
Des Palestiniens se prennent dans les bras à l'hôpital indonésien à Beit Lahia, dans le nord de la bande de Gaza, après la mort de proches dans une frappe israélienne à Jabalia, le 15 mai 2025 ( AFP / BASHAR TALEB )
Les secours palestiniens ont recensé 120 morts jeudi dans des bombardements israéliens dans la bande de Gaza dévastée et assiégée, où une ONG soutenue par les Etats-Unis dit se préparer à distribuer de l'aide humanitaire d'ici la fin du mois.
Dans le même temps, le président américain Donald Trump, en tournée dans le Golfe, a affirmé vouloir que les Etats-Unis "prennent" la bande de Gaza pour "en faire une zone de liberté", dans une apparente déclinaison de son précédent projet, décrié à l'international, d'en faire une "Riviera" vidée de ses habitants.
"Gaza fait partie intégrante du territoire palestinien. Ce n'est pas un bien immobilier à vendre", a rétorqué un membre du bureau politique du Hamas, Bassem Naïm.
De nouveaux bombardements israéliens y ont fait jeudi 120 morts, a indiqué la Défense civile palestinienne, une organisation de secouristes.
L'aviation israélienne a en particulier visé le nord et le sud du territoire, ravagé par plus de 19 mois d'offensive lancée en représailles à l'attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien contre Israël, le 7 octobre 2023.
- Discussions à Doha -

Des habitants de Gaza amènent des personnes tuées par des raids israéliens à l'hôpital Nasser de Khan Younès, dans le sud du territoire, le 15 mai 2025 ( AFP / - )
"Chaque jour, il y a des morts, chaque jour des blessés. On ne sait pas quand notre tour viendra", témoigne un habitant dans le nord, Amir Saleha.
A Khan Younès, dans le sud, Maryam Ashour, en larmes, caresse le linceul enveloppant le corps de sa soeur, convoyé à l'hôpital Nasser avec d'autres victimes. La jeune femme travaillait comme bénévole pour des programmes d'une agence onusienne destinés aux enfants, dit-elle.
"Israël (...) ne fait pas que tuer des gens. Il tue ce qu'il reste de l'Humanité", a lancé jeudi sur X la rapporteure spéciale de l'ONU pour les Territoires palestiniens, Francesca Albanese.
Malgré les critiques internationales sur sa conduite de la guerre, Benjamin Netanyahu a averti lundi d'une prochaine entrée "en force" de l'armée pour "achever l'opération et vaincre le Hamas", après avoir annoncé un plan pour la "conquête" de la bande de Gaza.
Rompant une trêve de deux mois, Israël a repris son offensive le 18 mars avec l'objectif déclaré d'obtenir la libération de tous les otages encore retenus à Gaza depuis le 7-Octobre.
Des délégations israélienne et du Hamas se sont rendues cette semaine au Qatar, un des pays médiateurs avec les Etats-Unis et l'Egypte.
Mais le Hamas a accusé jeudi Israël de "saper" les efforts de médiation "par une escalade militaire délibérée".
"L'exigence minimale pour instaurer un environnement propice et constructif aux négociations est de contraindre" Israël "à ouvrir les points de passage et à permettre l'entrée de l'aide humanitaire", a indiqué plus tard Bassem Naïm.

Des Palestiniens se pressent à une distribution de nourriture à Beit Lahia, dans le nord de la bande de Gaza, désormais menacée de "famine de masse" selon pluieurs ONG, le 15 mai 2025 ( AFP / BASHAR TALEB )
Depuis le 2 mars, les forces israéliennes bloquent toute entrée d'aide humanitaire dans Gaza, vitale pour les 2,4 millions d'habitants, désormais menacés d'une "famine de masse", selon plusieurs ONG.
- "Outil d'extermination" -
Human Rights Watch a accusé Israël d'avoir fait de ce blocus "un outil d'extermination".
L'ONU a par ailleurs indiqué qu'elle ne participerait pas à la distribution d'aide à Gaza par la Fondation humanitaire de Gaza (GHF). Celle-ci, soutenue par les Etats-Unis, avait annoncé plus tôt qu'elle entendait commencer à distribuer de l'aide à Gaza d'ici fin mai.
"Ce plan de distribution n'est pas en accord avec nos principes de base, y compris ceux d'impartialité, de neutralité et d'indépendance", a justifié Farhan Haq, porte-parole adjoint du secrétaire général de l'ONU.
Face aux critiques, le secrétaire d'Etat américain Marco Rubio s'est dit ouvert à une "alternative", exprimant son inquiétude face à la situation humanitaire dans le territoire palestinien.
Depuis le début de la guerre à Gaza, les violences ont aussi explosé en Cisjordanie, territoire occupé par Israël depuis 1967.
Israël a promis jeudi d'utiliser "tous les moyens" pour retrouver les auteurs de tirs mortels près de la colonie israélienne de Bruchin, en Cisjordanie occupée, qui ont coûté la vie dans la nuit à une Israélienne enceinte.
Les groupes WhatsApp des colons israéliens de Cisjordanie regorgeaient jeudi d'appels à la vengeance après cette attaque.

Des Palestiniennes consolent une fillette aux funérailles d'un proche, tué dans un raid israélien à Tammun, en Cisjordanie occupée, le 15 mai 2025 ( AFP / Zain JAAFAR )
Dans le nord de la Cisjordanie, cinq Palestiniens ont été tués jeudi lors d'une opération israélienne à Tamoun, selon le maire et l'armée, qui a affirmé qu'il s'agissait de "terroristes".
L'attaque du 7-Octobre a entraîné la mort de 1.218 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles.
Sur les 251 personnes alors enlevées, 57 restent retenues à Gaza, dont 34 déclarées mortes par l'armée israélienne.
Les représailles israéliennes ont fait au moins 53.010 morts à Gaza, en majorité des civils, selon les dernières données du ministère de la Santé du Hamas, jugées fiables par l'ONU.
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