
( AFP / YUICHI YAMAZAKI )
La hausse des prix à la consommation au Japon a accéléré en juin (+2,6% sur un an hors produits frais), selon des chiffres du gouvernement publiés vendredi qui pourraient inciter la Banque centrale du pays à relever ses taux à la fin du mois.
Cette augmentation est cependant inférieure aux attentes du consensus d'économistes sondés par l'agence Bloomberg (+2,7%), après +2,5% en mai.
"La réduction des aides gouvernementales aux factures d'énergie des ménages est à l'origine" de la hausse de l'inflation de juin, a commenté Stefan Angrick dans une note de Moody's Analytics.
L'inflation s'avère "difficile à maîtriser compte tenu de la diminution des aides publiques, de la répercussion tardive de la hausse des prix à la production sur les prix à la consommation et de la faiblesse du yen", a-t-il ajouté.
Le Japon, confronté pendant des décennies à une inflation quasi inexistante voire à la déflation, a connu un virage ces deux dernières années, avec une hausse des prix à la consommation systématiquement supérieure ou égale à 2% depuis avril 2022.
Dans ce contexte, la Banque du Japon (BoJ), qui vise elle-même une inflation stable autour de 2%, a amorcé en mars la normalisation de sa politique monétaire en mettant fin à ses taux négatifs.
Elle doit poursuivre dans cette voie en précisant le 31 juillet, à l'issue de sa prochaine réunion de politique monétaire, le montant de la réduction de ses achats massifs d'obligations publiques japonaises, qui représentent actuellement quelque 6.000 milliards de yens (35 milliards d'euros) par mois.
En plus de cette mesure de "normalisation en douceur", une partie des analystes s'attend à ce que la banque centrale relève aussi ses taux dès ce mois-ci.
Le maintien d'un cap monétaire très accommodant au Japon contribue à l'extrême faiblesse actuelle du yen, alors que les taux d'intérêt aux Etats-Unis ou en Europe ont fortement augmenté depuis 2022, rendant les actifs en dollar ou dans d'autres monnaies plus attractifs.
Or le cours du yen, tombé début juillet à un nouveau plus bas face au dollar depuis 38 ans, reste fragile malgré plusieurs interventions du gouvernement japonais pour le soutenir depuis avril.
Cette faiblesse pèse sur la consommation des ménages, laquelle est un facteur clé pour alimenter la croissance économique et une inflation saine, tirée par la demande et non par les coûts.
M. Angrick note ainsi le "ralentissement de mesures de prix plus profonde depuis un an, étant donné la quasi-absence de pression sur les prix liée à la demande".
La consommation des foyers nippons a de nouveau reculé en mai en termes réels (corrigés de l'inflation), après une infime reprise en avril, qui faisait elle-même suite à 13 mois de recul.
"Selon nous, le facteur le plus important qui détermine la politique monétaire devrait être la normalisation de l'économie au cours des deux prochaines années", ont commenté les économistes Masamichi Adachi et Go Kurihara dans une récente note d'UBS.
"Nous pensons que la BoJ relèvera son taux directeur lorsqu'elle sera davantage convaincue de ses perspectives économiques et d'inflation", ont-ils ajouté, notant cependant que la faiblesse persistante de la consommation intérieure avait dû mettre à mal cette conviction.
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