné l'avocat général.
"Qui sont-ils pour penser qu'on peut faire la guerre, obtenir des territoires ?", s'est indignée Me Marine Gautreau, avocate de la famille Pontroué.
"L'appartenance à un clan est plus importante (...) que d'apporter un peu d'apaisement à une famille", a déploré Me Marina Debray, autre avocate des parties civiles, dénonçant "la loi du silence des Hells Angels".
"Des fantasmes", a répliqué Me Zapirain. "Les Hells Angels sont une association de passionnés, pas de malfaiteurs."
Le verdict est attendu vendredi.
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