Aller au contenu principal Activer le contraste adaptéDésactiver le contraste adapté
Fermer

Le coût du projet d'enfouissement des déchets radioactifs Cigéo revu en hausse, jusqu'à 37,5 milliards d'euros
information fournie par AFP 12/05/2025 à 14:48

Le laboratoire de recherche souterrain du site d'enfouissement de déchets nucléaires Cigéo à Bure dans la Meuse le 8 août 2024 ( AFP / Jean-Christophe VERHAEGEN )

Le laboratoire de recherche souterrain du site d'enfouissement de déchets nucléaires Cigéo à Bure dans la Meuse le 8 août 2024 ( AFP / Jean-Christophe VERHAEGEN )

Le projet Cigéo d'enfouissement des déchets nucléaires les plus radioactifs à Bure (Meuse) pourrait coûter au total entre 26,1 et 37,5 milliards au lieu des 25 milliards jusqu'ici envisagés, selon la nouvelle évaluation de l'Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra) qui doit désormais être arbitrée par le gouvernement.

Lancé en 1991, le projet Cigéo, contesté par des écologistes et des associations locales, doit accueillir à 500 mètres sous terre des déchets des centrales nucléaires devant rester hautement radioactifs pendant plusieurs centaines de milliers d'années. Au total, 83.000 mètres cubes sont attendus, dont la moitié ont déjà été produits.

La mise à jour de l'évaluation représente, selon les hypothèses, une hausse de 4,4% à 50% par rapport au coût arrêté en 2016 par la ministre de l'Ecologie et de l'énergie d'alors, Ségolène Royal, soit 25 milliards d'euros aux conditions économiques de fin 2011.

"Il s'agit d'un coût globalement maîtrisé, très proche" du précédent chiffrage de l'Andra en 2014 soit 33,8 milliards, a assuré auprès de l'AFP Gaëlle Saquet, directrice générale par intérim de l'établissement public qui pilote le projet.

En ajoutant l'inflation, la facture grimperait entre 32,8 et 45,3 milliards d'euros (+21% pour l'estimation maximale et +26% pour l'estimation minimale).

"Une chose est certaine, le prix à payer sera sans doute revu à la hausse", a dénoncé dans un communiqué la Coordination Stop Cigéo Bure, regroupant des opposants au projet.

Le dernier mot reviendra au ministre de l'Energie qui devra fixer par arrêté d'"ici fin 2025" le nouveau coût faisant référence jusqu'à réévaluation, après avoir recueilli l'avis de l'Autorité de sûreté nucléaire et de radioprotection (ASNR) et les observations des principaux producteurs de déchets.

L'Andra vise une décision d'autorisation vers fin 2027/début 2028 pour lancer le chantier.

- Plusieurs inconnues -

La descente progressive des "colis" de matières radioactives, dans près d'un millier d'alvéoles, est elle annoncée à partir de 2050, au lieu de l'échéance 2035-2040 initialement prévue.

Ce nouveau chiffrage couvre l'ensemble des coûts sur "une période de plus de 150 ans", de la construction (7,9 à 9,6 milliards d'euros) à la fermeture du stockage "à l'horizon 2170", en passant par la maintenance, la sécurité, les assurances et les impôts et taxes.

Mais au regard de la complexité du projet, "on ne s'est pas arrêté à un seul chiffre", explique Gaëlle Saquet. "Inédit et sans comparable", le projet Cigéo prévoit un stockage dans une couche d'argile, contrairement à la Suède et la Finlande qui ont fait le choix d'un terrain granitique.

Un ingénieur installe des capteurs de mesure dans une galerie située à 490 mètres de profondeur du projet d'enfouissement de déchets nucléaires Cigéo, à Bure dans la Meuse le 8 août 2024 ( AFP / Jean-Christophe VERHAEGEN )

Un ingénieur installe des capteurs de mesure dans une galerie située à 490 mètres de profondeur du projet d'enfouissement de déchets nucléaires Cigéo, à Bure dans la Meuse le 8 août 2024 ( AFP / Jean-Christophe VERHAEGEN )

Le chiffrage présente ainsi une configuration au stade de la demande d'autorisation (29,8 à 37,5 milliards) et trois autres configurations traduisant différents scénarios. Cela inclut notamment des incertitudes sur le niveau de fiscalité, pour un écart de plus ou moins 7,4 milliards d'euros sur la facture. A côté, l'Andra a identifié un potentiel d'économies jusqu'à 3,6 milliards d'euros grâce à des optimisations techniques. Par exemple, l'intégration de matériaux plus performants ou l'allongement d'alvéoles, ce qui réduit le nombre de galeries à construire.

En revanche, il a fallu intégrer de nouveaux coûts du fait d'études de conception plus longues que prévu et de retours d'expérience de grands projets souterrains tels que le métro du Grand Paris Express. S'ajoutent à cela des coûts de sécurisation du site d'environ 10 millions d'euros par an ou la réalisation de fouilles archéologiques.

Le coût du projet couvre le stockage des déchets déjà produits ou futurs des installations nucléaires existantes ou déjà autorisées à fin 2016 qui constituent "l'inventaire de référence". Mais pas ceux des 6 futurs réacteurs EPR2 annoncés en 2022 par Emmanuel Macron, qui ne sont pas encore autorisés.

Toutefois, "au titre de l'adaptabilité", l'Andra a étudié cette hypothèse qui représenterait une augmentation de 5% du volume des déchets dits "à vie longue" et de 20% des déchets dits "à haute activité" par rapport au total prévu pour Cigéo. Ceux-ci "seront intégrés dans l'inventaire de réserve" et "la faisabilité de leur prise en charge (...) regardée pendant l'instruction".

Si la relance du nucléaire va au-delà, avec les huit EPR2 additionnels évoqués par Emmanuel Macron ou de petits réacteurs (SMR), d'autres études seront nécessaires, et "si on rajoute des déchets, forcément le coût augmentera", indique l'Andra.

5 commentaires

  • 15:55

    Il fallait bien s'en douter un devis une étude commence toujours à 2 milliards et finis à 50 à 70 milliards qui va être content Pierre Paul ou Jacques voir bernard


Signaler le commentaire

Fermer

A lire aussi

  • Des Kurdes syriens brandissent des drapeaux avec le portrait du fondateur du PKK, Abdullah Ocalan, le 27 février 2025, à Qamishli, en Syrie ( AFP / Delil SOULEIMAN )
    information fournie par AFP 12.05.2025 19:32 

    Le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) a annoncé lundi sa dissolution et la fin de plus de quatre décennies d'une lutte armée contre l'Etat turc qui a fait plus de 40.000 morts. Dans un communiqué cité par l'agence prokurde ANF, le PKK considère qu'il a accompli ... Lire la suite

  • Une femme regarde des portraits d’otages israéliens détenus dans la bande de Gaza, dont un au centre représentant l’otage israélo-américain Edan Alexander, dont la libération est attendue le 12 mai 2025, sur la place des otages à Tel-Aviv, le 12 mai 2025 ( AFP / Menahem KAHANA )
    information fournie par AFP 12.05.2025 19:26 

    Le mouvement islamiste palestinien Hamas a libéré lundi l'otage israélo-américain Edan Alexander, retenu 19 mois dans la bande de Gaza, où une suspension temporaire des bombardements offre un rare répit à ses habitants. La Libération du seul otage vivant ayant ... Lire la suite

  • Birmans en pleurs le 12 mai 2025 aux funérailles de victimes d'un bombardement par la junte d'une école de Oe Htein Kwin, qui a fait 22 morts dont 20 enfants  ( AFP / - )
    information fournie par AFP 12.05.2025 19:05 

    L'armée de l'air de la junte birmane a bombardé une école lundi, tuant 22 personnes, dont vingt enfants, selon des témoins, malgré un cessez-le-feu humanitaire à la suite d'un tremblement de terre dévastateur. La frappe a atteint vers 10H00 (03H30 GMT) une école ... Lire la suite

  • Donald Trump à bord d'Air Force One le 4 mai 2025 ( AFP / SAUL LOEB )
    information fournie par AFP 12.05.2025 18:53 

    Donald Trump s'est envolé lundi pour l'Arabie saoudite dans le cadre de sa première tournée au Moyen-Orient depuis son retour au pouvoir, qu'il espère riche en contrats économiques mais qui sera également dominée par les conflits et tensions dans une région en ... Lire la suite