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Il faut indexer les salaires sur l'inflation "pour ne pas se voir gruger en permanence", assure François Ruffin
information fournie par Boursorama avec Media Services 16/05/2022 à 10:14

Le député LFI estime qu'il faut trouver des "solutions d'adaptation dans la durée", en opposition aux mesures temporaires, comme les blocages des prix ou les primes.

François Rufin à Paris, le 16 janvier 2022. ( AFP / THOMAS COEX )

François Rufin à Paris, le 16 janvier 2022. ( AFP / THOMAS COEX )

L'inflation est devenue structurelle, et doit donc entraîner automatiquement une hausse des salaires, pour que les travailleurs ne se fassent pas "gruger en permanence", insiste lundi 16 mai le député LFI, François Ruffin.

"On a une inflation qui est structurelle, ce n'est pas conjoncturel lié à la crise en Ukraine, explique-t-il sur RTL . Il faut que les minimas sociaux, les petites retraites et les salaires au moins jusqu'au niveau médian, soient indexés sur l'inflation pour ne pas se voir gruger en permanence."

"Les cinq premières fortunes françaises ont vu leur fortune tripler sous le mandat de Macron", souligne-t-il également.

"Même au-dessus du Smic, il y a des gens qui voient leur pouvoir d'achat être grugé, a estimé François Ruffin. J'invite la société à réfléchir à des solutions d'adaptation dans la durée. On ne va pas s'en sortir avec soit du blocage des prix, soit du côté Macron, des petites primes permanentes. On ne s'en sortira pas comme ça quand on a une inflation qui est désormais structurelle"

Les salaires augmentent bel et bien cette année. Selon la Banque de France, "les négociations de salaire de branche pour 2022 se sont jusqu'ici généralement conclues par des hausses de salaire autour de 3% alors qu'elles étaient plus proches de 1% ces dernières années".

Une mesure abandonnée en 1983

Selon la Dares, le salaire mensuel de base (qui ne comprend ni les primes ni les heures supplémentaires) a bien progressé sur un an de 2,3% au premier trimestre, mais cela reste inférieur à la hausse des prix de 4,6% sur la même période. "Les négociations salariales courent après l'inflation qui n'avait pas été anticipée à ce niveau", résume l'économiste Éric Heyer (OFCE).

En France, l'indexation des salaires du public et du privé sur les prix a été abandonnée en 1983 lors "du tournant de la rigueur". Selon Éric Heyer, depuis, sur une longue période, les salaires n'augmentent que "de 0,5-0,6" quand l'inflation "augmente de 1". Pour autant, quelque deux millions de salariés restent protégés de l'inflation, ceux payés au Smic . Un dispositif de revalorisation automatique, y compris en cours d'année, assure que le salaire minimum progresse au moins aussi vite que les prix. De mai 2021 à mai 2022, le Smic aura ainsi augmenté de 5,9%. Et le gouvernement peut toujours aller au-delà via un coup de pouce. Ce qu'aucun n'a fait depuis 2012.

Mais "la diffusion d'une hausse du Smic vers les autres niveaux de salaires est très faible", relativise l'économiste de l'OFCE.

Pire, la dernière hausse de 2,65%, le 1er mai, fait que "144 branches sur les 171 de plus 5.000 salariés vont avoir des bas de grille en dessous du Smic", avec des employés "qui n'auront pas de progression de salaires" aux premiers niveaux hiérarchiques, déplore Laurent Berger (CFDT).

"À chaque fois qu'il y a une augmentation du Smic, il faut contraindre les branches à négocier dans les trois mois", plaide le dirigeant syndical, suggérant de conditionner à cette fin les aides versées aux entreprises.

Si la banque centrale européenne (BCE) est opposée à une telle indexation -qui n'est guère pratiquée en Europe, sauf en Belgique et au Luxembourg selon des modalités différentes-, c'est par crainte d'une spirale inflationniste, quand les hausses de salaires sont répercutées sur les prix par les entreprises.

Spirale inflationniste ?

"Le risque serait alors de basculer vers une inflation durable et généralisée de 10-15% qui ne pourrait être cassée que par une forte hausse des taux d'intérêt et une récession", explique Éric Heyer.

"Et si on imposait une même hausse à tout le monde, certaines entreprises, qui ont gardé leurs effectifs pendant la crise sanitaire, seraient obligées de licencier ou de mettre la clé sous la porte", selon lui.

Les salaires peuvent aussi augmenter pour d'autres raisons: gains de productivité, rapports de force ou tensions de recrutement comme actuellement. Selon une récente enquête du cabinet de recrutement Robert Half, 77% des Français font du salaire le premier critère pour rejoindre une entreprise.

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16 commentaires

  • 16 mai 15:14

    pardon, je me suis trompé, c'est pas 500 mais 300 Milliards.


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