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Différend frontalier: nouvelles tensions entre le Cambodge et la Thaïlande, manifestation massive à Phnom Penh
information fournie par AFP 18/06/2025 à 17:46

Des manifestants participent à une marche en soutien aux soldats stationnés à la frontière avec la Thaïlande, le 18 juin 2025 à Phnom Penh, au Cambodge ( AFP / TANG CHHIN Sothy )

Des manifestants participent à une marche en soutien aux soldats stationnés à la frontière avec la Thaïlande, le 18 juin 2025 à Phnom Penh, au Cambodge ( AFP / TANG CHHIN Sothy )

Le Cambodge, où le gouvernement a rassemblé des dizaines de milliers de soutiens, et la Thaïlande se sont accusés mercredi de souffler sur les braises de leur différend frontalier vieux de plusieurs décennies, la fuite d'un appel entre dirigeants des deux camps provoquant une crise politique en Thaïlande.

Portraits de la famille royale, de Hun Sen et Hun Manet, drapeaux frappés du temple d'Angkor... Au rythme de chansons patriotiques, une foule rouge et bleue a défilé mercredi autour du Monument de l'indépendance, au coeur de Phnom Penh.

Pour la première fois depuis la résurgence des frictions fin mai, le conflit, jusque-là contenu à des zones frontalières peu accessibles, a investi en masse les rues de la capitale, marquant le franchissement d'un nouveau jalon dans la démonstration de force qui oppose les deux royaumes.

Si le tracé de leur frontière commune, héritage de la présence française en Indochine, suscite des controverses aussi vieilles que l'indépendance du Cambodge, de tels accès de tensions sont rares entre les deux voisins, liés sur les plans culturel et économique.

Des manifestants participent à une marche en soutien aux soldats stationnés à la frontière avec la Thaïlande, le 18 juin 2025 à Phnom Penh, au Cambodge ( AFP / TANG CHHIN Sothy )

Des manifestants participent à une marche en soutien aux soldats stationnés à la frontière avec la Thaïlande, le 18 juin 2025 à Phnom Penh, au Cambodge ( AFP / TANG CHHIN Sothy )

Au même moment, l'enregistrement partiel d'une discussion téléphonique entre la Première ministre thaïlandaise Paetongtarn Shinawatra et le puissant dirigeant khmer Hun Sen, a fuité sur les réseaux sociaux, provoquant une crise gouvernementale en Thaïlande.

Le parti conservateur Bhumjaithai, deuxième parti de la coalition au pouvoir en Thaïlande, s'est retiré mercredi en déclarant que "le pays, le peuple et l'armée ont perdu leur dignité" en raison de la conduite de Paetongtarn Shinawatra lors de cet appel.

La perte des 69 députés actifs du Bhumjaithai laisse la coalition dirigée par le Pheu Thai de Paetongtarn Shinawatra avec à peine assez de voix pour obtenir la majorité.

Dans l'appel, on entend Paetongtarn Shinawatra s'adresser à Hun Sen en l'appelant "oncle" et en se plaignant de la mauvaise publicité qu'elle subit en raison de la crise.

La cheffe du gouvernement thaïlandais a accusé son interlocuteur d'être à l'origine de la fuite. "Il est clair que son intention est de gagner en popularité, sans se soucier des conséquences sur les relations internationales", a-t-elle asséné.

- Importations interdites -

Hun Sen a dirigé le Cambodge d'une main de fer durant environ 40 ans avant de se retirer au profit de son fils, Hun Manet, en 2023. Actuellement président du Sénat, il conserve une influence considérable sur le destin de son pays.

L'ancien dirigeant a nié avoir publié l'enregistrement, tout en admettant avoir partagé avec "environ 80 personnes", dont des députés et des militaires, sa conversation avec Paetongtarn, survenue dimanche.

Des manifestants participent à une marche en soutien aux soldats stationnés à la frontière avec la Thaïlande, le 18 juin 2025 à Phnom Penh, au Cambodge ( AFP / TANG CHHIN Sothy )

Des manifestants participent à une marche en soutien aux soldats stationnés à la frontière avec la Thaïlande, le 18 juin 2025 à Phnom Penh, au Cambodge ( AFP / TANG CHHIN Sothy )

Dans les rues de Phnom Penh, les manifestants ont envoyé "des encouragements et de l'énergie supplémentaire au gouvernement et à nos soldats", s'est félicité Hun Many, un autre fils de Hun Sen, qui a ouvert la marche aux côtés de moines bouddhistes.

"Quand le pays fait face à une menace ou à des insultes, le peuple khmer ne va pas rester immobile, nous nous dresserons dans un esprit d'unité", a insisté le dirigeant, actuellement vice-Premier ministre.

Le Cambodge et la Thaïlande sont à couteaux tirés depuis la mort d'un soldat cambodgien, le 28 mai, lors d'un échange de tirs avec l'armée thaïlandaise dans une zone disputée. Phnom Penh et Bangkok s'accusent mutuellement d'avoir ouvert les hostilités.

Les deux capitales ont appelé à l'apaisement, mais leur tentative de remédiation par le dialogue, le week-end dernier, semble sans effet.

Depuis, le Cambodge a suspendu l'importation de fruits et de légumes thaïlandais pour protester contre les restrictions de déplacement mises en place par son voisin à des points de passage qui pénalisent des milliers de travailleurs transfrontaliers.

- La CIJ saisie -

L'armée cambodgienne a accusé mardi son homologue thaïlandais d'intensifier son activité à la frontière en utilisant des drones et en creusant des tranchées, ce que la Thaïlande a démenti.

Comme il l'a déjà fait par le passé, le Cambodge a saisi dimanche la Cour internationale de justice (CIJ) au sujet de quatre zones contestées, au grand dam de Bangkok qui pousse pour une solution négociée.

Des manifestants participent à une marche en soutien aux soldats stationnés à la frontière avec la Thaïlande, le 18 juin 2025 à Phnom Penh, au Cambodge ( AFP / TANG CHHIN Sothy )

Des manifestants participent à une marche en soutien aux soldats stationnés à la frontière avec la Thaïlande, le 18 juin 2025 à Phnom Penh, au Cambodge ( AFP / TANG CHHIN Sothy )

Cette action en justice constitue "la meilleure option pour maintenir notre amitié et une bonne coopération avec la Thaïlande", a justifié Hun Manet mardi.

Le tribunal des Nations unies a déjà donné raison au Cambodge deux fois, en 1962 et en 2013, sur la propriété du temple Preah Vihear, classé au patrimoine mondial par l'Unesco, et d'une zone alentour.

"La Thaïlande reste engagée au recours du mécanisme bilatéral (en place depuis 1997, NDLR) pour résoudre les problèmes liés à la frontière avec le Cambodge, dans un esprit sincère et de bonne foi", a répété mercredi le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Nikorndej Balankura.

Des affrontement autour du sanctuaire de Preah Vihear ont conduit à la mort de 28 personnes en 2011, dans ce qui constitue l'épisode le plus meurtrier à ce jour.

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