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Le suspect du meurtre d'Hichem Miraoui mis en examen et écroué
information fournie par AFP 05/06/2025 à 21:09

Un portrait et un appel à une marche blanche en hommage au Tunisien Hichem Miraoui sur la devanture du salon de coiffure où il travaillait, le 3 juin 2025 à Puget-sur-Argens, dans le Var ( AFP / Viken KANTARCI )

Un portrait et un appel à une marche blanche en hommage au Tunisien Hichem Miraoui sur la devanture du salon de coiffure où il travaillait, le 3 juin 2025 à Puget-sur-Argens, dans le Var ( AFP / Viken KANTARCI )

Christophe B. a été mis en examen jeudi pour l'assassinat terroriste en raison de l'origine d'Hichem Miraoui, un quadragénaire tunisien abattu samedi à Puget-sur-Argens (Var), un crime que reconnaît le suspect mais dont il conteste le caractère raciste.

Après quatre jours de garde à vue et un transfert de l'enquête du parquet de Draguignan aux mains du parquet antiterroriste (Pnat), celui-ci a ouvert jeudi une information judiciaire.

En fin d'après-midi, Christophe B. a été mis en examen pour assassinat terroriste et tentatives d'assassinat sur plusieurs personnes, en raison de l'origine, selon le Pnat.

Veste grise, cheveux bouclés, barbe poivre et sel et air agacé, Christophe B. est apparu un bref instant devant quelques journalistes présents au début de son audience devant la juge des libertés et de la détention, qui l'a écroué.

"Dans le cadre de sa garde à vue, si Christophe B. reconnaît la matérialité des faits, il conteste toute motivation raciste à ses actes, ainsi que toute intention terroriste", avait détaillé le Pnat dans un communiqué dans l'après-midi.

L'avocat du suspect, Me Reda Ghilaci, a confirmé cette ligne de défense, soulignant que "la réalité matérielle du dossier est à ce stade très claire : la qualification terroriste, comme l’intention raciste, sont particulièrement contestables en droit et contestées".

Il a indiqué que son client de 53 ans "a d’ores et déjà activement participé à la manifestation de la vérité et il continuera à le faire."

"Le juge d’instruction a écarté l’association de malfaiteurs terroriste dès le stade de la mise en examen, comme le soutenait la défense et contrairement aux réquisitions du Pnat", a ajouté Me Ghilaci.

A Puget sur-Argens, samedi soir vers 22 heures, le suspect de nationalité française, qui avait consommé de l'alcool dans la journée, a selon le Pnat "tiré à plusieurs reprises" sur son "voisin", Hichem Miraoui, depuis sa voiture.

Il a ensuite tiré sur un autre logement puis sur deux de ses occupants, "blessant l'un d'entre eux à la main", un homme né en 1990 en Turquie, avant de s'enfuir en voiture.

D'après le communiqué, il avait diffusé sur Facebook avant les faits une vidéo interpellant ainsi les "Français" : "Réveillez-vous, allez les chercher là où ils sont". Il faisait "allégeance au bleu blanc rouge" et annonçait son intention de dire "stop aux islamiques".

Après son périple meurtrier et jusqu'à son interpellation par les gendarmes du GIGN à 5h00 le dimanche matin, il a publié selon le Pnat quatre autres vidéos sur Facebook dans lesquelles il lançait "avoir dégommé les 2-3 merdes qui étaient près de chez (lui)".

Outre ces vidéos, le parquet relève que Christophe B. ciblait sur les réseaux sociaux "le terrorisme, les étrangers, l’islam, l’ultra-droite ou les instances gouvernementales françaises."

Selon le Pnat, son examen psychiatrique n'a pointé "aucune pathologie ou anomalie mentale".

D'après une source proche du dossier, il a exprimé de "profonds regrets" sur son acte.

C'est la première saisine du Pnat concernant un homicide raciste lié à l'ultradroite.

Une source proche du dossier a souligné à l'AFP que ce parquet spécialisé appréciait "au cas par cas" sa compétence concernant les faits liés à l'ultradroite, qui ne sont pas rattachés à un groupe dont les actions passées auraient déjà reçu une qualification terroriste, contrairement aux actes jihadistes avec le groupe Etat islamique.

Selon cette source proche du dossier, le Pnat s'est saisi car Christophe B. voulait "troubler l'ordre public par la terreur".

- Marche blanche -

Mardi après-midi, devant l'Assemblée nationale, le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a exprimé "une pensée émue" pour les victimes, leurs familles, mais aussi pour "la communauté tunisienne".

Ce meurtre est "clairement un crime raciste", "sans doute aussi antimusulman", et "peut-être aussi un crime terroriste", a ajouté le ministre.

"Je veux justice pour mon frère", "victime d'un acte terroriste", a déclaré mardi à l'AFP sa soeur Hanen Miraoui. Samedi soir, elle discutait au téléphone avec son frère quand "tout d'un coup, je l'ai entendu dire +Aïe+ puis la communication s'est interrompue".

D'après elle, le suspect "était connu dans le quartier de (son) frère pour sa haine des Arabes".

Organisée par les proches d'Hichem Miraoui, une marche blanche doit avoir lieu dimanche à 15H00 à Puget-sur-Argens.

Les actes antimusulmans ont augmenté de 72% au premier trimestre, avec 79 cas recensés, selon le décompte du ministère de l'Intérieur.

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