Donald Trump a annoncé vendredi la nomination de Scott Bessent au poste de 79e secrétaire au Trésor américain. Ce dernier sera le fer de lance des politiques économiques du président élu, porteuses de croissance économique à court terme mais aussi d'inflation selon les marchés.
Voici cinq données clés que le futur secrétaire au Trésor pourrait vouloir garder à l'œil :
L'EXPLOSION DE LA DETTE AMÉRICAINE
Les États-Unis sont déjà endettés à hauteur de plus de 35.000 milliards de dollars, dont environ 28.000 milliards sont placés sur le marché obligataire mondial sous la forme de bons du Trésor américain.
La dette totale a augmenté de plus de 7.800 milliards de dollars au cours du premier mandat de Donald Trump, les bons du Trésor ayant augmenté de 7.200 milliards de dollars. Sous la présidence de Joe Biden, la dette totale a encore augmenté de 8.200 milliards de dollars, dont près de 7.000 milliards de dollars de nouvelle dette sous forme de bons du Trésor.
Selon les dernières prévisions du Congressional Budget Office (CBO), qui ne tiennent pas compte des ambitions de Donald Trump en matière de réductions d'impôts et de droits de douane, ces chiffres pourraient atteindre respectivement 42.000 milliards et 35.000 milliards de dollars d'ici à la fin de 2028, juste avant l'expiration du second mandat du président républicain élu à la Maison blanche.
Souvent présenté comme l'actif le plus sûr de la planète, le marché des bons du Trésor est néanmoins devenu de plus en plus sensible à la croissance rapide de la dette fédérale, et l'on se demande combien de temps encore les investisseurs mondiaux seront prêts à financer les engagements du pays à des taux d'intérêt avantageux.
LE DÉFICIT DÉPASSE LA CROISSANCE
Scott Bessent devra espérer que les réductions d'impôt voulues par Donald Trump, qui diminueront de fait les recettes fiscales, stimuleront la croissance économique à un rythme supérieur à celui du déficit budgétaire fédéral.
Le futur secrétaire au Trésor a déclaré qu'il souhaitait réduire le déficit à 3% du produit intérieur brut (PIB). Pour l'exercice 2024, achevé le 30 septembre, le déficit représentait 7,8% du PIB réel (corrigé de l'inflation). Il n'a pas été inférieur ou égal à 3% depuis 2015, sous l'administration Obama.
Au cours du premier mandat de Donald Trump, ce déficit a oscillé entre 3,4% pour l'exercice 2017 et 15,2% pour l'exercice 2020, année au cours de laquelle les dépenses liées à la lutte contre la pandémie de COVID-19 ont fait exploser le déficit.
Le CBO prévoit un déficit à 6,1% l'année prochaine et à 5,6% juste avant que Donald Trump ne quitte ses fonctions. Le déficit recommence ensuite à augmenter à partir de 2030.
INTÉRÊTS DE LA DETTE
Le coût du service de la dette fédérale dépassera pour la première fois 1.000 milliards de dollars au cours de l'exercice 2024, en raison de l'augmentation de la dette et de la hausse des coûts d'emprunts résultant de deux années d'augmentation des taux d'intérêt de la Réserve fédérale américaine (Fed) pour contenir l'inflation.
Au cours du dernier exercice, seul le programme de retraite de la sécurité sociale a coûté plus cher.
Alors même que la Fed a commencé à réduire les taux d'intérêt, les rendements des obligations du Trésor ont considérablement augmenté au cours des deux derniers mois en prévision de l'entrée en vigueur d'une grande partie du programme de Donald Trump - et les coûts d'emprunt du pays ont continué d'augmenter avec eux.
Jusqu'à présent, les récentes adjudications de nouvelles obligations américaines ont été bien accueillies, mais cela n'est pas garanti si la taille du marché continue de croître rapidement.
UN BILLET VERT EN PLEINE EFFERVESCENCE
Le dollar américain s'est envolé, grimpant de plus de 7% depuis la fin septembre par rapport à un panier formé des principales devises, pour atteindre son niveau le plus élevé depuis environ deux ans.
Un dollar fort contribuera à atténuer l'élan inflationniste du programme économique de Donald Trump, les effets de change rendant les produits importés moins chers. Mais cela pèsera sur les exportations, compliquant tout effort pour réduire le déficit commercial, même avec des hausses de droits de douane.
PROCHAIN DIRIGEANT DE LA FED
Scott Bessent sera, en outre, le principal agent de liaison entre la Fed et l'administration Trump. L'actuel président de la Fed, Jerome Powell, rencontre régulièrement le secrétaire au Trésor.
Donald Trump n'a pas caché son hostilité à Jerome Powell peu de temps après l'avoir nommé à la tête de la Fed, critiquant la poursuite du cycle de hausse des taux.
Si l'heure est désormais à l'assouplissement monétaire, celui-ci pourrait se dérouler de façon plus progressive que prévu par les responsables de la banque centrale eux-mêmes - et pas aussi vite que souhaité par le président élu.
L'inflation tarde à revenir à l'objectif de 2% de la Fed et le marché de l'emploi - autre objectif du double mandat de la banque centrale - reste plutôt sain.
Le mandat de Jerome Powell expire en mai 2026 et Scott Bessent pourrait être une voix influente pour conseiller Donald sur le choix du prochain dirigeant de la banque centrale.
Par le passé, le gestionnaire de fonds a lancé l'idée de nommer le successeur de Jerome Powell le plus tôt possible afin d'affaiblir l'autorité de ce dernier - une nomination dite de "président fantôme". Il s'est depuis rétracté.
(Rédigé par Dan Burns ; version française Bertrand de Meyer, édité par Blandine Hénault)
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