
Photo diffusée par le Croissant-Rouge iranien le 14 juin 2025 montrant des bénévoles rassemblés devant un bâtiment détruit lors d'une frappe israélienne à Téhéran ( Iranian Red Crescent / - )
L'Iran a activé sa défense anti-aérienne samedi soir dans neuf provinces dont celle de Téhéran, après que le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a dit vouloir frapper "tous les sites du régime", au deuxième jour d'une attaque sans précédent contre la République islamique.
Le président iranien, Massoud Pezeshkian, a lui promis une riposte "plus forte" contre Israël si son armée poursuivait ses frappes meurtrières, et l'armée israélienne a ensuite fait état de tirs de missiles en provenance d'Iran, appelant la population à se confiner aux abris.
L'armée de l'air israélienne a frappé samedi plusieurs sites, ciblant notamment des systèmes de défense aériens dans la région de Téhéran et des dizaines de lanceurs de missiles. Objectif: démanteler les capacités militaires et nucléaires de son ennemi juré.
Alors que l'armée israélienne avait indiqué plus tôt qu'elle disposait désormais d'une "liberté d'action aérienne dans tout l'ouest de l'Iran, jusqu'à Téhéran", des médias iraniens ont fait état en soirée de l'activation de la défense anti-aérienne à Téhéran et dans sept provinces, dans l'ouest, le sud et le centre.
"Nous allons frapper tous les sites et les cibles du régime", a déclaré M. Netanyahu, affirmant avoir le "soutien manifeste" du président américain Donald Trump. "Nous avons infligé un véritable coup à leur programme nucléaire", a-t-il ajouté.
M. Trump a cependant dit être d'accord avec son homologue russe Vladimir Poutine sur le fait que "la guerre Israël-Iran doit s'arrêter".
Disant disposer de renseignements prouvant que Téhéran s'approchait du "point de non-retour" vers la bombe atomique, Israël a lancé son attaque vendredi, touchant plus de 200 sites militaires et nucléaires.
Le représentant iranien à l'ONU, Amir Saeid Iravani, avait fait état vendredi d'au moins 78 morts et plus de 320 blessés dont une "grande majorité de civils". Une frappe de drone contre une ambulance dans le nord-ouest du pays a fait samedi deux morts, selon le Croissant rouge iranien.
- "Téhéran brûlera" -
En riposte, l'Iran a tiré des missiles dès vendredi vers Israël, pour la plupart interceptés selon l'armée israélienne.
Mais des dégâts importants ont été recensés dans la région de Tel-Aviv (centre), où les secouristes ont fait état de trois morts et de dizaines de blessés.
Alors que les appels à la retenue se multiplient à l'international, le chef de la diplomatie iranienne, Abbas Araghchi, a accusé Israël de précipiter le Moyen-Orient dans un "dangereux cycle de violence".
"Je suis (...) abasourdi par ce qu'il s'est passé", dit Eliyahu Bachar, habitant de Ramat Gan, près de Tel-Aviv. "Nous avons entendu un énorme boum, nous savions que c'était quelque chose de grave", raconte Tal Friedlander, un autre habitant.

Des Iraniens manifestent contre les attaques israéliennes visant l’Iran sur la place Enghelab à Téhéran, le 14 juin 2025 ( AFP / ATTA KENARE )
Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a prévenu que "Téhéran brûlera" si l'Iran continuait à tirer des missiles vers Israël.
Des médias iraniens ont fait état d'attaques dans plusieurs provinces dans le nord-ouest et l'ouest, dont certaines abritent des bases militaires.
Un chef de la police et cinq membres des Gardiens de la Révolution, l'armée idéologique de l'Iran, ont été tués, selon des médias locaux.
Une agence iranienne a fait état d'une frappe contre une raffinerie stratégique dans le sud et l'armée israélienne a affirmé avoir frappé une installation souterraine de lancement de missiles à Khorramabad, dans l'ouest de l'Iran.
- "Confiance en mon pays" -
"C'est normal que la guerre provoque du stress, mais je ne quitterai pas ma ville (…) On a vécu des épisodes similaires dans le passé et j'ai confiance en mon pays", confie Chokouh Razzazi, une femme au foyer de 31 ans, à Téhéran.
L'espace aérien de l'Iran est fermé jusqu'à nouvel ordre, a annoncé l'agence officielle IRNA. En Israël, l'aéroport international Ben Gourion, près de Tel-Aviv, est aussi fermé.
Selon l'agence de presse iranienne Mehr, l'Iran a averti qu'il attaquerait dans la région des cibles des pays qui aideraient Israël à repousser les attaques iraniennes.
Un responsable américain avait indiqué plus tôt que les Etats-Unis avaient aidé Israël à abattre des missiles iraniens. La Grande-Bretagne a dit de son côté envoyer des avions de chasse au Moyen-Orient.
L'Iran est soupçonné par les Occidentaux et par Israël, considéré par des experts comme la seule puissance nucléaire au Moyen-Orient, de vouloir se doter de l'arme atomique. Téhéran dément et défend son droit à développer un programme nucléaire civil.

Carte de l'Iran montrant les sites nucléaires, réacteurs et mines d'uranium ( AFP / Sylvie HUSSON )
Allié d'Israël, M. Trump avait appelé vendredi l'Iran à conclure un accord avec les Etats-Unis sur son programme nucléaire alors qu'un nouveau cycle de pourparlers indirects était prévu dimanche à Oman. Mais Mascate a annoncé samedi que ces discussions n'auraient pas lieu, l'Iran accusant Israël de les avoir sapées.
- Généraux et scientifiques tués -
Parmi les sites nucléaires à avoir été visés figure le centre pilote d'enrichissement d'uranium de Natanz (centre). L'AIEA, citant des informations des autorités iraniennes, a déclaré qu'il avait été détruit dans sa partie en surface.
L'armée israélienne a dit avoir "démantelé" une usine de conversion d'uranium à Ispahan (centre).
L'Iran a fustigé l'AIEA pour son "silence" sur les attaques israéliennes et dit qu'il ne "coopérera plus" avec elle "comme auparavant".

Carte localisant des frappes et explosions suite à l'attaque menée le 13 juin par Israël en Iran, selon des données non exhaustives rapportées par l'ISW, au 13 juin à 15h25 GMT ( AFP / Valentina BRESCHI )
Les frappes israéliennes ont tué les plus haut gradés du pays dont le chef des Gardiens de la Révolution, le général Hossein Salami, le commandant de la force aérospatiale des Gardiens, Amirali Hajizadeh, et le chef d'état-major, le général Mohammad Bagheri. Neuf scientifiques du programme nucléaire iranien ont aussi péri.
Selon l'analyste israélien Michael Horowitz, "Israël a depuis longtemps infiltré plusieurs échelons de l'appareil sécuritaire iranien et profite aussi de l'extrême impopularité du régime qui offre énormément d'opportunités au Mossad", le service de renseignement israélien.

Une photo aérienne montre des bâtiments détruits sur un lieu touché par un missile tiré depuis l'Iran à Ramat Gan dans la région de Tel-Aviv, le 14 juin 2025 ( AFP / Jack GUEZ )
Face à l'escalade militaire, plusieurs compagnies aériennes ont supprimé ou dérouté des vols et les cours du brut ont flambé.
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