
Des syndicalistes de la CGT manifestent le 16 octobre 2015 à Paris ( AFP / PATRICK KOVARIK )
Accord ou positions irréconciliables: impulsé par François Bayrou, le "conclave" des partenaires sociaux sur les retraites est entrée mardi matin dans sa dernière journée, avec la prise en compte de la pénibilité en point central des discussions.
Le Premier ministre s'est dit prêt lundi à accorder "quelques jours de plus", au-delà de la date butoir de mardi, aux cinq participants encore présents - CFDT, CFTC, CFE-CGC côté syndical, Medef et CPME côté patronal.
Mais "on n'a pas besoin de plus de temps", "il faut que ça se termine ce soir", a plaidé sur RTL mardi matin, la numéro un de la CFDT Marylise Léon.
Selon elle, "la balle est dans le camp des organisations patronales", notamment sur le sujet de la pénibilité sur lequel il y a "blocage".
En arrivant au conclave mardi matin, le négociateur de la CPME (patronat des petites et moyennes entreprises) Eric Chevée a qualifié d'"insupportable pour nous" la proposition de la CFDT, qui consiste à donner un coup de fouet au compte pénibilité déjà existant pour arriver à faire partir plus tôt les personnes ayant eu un travail pénible.
"Notre proposition est la seule voie de passage", a-t-il dit, en allusion à un dispositif proposé par la CPME, qui consisterait à créer des "points d'usure" pour les personnes "qui doivent porter des charges lourdes, subir des postures pénibles ou des vibrations mécaniques", ouvrant "droit à des formations, des aides à la reconversion".
- "A côté du sujet" -
La question à discuter mardi est de savoir "combien de personnes" pourront "partir plus tôt" du fait qu'ils ont fait un travail usant, a-t-il expliqué.
La négociatrice de la CFTC, Pascale Coton a redit de son côté à son arrivée que le passage à 66 ans de l'âge de départ sans décote (contre 67 ans) était également "vraiment une ligne rouge" pour son organisation. "C'est un mandat que j'ai de mon organisation, on ne peut pas faire autrement".

Le Premier ministre François Bayrou, le 13 juin 2025 à Saint-Rémy-de-Provence ( AFP / GABRIEL BOUYS )
Lundi, François Bayrou a manifestement pris de court les participants en lançant une proposition de dernière minute: accorder une "prime" aux salariés seniors.
Sur RTL, Mme Léon s'est dite "sceptique", en notant que "ça arrive un peu tard", que "ce n'est pas chiffré", ajoutant ne pas être "sûre que ça soit le problème du régime des retraites en fait".
Pour le président de la CPME, Amir Reza-Tofighi, "ce n'est pas là le sujet". Cette prime "ne permettra pas d'avoir un accord avec les syndicats", a-t-il jugé sur RMC.
"C'est complètement à côté du sujet", a tranché Sophie Binet (CGT, syndicat parti du conclave en mars) sur franceinfo, en notant que globalement, "la stratégie du patronat, c'est de concéder quelques miettes pour graver dans le marbre les 64 ans".
- "50/50" -
Pour le Premier ministre, qui avait lancé ce nouveau format de discussions après un compromis noué avec les socialistes pour éviter une censure du gouvernement, la fin du conclave est un instant de vérité.
François Bayrou s'était alors engagé à présenter un éventuel accord des partenaires sociaux devant le Parlement.
Dimanche, tant Marylise Léon que Patrick Martin, le président du Medef, ont estimé à 50/50 la probabilité que le conclave arrive à un accord.
Même si ça ne faisait pas grand mystère depuis le début, le Medef a entériné depuis mardi dernier qu'il ne bougerait pas sur l'âge de départ à 64 ans.
Cela ne signifie pas forcément une fin de non-recevoir pour les syndicats.

De gauche à droite: le président du Medef Patrick Martin (veste grise), la secrétaire générale de la CFDT Marylise Léon et celle de la CGT Sophie Binet, le 15 avril 2025 à Paris ( AFP / Alain JOCARD )
Tout dépendra de ce que le patronat lâchera en termes de carrière des femmes, de pénibilité, ou d'augmentation de cotisation.
Car au-delà des aménagements qui pourraient être apportés à la réforme Borne, les partenaires sociaux doivent aussi parvenir à trouver les recettes financières pour permettre le retour à l'équilibre du système des retraites en 2030, alors que la prévision de déficit pour cette échéance est aujourd'hui de 6,6 milliards d'euros.
Pour les sources de financement, les syndicats ne rejettent pas l'idée que les retraités puissent être mis à contribution. Les scénarios envisagés tournent autour d'une sous-indexation des retraites sur l'inflation - comme c'est déjà le cas pour les retraites complémentaires Agirc-Arrco - ou d'une augmentation des taux de CSG susceptible d'épargner les retraités modestes.
Mais "Medef et CPME ne veulent pas participer à l'effort financier", grince Pascale Coton pour la CFTC: les organisations patronales refusent en effet d'augmenter les cotisations salariales ou patronales.
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