
Des membres de l'armée indienne près d'explosifs transportés par un drone, après son interception par le système de défense aérienne indien, dans la banlieue d'Amritsar, le 10 mai 2025 ( AFP / Narinder NANU )
Attaques de drones, tirs d'artillerie, frappes de missiles, le Pakistan et l'Inde ont encore intensifié samedi leurs opérations au quatrième jour de leur confrontation militaire, sourds aux appels insistants à la retenue des Etats-Unis ou de la Chine.
Depuis les frappes indiennes menées mercredi sur le sol pakistanais en représailles à l'attentat commis le 22 avril dans le Cachemire indien, les deux puissances nucléaires se rendent coup pour coup dans une inquiétante escalade.
Samedi matin, le Pakistan a annoncé avoir riposté à des frappes, quelques heures plus tôt, de missiles indiens visant trois de ses bases aériennes, dont l'une aux portes de la capitale Islamabad.
Dans la foulée, l'Inde a confirmé avoir subi une série d'attaques pakistanaises, notamment de drones, contre plusieurs cibles militaires situées dans toute la partie nord-ouest de son territoire.
La principale ville du Cachemire indien, Srinagar, a été plusieurs fois secouée samedi par de violentes détonations, ont constaté des journalistes de l'AFP.
Touchée au petit matin, la base aérienne d'Awantipora, près de Srinagar, a encore été frappée à la mi-journée, selon une source policière s'exprimant sous couvert de l'anonymat.
A la mi-journée, le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif a estimé que son pays avait "vengé les morts innocents" avec une "réponse adéquate" à l'Inde. Il avait dit dans une adresse à la nation mercredi soir s'engager à "venger chaque goutte de sang des martyrs".

Des paramilitaires indiens en patrouille à Srinagar, le 10 mai 2025 au Cachemire indien ( AFP / Sajjad HUSSAIN )
L'aggravation des attaques entre les deux rivaux a suscité les appels au calme de plus en plus inquiets de nombreuses capitales étrangères.
Le chef de la diplomatie américaine Marco Rubio a exhorté ses homologues indien et pakistanais "à rétablir une communication directe pour éviter toute erreur de calcul", selon sa porte-parole Tammy Bruce.
- "Dégâts limités" -
Les Etats-Unis ont formellement offert leur médiation aux deux pays.
La Chine a haussé le ton samedi en appelant "fermement" les deux voisins à la retenue, et les pays membres du G7 ont de leur côté exigé "une désescalade immédiate".
Rivaux depuis leur indépendance et leur douloureuse partition en 1947, l'Inde et le Pakistan traversent leur plus grave crise en plusieurs décennies depuis l'assassinat de 26 civils le mois dernier dans la ville de Pahalgam, au Cachemire indien.

Des véhicules endommagés à la suite de tirs d'artillerie pakistanais à Jammu, le 10 mai 2025 au Cachemire indien ( AFP / Rakesh BAKSHI )
New Delhi accuse Islamabad de soutenir le groupe jihadiste qu'elle soupçonne de l'attaque, ce que son voisin dément fermement. Les combats qui les opposent depuis mercredi font aussi l'objet d'une féroce bataille de communication.
Avant l'aube samedi, deux explosions ont retenti à Islamabad et à Rawalpindi, ville toute proche où se trouvent l'état-major et les services du renseignement pakistanais.
Le porte-parole de l'armée pakistanaise, Ahmed Sharif Chaudhry, est alors apparu à la télévision d'Etat pour annoncer que "l'Inde a(vait) attaqué avec des missiles" et que "les bases de Nour Khan, Mourid et Chorkot (avaient) été visées".
"Vous pouvez vous préparer maintenant à notre réponse", a-t-il lancé à l'intention de l'Inde.
Samedi matin, des porte-paroles de l'armée indienne ont confirmé que le Pakistan avait visé 26 cibles sur son sol. Parmi elles, quatre bases aériennes dont l'infrastructure et le personnel n'ont subi que des "dégâts limités".
Le secrétaire du ministère indien des Affaires extérieures, Vikram Misri, a longuement dénoncé devant la presse "les mensonges, la désinformation et la propagande" d'Islamabad, accusé de viser délibérément" des objectifs civils.
- Exode -
L'armée indienne a également affirmé sur X avoir "pulvérisé" des "sites de lancement terroristes" de drones proche de la frontière.
Le centre de réflexion International Crisis Group (ICG) s'est inquiété de "la rhétorique belliqueuse, l'agitation intérieure et la logique jusqu'au-boutiste de la surenchère" dans les deux capitales.

Un policier indien devant une maison endommagée par des tirs d'artillerie pakistanais, le 10 mai 2025 à Jammu, au Cachemire indien ( AFP / Rakesh BAKSHI )
Selon les bilans officiels des deux camps, les combats ont causé depuis mercredi la mort d'une soixantaine de civils pakistanais et indiens.
Cet état de guerre a suscité d'importants mouvements de population de part et d'autre de la "ligne de contrôle" qui sépare la région contestée du Cachemire entre les deux pays.
Dans la partie indienne, la gare de la ville de Jammu, visée par des attaques de drones pakistanais les deux dernières nuits, était prise d'assaut samedi par des habitants en quête d'un train.
"Il y a eu des fortes explosions toute la nuit", a confié à l'AFP sur un quai l'un des candidats au départ, Karan Varma, un maçon de 41 ans. "Il n'y a pas d'autre choix que de partir".
De l'autre côté de la frontière de facto, Mohammed Hussain a raconté à l'AFP une nuit de violence qui a tué, selon les autorités du Cachemire pakistanais, 11 civils.
"Ma maison a été fortement endommagée dans les tirs, j'essaie d'évacuer ma famille vers un endroit plus sûr", a-t-il dit.
Conséquence des opérations militaires en cours, l'espace aérien du Pakistan sera fermé "jusqu'à dimanche à 07H00 GMT", a annoncé samedi l'Autorité de l'aviation.
Côté indien, 32 aéroports du quart nord-ouest du pays ont été fermés au trafic aérien jusqu'à nouvel ordre.
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