
Explosion dans le centre de Téhéran, le 15 juin 2025 ( AFP / Atta KENARE )
Israël a multiplié dimanche ses frappes meurtrières à travers l'Iran, visant la capitale, la ville de Machhad à l'extrémité nord-est du pays ainsi que des installations militaires dans l'ouest, auxquelles Téhéran a riposté par de nouveaux tirs de missiles.
Au troisième jour de l'offensive aérienne israélienne, le Premier ministre Benjamin Netanyahu a menacé de faire payer à l'Iran "un prix très lourd" après la mort de civils provoquée par les salves de missiles balistiques iraniens tirées en représailles sur Israël, qui ont touché des zones habitées et détruit des immeubles.
En Iran, les frappes israéliennes ont fait au moins 224 morts depuis vendredi et plus d'un millier de blessés, a annoncé le ministère de la Santé. Dimanche, une frappe a visé un immeuble d'habitation dans le centre de Téhéran, faisant au moins cinq morts selon la télévision.
Un journaliste de l'AFP sur les lieux a fait état de "deux explosions" à quelques minutes d'intervalle, à proximité du ministère iranien des Communications. Un épais nuage noir de fumée s'est élevé dans le ciel tandis que des badauds "figés par la stupeur, demeuraient sans voix", selon son témoignage.
Pour protéger la population, le gouvernement iranien a décidé que les mosquées, les stations de métro et les écoles allaient servir d'abris dès dimanche soir.
En Israël, les sirènes ont retenti dans l'après-midi puis dans la soirée et la population a été appelée à descendre dans les abris, à l'approche de nouvelles attaques de missiles iraniens.
A Jérusalem, des journalistes de l'AFP ont vu passer dimanche soir au moins une dizaine de missiles dans le ciel noir, avant d'entendre au loin de violentes explosions.
Plusieurs zones ont été touchées, selon l'armée, tandis que les pompiers ont fait état d'un immeuble d'habitation frappé sur la côte méditerranéenne. Huit personnes ont été blessées, dont une femme de 72 ans, selon les secours.
Le Magen David Adom, équivalent israélien de la Croix-Rouge, a publié des images d'équipes de secours déployées dans la ville côtière de Haïfa, dans le nord d'Israël, montrant plusieurs voitures en feu et un immeuble d'habitation dont la façade a été arrachée par une explosion.

Des secouristes fouillent les décombres après une frappe de missile iranienne à Bat Yam, dans le centre d'Israël, le 15 juin 2025 ( AFP / GIL COHEN-MAGEN )
Les attaques iraniennes ont fait dix morts et plus de 200 blessés dans le pays depuis samedi soir, selon les secours et la police, 13 morts au total et 380 blessés depuis vendredi.
Israël a lancé vendredi cette attaque d'une ampleur sans précédent avec l'objectif affiché d'empêcher l'Iran de se doter de l'arme nucléaire.
Après des décennies de guerre par procuration et d'opérations ponctuelles, c'est la première fois que les deux pays ennemis s'affrontent militairement avec une telle intensité.
L'Iran a promis dimanche une "réponse dévastatrice" aux attaques israéliennes et affirmé qu'Israël ne serait bientôt "plus habitable".
- A 2.300 kilomètres d'Israël -
Dimanche, l'armée israélienne a annoncé avoir frappé l'aéroport de Machhad, la troisième ville d'Iran, située dans le nord-est du pays à environ 2.300 kilomètres d'Israël.

Un incendie s'est déclaré dans un dépôt de carburant à Téhéran, le 15 juin 2025 ( AFP / ATTA KENARE )
Il s'agit, selon l'armée, de la frappe la plus lointaine en territoire iranien menée depuis vendredi.
L'armée israélienne a également annoncé avoir commencé à frapper "des dizaines" d'installations de missiles sol-sol dans l'ouest de l'Iran.
M. Netanyahu a par ailleurs déclaré sur la chaîne américaine Fox News qu'Israël avait "détruit la principale installation" du site d'enrichissement d'uranium de Natanz, dans le centre de l'Iran. Il a laissé entendre que les frappes sur l'Iran pourraient conduire à un changement à la tête du pays. "Ce pourrait certainement être le résultat parce que le régime iranien est très faible", a-t-il dit.

Files de voiture attendant de quitter Téhéran, le 15 juin 2025 ( AFP / Atta KENARE )
L'Iran a de son côté annoncé dimanche la mort du chef du renseignement des Gardiens de la Révolution, après la mort vendredi des deux plus hauts gradés du pays et de neuf scientifiques du programme nucléaire.
Des dizaines de cibles ont été visées dans la capitale, notamment des sites liés au nucléaire et deux dépôts de carburant.
La majorité des commerces étaient fermés dimanche tandis que de longues files de voitures se dirigeaient vers les sorties de Téhéran.
"Nous n'avons pas pu dormir depuis vendredi à cause du bruit terrible des explosions. Aujourd'hui, ils ont frappé une maison dans notre ruelle et nous avons eu très peur. Nous avons donc décidé de quitter Téhéran", a raconté Farzaneh, une femme au foyer de 56 ans qui prenait le chemin du nord de l'Iran.

Carte de l'Iran montrant les sites nucléaires, réacteurs et mines d'uranium ( AFP / Sylvie HUSSON )
Shokouh Razzazi, une femme de 31 ans, a au contraire décidé de rester. "J'ai confiance en mon pays et je ne crois pas qu'il arrivera quelque chose de mauvais", assure-t-elle.
- "Plus rien" -

Des Israéliens réfugiés dans un abri à Bat Yam, au sud de Tel-Aviv, le 14 juin 2025 ( AFP / GIL COHEN-MAGEN )
A plus de 1.500 kilomètres de là, des salves de missiles iraniens ont provoqué des destructions la nuit précédente à Bat Yam, au sud de Tel-Aviv, et à Tamra, dans le nord.
"Il ne reste plus rien, plus de maison, c'est fini!", a confié Evguenia Doudka, une habitante de Bat Yam. "L'alerte a retenti et nous sommes allés dans l'abri. Soudain, tout l'abri s'est rempli de poussière, et c'est là que nous avons réalisé qu'une catastrophe venait de se produire".
"L'Iran paiera un prix très lourd pour le meurtre prémédité de civils, femmes et enfants", a déclaré M. Netanyahu en visite à Bat Yam.
Le président américain Donald Trump, allié d'Israël, a appelé dimanche les deux pays à "trouver un accord". Il a ajouté qu'il est "possible" que les Etats-Unis s'impliquent dans le conflit mais qu'ils ne sont "à cet instant pas impliqués".
Affirmant que l'Iran s'approchait du "point de non-retour" vers la bombe atomique, Israël a lancé vendredi une campagne aérienne massive contre la République islamique en ciblant des centaines de sites militaires et nucléaires.
L'Iran est soupçonné par les Occidentaux et par Israël de vouloir se doter de l'arme atomique. Téhéran dément et défend son droit à développer un programme nucléaire civil.
"Si l'agression cesse, notre riposte cessera", a déclaré le chef de la diplomatie iranienne, Abbas Araghchi. Il a accusé Israël de chercher à "faire dérailler" les négociations indirectes sur le nucléaire qui ont commencé en avril entre son pays et les Etats-Unis.
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