
Manifestation d'étudiants d'Harvard le 27 mai 2025 ( AFP / Rick Friedman )
L'administration américaine a ordonné la suspension du traitement des visas pour les étudiants étrangers, dont elle veut passer au crible les réseaux sociaux, en plein renforcement de son offensive contre Harvard, une décision dénoncée par Pékin mercredi.
Dernière mesure en date contre la prestigieuse université: la Maison Blanche a indiqué vouloir mettre fin à tous les contrats passés avec Harvard, dont des centaines d'étudiants ont manifesté mardi.
Mais la charge de Donald Trump, bien décidé à imposer son programme nationaliste et conservateur au monde de l'enseignement, va au-delà de cette seule institution qu'il accuse de complaisance antisémite, d'avoir des liens avec le Parti communiste chinois et plus largement d'être un foyer de propagation d'idées trop radicales. Elle vise les étudiants étrangers.
Dans un document interne vu par l'AFP, le département d'Etat demande désormais aux ambassades et aux consulats américains de ne pas autoriser de "rendez-vous pour de nouveaux visas étudiants ou de programmes d'échange", en attendant la publication de "directives sur l'examen approfondi des réseaux sociaux pour toutes les demandes de ce type".
"L'objectif (...) est de s'assurer que les personnes qui sont ici comprennent ce qu'est la loi, qu'elles n'ont pas d'intentions criminelles", a justifié la porte-parole du chef de la diplomatie américaine, Tammy Bruce.
Depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche, des centaines d'étudiants étrangers ont déjà vu leurs visas révoqués, tandis que des étudiants en situation régulière sur le sol américain ayant participé à des manifestations propalestiniennes ont été arrêtés et menacés d'expulsion.
Concernant Harvard, le président américain veut lui interdire de recevoir des étudiants étrangers, qui représentant 27% du total de ses effectifs. Un juge fédéral a toutefois suspendu vendredi cette décision.
- "Menacés d'expulsion" -
Malgré ce répit, des étudiants américains comme étrangers ont fait part de leur inquiétude mardi lors d'une manifestation devant l'établissement, sous des appels à "laisser rester" les étudiants étrangers.
Les étudiants étrangers "qui sont là ne savent pas où ils en sont, ceux à l'étranger ne savent pas s'ils pourront revenir... Je ne sais pas si je ferai mon doctorat ici", estimait mardi Jack, un étudiant britannique qui ne donne que son prénom.
"Je ne veux pas tout abandonner, je pense que ça vaut toujours la peine d'y aller et de voir ce qui se passe", a déclaré à l'AFP une étudiante singapourienne d'une vingtaine d'années, sous couvert d'anonymat. "Je n'ai aucune idée si mon visa sera approuvé mais on verra. C'est un risque d'aller aux Etats-Unis, mais je pense que je dois le faire", a-t-elle ajouté.
"En tant que nouvel étudiant, tout ce que je peux faire maintenant, c'est attendre et espérer le meilleur", a confié à l'AFP un étudient taïwanais de 27 ans en cours de procédure pour intégrer une université californienne.
En attendant, Hong Kong et le Japon ont déjà dit vouloir ouvrir les portes de leurs universités aux étudiants étrangers qui seraient obligés de renoncer à aller à Harvard.
"Nous avons demandé aux universités (japonaises) d'envisager des mesures de soutien possibles, telles que l'accueil d'étudiants étrangers inscrits dans des universités américaines", a déclaré mardi la ministre japonaise de l'Education, Toshiko Abe.
- "Rester fermes" -

Le président américain Donald Trump a lancé une violente offensive contre Harvard, qui refuse de lui donner un droit de regard sur les admissions d'étudiants et les recrutements de professeurs ( AFP / JOSEPH PREZIOSO )
"Nous exhortons les Etats-Unis à garantir concrètement les droits et intérêts légitimes des étudiants internationaux, y compris des étudiants chinois", a demandé le gouvernement chinois alors que les autorités américaines reprochent aussi à Harvard, fondée en 1636 et pilier de la fameuse Ivy League, ce groupe d'universités de la côte Est matrice d'une élite américaine, d'avoir des liens avec le Parti communiste chinois.
Le gouvernement fédéral américain a déjà supprimé plus de deux milliards de dollars de subventions pour l'université, ce qui a mis un coup d'arrêt à certains programmes de recherche. Selon les médias américains, les contrats passés par le gouvernement avec Harvard représentent 100 millions de dollars.
Le président préfère "donner l'argent du contribuable" à des formations professionnelles "ainsi qu'à des écoles publiques qui promeuvent les valeurs américaines, mais surtout éduquent la prochaine génération sur la base des compétences dont nous avons besoin dans notre économie et notre société", a déclaré la porte-parole de la Maison Blanche, Karoline Leavitt, sur la chaîne Fox News mardi soir.
"Nous avons besoin de plus de ces choses-là et de moins de diplômés LGBT+ de Harvard".
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