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Pas de miracle et un "échec" pour le conclave des retraites
information fournie par AFP 24/06/2025 à 00:18

Le président du Medef Patrick Martin face à la presse à Paris le 23 juin 2025 ( AFP / Alain JOCARD )

Le président du Medef Patrick Martin face à la presse à Paris le 23 juin 2025 ( AFP / Alain JOCARD )

Après quatre mois de concertations, le conclave des retraites s'est finalement soldé par un "échec", ont annoncé lundi soir les partenaires sociaux: c'est aussi un revers pour la méthode de dialogue social promue par François Bayrou.

Le Premier ministre prendra la parole mardi matin à 07H00 à l'Hôtel de Matignon, ont annoncé ses services.

Syndicats et patronat se sont renvoyés la responsabilité de l'impasse.

"Le constat est fait que le patronat ne bougera pas sur la réparation de la pénibilité (c'est-à-dire ouvrir sur des départs anticipés, ndlr) c'est un échec de la négociation", a déclaré Yvan Ricordeau, représentant de la CFDT. "La discussion s'arrête", a-t-il ponctué.

"Cette négociation était jouable, si l'accord ne se fait pas, c'est à cause des organisations patronales", a regretté Pascale Coton, négociatrice de la CFTC. "C'était la première fois que nous avions du +plus+ pour les femmes (propositions de pensions réévaluées pour les mères, ndlr), c'est quelque chose qui me met très en colère", a-t-elle confié.

"Nous regrettons cet échec, c'est dommage pour la démocratie sociale", a commenté Diane Milleron-Deperrois, représentante du Medef. "Au Medef, on a gardé une ligne très claire, en étant constant dans une ligne responsable: on n'était pas en mesure d'augmenter les cotisations salariales et patronales", a-t-elle insisté.

L'après-midi avait commencé par un coup médiatique: Patrick Martin, président du Medef, et Amir Reza-Tofighi, président de la CPME (patronat des petites et moyennes entreprises), convoquant la presse une demi-heure avant la reprise du conclave à 15H00.

Sur le trottoir, devant le bâtiment abritant ces discussions, ils se sont dits confiants dans un accord possible grâce à une "proposition commune" sur "les différents éléments qui sont attendus par les syndicats de salariés", notamment sur les carrières des femmes ou la pénibilité.

Dans ses nouvelles propositions, le patronat a notamment semblé ouvrir une petite porte vers un départ anticipé à la retraite en cas d'usure mais seulement sur avis médical. Insuffisant pour les syndicats, qui veulent une automaticité sur la question et fustigent autant le fond que la forme.

"On demande que la négociation se fasse sur le texte paritaire", déjà sur la table et non sur les nouvelles propositions du Medef, avait alors insisté Yvan Ricordeau.

- "Guet-apens ?" -

Ce dernier avait d'ailleurs interpellé, sur le pavé, le dirigeant du Medef, devant les caméras, après le mini point-presse patronal:

- "Monsieur Martin ? Est-ce que la négociation s'opère sur le texte qu'on a discuté depuis quatre mois ?

- On ne va pas tenir la négociation ici, répond le patron du Medef.

- Pourquoi la partie patronale l'a tentée sur le trottoir, alors ? relance le syndicaliste.

Le président du Medef Patrick Martin, à gauche, et Yvan Ricordeau, négociateur de la CFDT, à droite, le 23 juin 2025, à Paris ( AFP / Alain JOCARD )

Le président du Medef Patrick Martin, à gauche, et Yvan Ricordeau, négociateur de la CFDT, à droite, le 23 juin 2025, à Paris ( AFP / Alain JOCARD )

- C'est quoi ce guet-apens qu'on essaie de me tendre là ? a souri pour couper court le dirigeant du Medef.

- Ça commence bien, ça commence dans la rue", a conclu le représentant de la CFDT.

A l'issue de ce ballet entre patronat et syndicats, Christelle Thieffinne, négociatrice de la CFE-CGC, avait accusé le patronat de "torpiller" la négociation.

Ce processus a déjà laissé des partenaires sociaux sur le bord de la route: FO a tourné les talons dès la première séance et la CGT et l'U2P (patronat pour les artisans) ont jeté l'éponge mi-mars.

La précédente réunion, le 17 juin, s'était achevée sur une prolongation arrachée sur le fil pour éviter l'échec. Une de plus dans une discussion entamée le 27 février et qui devait s'arrêter à l'origine le 28 mai.

- Censure ? -

Le principal point d'achoppement tournait autour de la finalité d'une reconnaissance de l'usure professionnelle: les syndicats y voient une ouverture aux départs anticipés à la retraite, le patronat privilégie d'autres pistes, telles la prévention ou la reconversion.

Pour le reste, il était acquis que l'âge du départ à la retraite ne bougerait pas: sans surprise le Medef s'est montré inflexible sur son maintien à 64 ans. A l'issue de la réunion de la dernière chance, cette mesure phare, et impopulaire, de la réforme Borne de 2023 sera donc toujours en vigueur pour les salariés nés à partir du 1er janvier 1968.

La fin du conclave est aussi un moment de vérité pour François Bayrou, qui a lancé ce nouveau format de discussions après un compromis noué avec les socialistes pour éviter une censure du gouvernement. Et le Premier ministre s'était engagé à en présenter les conclusions devant le Parlement.

"La méthode Bayrou est un échec monumental", a tancé le groupe LFI-NFP dans un communiqué, appelant "tous les groupes de gauche à déposer ensemble une motion de censure".

"Le PS doit assumer cet échec et ses dégâts. Il doit montrer l'exemple pour voter au complet la censure", a averti le chef de file LFI Jean-Luc Mélenchon sur X.

15 commentaires

  • 00:39

    Bayrou et ses meetings inutiles. Un premier ministre ou plutôt un homme politique caractérisé par son inaction.
    On a payé des fainéants pendant 6 mois alors que les Français doivent payer pour ces nantis. Vivement 2007, je suis prêt à essayer autre chose !


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