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Caricature en Turquie: les quatre membres du magazine en détention
information fournie par AFP 02/07/2025 à 20:18

Des manifestants protestent contre les dessinateurs d'un magazine satirique suite aux allégations de publication d'une caricature du prophète Mahomet, devant la mosquée de Taksim à Istanbul, le 1er juillet 2025 ( AFP / Ozan KOSE )

Des manifestants protestent contre les dessinateurs d'un magazine satirique suite aux allégations de publication d'une caricature du prophète Mahomet, devant la mosquée de Taksim à Istanbul, le 1er juillet 2025 ( AFP / Ozan KOSE )

Les quatre membres et responsables du magazine satirique turc Leman, accusé d'avoir publié une caricature du prophète, ont été placés en détention mercredi malgré leurs dénégations et les appels inquiets à protéger la liberté de la presse.

Le directeur du contrôle de gestion Ali Yavuz, le graphiste Cebrail Okçu, l'auteur du dessin Dogan Pehlevan et le directeur de la rédaction Zafer Aknar, qui tous nient tout lien entre le dessin et Mahomet, avaient été interpellés lundi soir, déclenchant une série d'incidents.

"Quatre suspects, interpellés dans le cadre de l'enquête ouverte par le parquet d'Istanbul concernant le dessin irrespectueux du prophète Mahomet, ont été placés en détention. Un mandat d'arrêt a été émis contre deux suspects se trouvant à l'étranger. L'enquête se poursuit avec la plus grande attention", a annoncé sur X le ministre de la Justice Yilmaz Tunç.

La publication du dessin en cause le 25 juin puis l'interpellation des membres de Leman, magazine satirique d'opposition, une semaine plus tard, ont donné lieu à des heurts lundi soir à Istanbul.

Selon le site d'information T24 qui rapporte sa déposition devant la police, le dessinateur de Leman, Dogan Pehlevan, a affirmé vouloir "parler de paix dans ce dessin" et dénoncé les agissements de "provocateurs".

"Je dessine en Turquie depuis de nombreuses années. La première règle que l'on apprend est de ne pas aborder les questions religieuses et de ne pas se moquer de la religion. J'ai toujours adhéré à ce principe. Je récuse les accusations portées contre moi", a-t-il déclaré.

Le dessin en question montre deux personnages se rencontrant au ciel au-dessus d'une ville écrasée sous les bombes, l'un appelé Mohammed l'autre Musa (Moïse).

- "L'absurdité de la guerre" -

"J'ai juste voulu souligner l'absurdité de la guerre; montrer que les âmes peuvent s'entendre mais faut-il être mort pour s'en rendre compte ? C'est mon seul message", a insisté M. Pehlevan.

Lundi soir, le bar favori des employés de la revue Leman a été attaqué dans le quartier d'Istiklal. L'incident a dégénéré en bataille rangée de quelque 300 personnes avec les défenseurs de Leman, rendus furieux par les arrestations.

Mardi le président Recep Tayyip Erdogan a fustigé une "provocation infâme" et un "crime de haine", dont les auteurs devront rendre compte pour "avoir manqué de respect au prophète".

Malgré une interdiction de rassemblement, environ 300 personnes se sont également retrouvées autour de la mosquée de Taksim, au centre d'Istanbul, aux cris de "Leman, salauds, n'oublie pas Charlie Hebdo" - référence explicite aux attentats jihadistes contre l'hebdomadaire satirique français qui ont fait 12 morts et 11 blessés en janvier 2015.

Joint par l'AFP, le rédacteur en chef de Leman, Tuncay Akgun, a affirmé que le dessin en cause "n'a rien à voir avec le prophète Mahomet. Nous ne prendrions jamais un tel risque".

"Le personnage est un musulman tué à Gaza (...) Il a été appelé Mohammed (comme) plus de 200 millions de personnes dans le monde musulman", a-t-il défendu.

Dans une déclaration commune, le Syndicat de la presse (TGS) et les organisations professionnelles disent observer "avec une grande inquiétude la récente augmentation des attaques et des discours violents (...) en raison d'une caricature publiée dans Leman Magazine".

De leur côté, Reporters sans frontières (RSF), le réseau international Cartooning for Peace et l'association américaine Cartoonist Rights ont déploré, dans un communiqué, "une nouvelle attaque contre la liberté de la presse en Turquie" et appelé les autorités turques à "garantir la sécurité de l'ensemble de la rédaction menacée".

Terry Anderson, de Cartoonists Rights, a en outre dénoncé un "mensonge" exploité "par des opportunistes politiques à des fins d'intimidation et de répression".

Par ailleurs, de nombreux Turcs et les organisations de presse dressaient mercredi un parallèle entre l'attaque contre Leman et le massacre de Sivas (est) le 2 juillet 1993: 33 personnes, artistes et intellectuels alévis (une secte dérivée du chiisme), avaient été brûlées vives dans leur hôtel par des islamistes radicaux.

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