
Des Palestiniens reviennent d'un point de distribution d'aide alimentaire mis en place par la Fondation humanitaire de Gaza (GHF) sur la route de Salaheddin, au camp de réfugiés de Nousseirat, dans le centre de la bande de Gaza, le 24 juin 2025 ( AFP / Eyad BABA )
La Défense civile de la bande de Gaza a annoncé mardi que 46 personnes attendant de l'aide avaient été tuées et des dizaines d'autres blessées par des tirs israéliens près de centres de distribution dans le territoire palestinien affamé par plus de 20 mois de guerre.
"Vingt et un morts et environ 150 blessés ont été transférés à l'hôpital (...) après que les forces d'occupation israéliennes ont pris pour cible des rassemblements de citoyens attendant de l'aide" entre 2h00 et 6h00 du matin (23h00 GMT et 3h00 GMT) près du carrefour de Netzarim, dans le centre de la bande de Gaza, a déclaré à l'AFP Mahmoud Bassal, porte-parole de cet organisme de premiers secours.
Interrogé par l'AFP, un porte-parole de l'armée israélienne a dit avoir "identifié" dans la nuit un rassemblement proche des positions de soldats israéliens postés au carrefour de Netzarim. Des informations faisant état de blessés à la suite de tirs israéliens font "l'objet d'un examen", a-t-il ajouté.

Des Palestiniens reviennent d'un point de distribution d'aide alimentaire mis en place par la Fondation humanitaire de Gaza (GHF) sur la route de Salaheddin, au camp de réfugiés de Nousseirat, dans le centre de la bande de Gaza, le 24 juin 2025 ( AFP / Eyad BABA )
M. Bassal a ensuite fait état de 25 autres personnes tuées par des tirs israéliens dans le sud de la bande de Gaza, alors que des civils "tentaient d'atteindre un centre humanitaire" près de Rafah en début de matinée.
Interrogée par l'AFP sur ces propos, l'armée israélienne n'a pas réagi.
Des images filmées par un journaliste de l'AFP montrent des personnes blessées et visiblement inconscientes, transportées vers un hôpital.
"Soixante pour cent des blessés qui ont été transférés à l'hôpital de campagne de la Croix-Rouge sont dans un état grave et la plupart d'entre eux vont mourir", a affirmé Ziad Farhat, un ambulancier rencontré à l'hôpital Nasser de Gaza, déconseillant aux gens de "se rendre dans les centres d'aide".
- Médiation -
Compte tenu des restrictions imposées aux médias dans la bande de Gaza et des difficultés d'accès sur le terrain, l'AFP n'est pas en mesure de vérifier de manière indépendante les bilans de la Défense civile.
Paris a condamné "les tirs israéliens ayant touché la nuit dernière des civils rassemblés autour d'un centre de distribution d'aide à Gaza" et appelé Israël à "permettre l'accès immédiat, massif et sans entrave de l'aide humanitaire à Gaza".
Le Qatar, l'Allemagne, la France ont insisté mardi sur l'importance d'une trêve à Gaza, en parallèle du cessez-le-feu annoncé par les Etats-Unis entre Israël et l'Iran.

Une Palestinienne au milieu de personnes blessées par des tirs israéliens à un point de distribution d'aide alimentaire de la Fondation humanitaire de Gaza (GHF), prises en charge à l'hôpital Al-Awda du camp de réfugiés de Nousseirat, dans le centre de la bande de Gaza, le 24 juin 2025 ( AFP / Eyad BABA )
Le Premier ministre du Qatar, pays médiateur entre Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas, a notamment affirmé que Doha travaillait à la reprise de négociations en vue d'un nouveau cessez-le-feu dans la bande de Gaza.
Israël a très partiellement assoupli à la fin du mois de mai un blocus total imposé à la bande de Gaza au début du mois de mars, qui a entraîné de très graves pénuries de nourriture, médicaments et autres biens de première nécessité.
La Fondation humanitaire de Gaza (GHF), organisme au financement opaque soutenu par Israël et les Etats-Unis, gère quatre centres de distribution de colis-repas sur le territoire palestinien assiégé, notamment dans les deux secteurs où ont eu lieu les tirs mardi.
- "Abomination" -
Des milliers de personnes y affluent chaque jour dans l'espoir de recevoir des vivres, ont constaté des correspondants de l'AFP, mais ses distributions donnent lieu à des scènes chaotiques.

Des personnes se recueillent devant le corps d'une personne tuée la veille alors qu'elle tentait d'obtenir de l'aide à un point de distribution près du poste frontière de Zikim sous contrôle israélien, lors d'un service funèbre à l'hôpital Al-Chifa de Gaza, le 24 juin 2025 ( AFP / Omar AL-QATTAA )
Selon le ministère de la Santé du gouvernement du Hamas pour la bande de Gaza, 516 personnes ont été tuées et près de 3.800 blessées par des tirs israéliens depuis la fin du mois de mai en tentant d'atteindre des centres de distribution d'aide alimentaires dans la bande de Gaza.
Le Haut-Commissariat de l'ONU aux droits de l'homme a qualifié mardi de "crime de guerre" l'utilisation de la nourriture comme une arme à Gaza, exhortant l'armée israélienne à "cesser de tirer sur les personnes qui tentent de s'en procurer".
"Le soi-disant +mécanisme+ d'aide récemment créé est une abomination qui humilie et dégrade les personnes désespérées. C'est un piège mortel, coûtant plus de vies qu'il n'en sauve", a également dénoncé Philippe Lazzarini, responsable de l'agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (Unrwa).
L'ONU et des ONG humanitaires refusent de travailler avec la GHF, en raison de préoccupations concernant ses procédés et sa neutralité.
La guerre de Gaza a été déclenchée le 7 octobre 2023 par une attaque sans précédent du Hamas sur Israël ayant entraîné la mort de 1.219 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de données officielles israéliennes.
Plus de 56.077 Palestiniens, majoritairement des civils, ont été tués dans la bande de Gaza dans la campagne militaire de représailles israéliennes, selon des données du ministère de la Santé du Hamas pour Gaza, jugées fiables par l'ONU.
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