
Des électeurs votent au deuxième tour de l'élection présidentielle, le 1er juin 2025 à Varsovie, en Pologne ( AFP / MATEUSZ SLODKOWSKI )
Les Polonais tranchent dimanche le sort d'une élection présidentielle extrêmement serrée, dont le résultat aura des implications majeures pour la place de leur pays en Europe, mais aussi pour le droit à l'avortement et les personnes LGBT+.
Rafal Trzaskowski, 53 ans, maire pro-UE de Varsovie et allié du gouvernement centriste, affronte au second tour l'historien nationaliste Karol Nawrocki, 42 ans, soutenu par le parti Droit et Justice (PiS) du président conservateur sortant Andrzej Duda.
Les sondages prédisent un scrutin particulièrement serré. M. Nawrocki bénéficie de 50,1% et M. Trzaskowski de 49,9% des intentions de vote, une différence infime qui se situe dans la marge d'erreur.
Un sondage à la sortie des urnes est attendu dès la clôture du scrutin, mais le résultat final ne devrait être connu que lundi.
A 17H00, le taux de participation s'est élevé 54,91%, en hausse par rapport au scrutin présidentiel de 2020 (52,1%).
Les deux candidats ont voté à Varsovie. Avant le vote, M. Trzaskowski a écrit sur Facebook: "Que ce soit une très bonne Journée de l'enfant. Pour tout le monde", le vote coïncidant avec la fête annuelle de l'enfant en Pologne.
"Je vais gagner, a déclaré, quant à lui, M. Nawrocki après avoir voté, La Pologne doit être forte, la Pologne doit être indépendante".
Les bureaux de vote, ouverts depuis 05H00 GMT, fermeront à 19h00 GMT dans ce pays membre de l'UE et de l'Otan, qui borde l'Ukraine et reste un fervent soutien de son voisin qui se défend contre l'invasion armée russe.
"Je vote pour Trzaskowski. Il est instruit, parle plusieurs langues, est intelligent, tout simplement génial", a déclaré Agnieszka Lewinska, une femme de ménage de 56 ans dans la ville de Halinow près de Varsovie.

Le candidat conservateur Karol Nawrocki (2e d) et son épouse Marta Nawrocka (c) votent au deuxième tour de la présidentielle, accompagnés de leurs enfants Daniel (g) et Katarzyna (d), le 1er juin 2025 à Varsovie, en Pologne ( AFP / Sergei GAPON )
Lila Chojecka, une retraitée de Varsovie âgée de 60 ans, a déclaré qu'elle avait voté pour Nawrocki. "Les valeurs catholiques sont importantes pour moi. Je sais qu'il les partage", a-t-elle déclaré à l'AFP, qualifiant le candidat d'"espoir pour la Pologne".
Une victoire de M. Trzaskowski donnerait un grand coup de pouce à l'agenda progressiste du gouvernement dirigé par le Premier ministre Donald Tusk, ancien président du Conseil européen.
Cela pourrait entraîner des changements sociétaux significatifs, comme l'introduction de partenariats civils pour les couples de même sexe et un assouplissement de la législation sur l'avortement, aujourd'hui quasiment interdit.

Le Premier ministre polonais Donald Tusk et son épouse Malgorzata Tusk votent au deuxième tour de la présidentielle, le 1er juin 2025 à Sopot ( AFP / Mateusz SLODKOWSKI )
Après avoir voté dans la ville de Sopot (nord) M. Tusk a estimé que ces élections "étaient particulièrement importantes".
Le président Andrzej Duda a quant à lui appelé les Polonais à aller voter, "à trouver un moment et à prendre en main les affaires polonaises".
Il a également espéré que le nouveau président aurait un mandat fort.
"Dans la mesure du possible, il serait bon que le candidat gagne aussi clairement que possible, afin que ce choix soit clair", a-t-il dit.
Le président en Pologne, pays de 38 millions d'habitants, a le droit de veto sur les lois, et est également le chef des forces armées.
Une victoire de Karol Nawrocki renforcerait le parti populiste Droit et Justice qui a gouverné la Pologne entre 2015 et 2023, et pourrait entraîner de nouvelles élections parlementaires.
De nombreux partisans de Karol Nawrocki veulent des restrictions plus strictes sur l'immigration et une plus grande souveraineté de leur pays au sein de l'Union européenne.
"Nous ne devrions pas céder aux pressions européennes", a dit Agnieszka Prokopiuk, 40 ans, femme au foyer de Bielsko-Biala (est), avant le vote, estimant que la Pologne devaient suivre sa "propre voie".
- Ukraine -
Anna Materska-Sosnowska, analyste politique, a qualifié l'élection de "véritable choc de civilisations" en raison des importantes divergences de politiques entre les candidats.

Le candidat et maire pro-UE de Varsovie, Rafal Trzaskowski (d) et son épouse Malgorzata Trazaskowska (g) votent au deuxième tour de l'élection présidentielle, le 1er juin 2025 à Varsovie, en Pologne ( AFP / Wojtek RADWANSKI )
De nombreux électeurs de Rafal Trzaskowski soutiennent une plus grande intégration au sein de l'UE et une accélération des réformes sociales dans ce pays dont l'économie est en forte croissance.
Pour Malgorzata Wojciechowska, quinquagénaire, guide touristique et enseignante, "malheureusement, les femmes polonaises n'ont pas les mêmes droits que leurs amies européennes".
"J'espère que Rafal Trzaskowski relancera le débat sur l'avortement", a-t-elle confié à l'AFP.
L'élection est également suivie de près en Ukraine, pays voisin qui cherche à renforcer le soutien diplomatique international pour ses négociations difficiles avec la Russie.
Karol Nawrocki, admirateur du président américain Donald Trump, s'oppose à l'adhésion de Kiev à l'Otan et a appelé à des restrictions sur les avantages dont bénéficient environ un million de réfugiés ukrainiens en Pologne.

Des électeurs votent au deuxième tour de l'élection présidentielle, le 1er juin 2025 à Varsovie, en Pologne ( AFP / Wojtek RADWANSKI )
Le résultat final de l'élection devrait dépendre de la capacité de Rafal Trzaskowski à mobiliser suffisamment de partisans, et de la volonté des électeurs d'extrême droite de reporter leur vote sur M. Nawrocki.
Les candidats d'extrême droite ont obtenu au total plus de 21% des voix au premier tour, que M. Trzaskowski a remporté de justesse avec 31% des voix, contre 30% pour M. Nawrocki.
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