par Leika Kihara
La Banque du Japon (BoJ) devrait laisser ses taux d'intérêt inchangés la semaine prochaine et envisager de ralentir le rythme de ses achats d'obligations à partir d'avril 2026, une décision qui indiquerait sa préférence pour une approche prudente dans la normalisation d'une politique monétaire encore souple.
Le gouverneur de la BoJ, Kazuo Ueda, pourrait toutefois adopter un ton moins "dovish" sur les perspectives concernant les taux en raison des espoirs de désescalade des tensions commerciales provoquées par les droits de douane américains et de la persistance de l'inflation des denrées alimentaires, selon les analystes.
"Si les négociations commerciales entre les pays se poursuivent et que l'incertitude sur les politiques commerciales diminue, les économies d'outre-mer reprendront une trajectoire de croissance modérée. Cela, à son tour, accélérera la croissance économique du Japon", a déclaré le gouverneur dans un discours la semaine dernière, signalant la volonté de la BOJ de continuer à augmenter les taux.
La banque centrale devrait laisser son taux directeur à court terme inchangé à 0,5% lors de sa réunion de deux jours qui se terminera le 17 juin.
Les marchés se concentrent également sur l'examen d'un plan visant à ralentir le rythme d'achats d'obligations qui court jusqu'à la fin du mois de mars, et sur l'annonce d'un nouveau programme pour la nouvelle année fiscale commençant en avril 2026.
Des sources ont déclaré cette semaine à Reuters que le Japon envisageait de racheter certaines obligations d'État à très long terme émises dans le passé à des taux d'intérêt peu élevés.
Les rendements des JGB à très long terme ont atteint des niveaux record le mois dernier, en raison de l'affaiblissement de la demande de la part des acheteurs traditionnels et des inquiétudes des marchés face à l'augmentation des niveaux d'endettement.
De nombreux analystes s'attendent à ce que la BoJ réduise l'ampleur de ses réductions trimestrielles d'achats d'obligations à environ 200 milliards de yens à partir de l'exercice 2026, soit à la moitié des réduction envisagées dans le plan actuel élaboré l'année dernière.
"Le processus de réduction s'est déroulé sans heurts jusqu'à présent, même s'il est logique de donner aux marchés une certaine marge de manoeuvre", a déclaré une source au fait des réflexions de la banque centrale.
"L'approche de base de la BoJ est de laisser les forces du marché conduire les mouvements des rendements (...) Mais elle doit également s'assurer que la réduction des émissions d'obligations ne provoque pas d'importantes perturbations sur le marché", a dit une deuxième source.
LES PRIX DU RIZ EN LIGNE DE MIRE
La BoJ a commencé à réduire ses achats massifs d'obligations l'année dernière, dans le cadre de ses efforts pour sevrer l'économie d'une décennie de mesures de relance massives, et a également relevé les taux à court terme à 0,5% en janvier, estimant que le Japon progressait vers la réalisation durable de son objectif d'inflation de 2%.
Depuis lors, les risques posés par les droits de douane américains, l'économie japonaise étant fortement exportatrice, ont repoussé les paris sur le calendrier de la prochaine augmentation des coûts d'emprunt.
Kazuo Ueda devrait tenir une conférence de presse à 06h30 GMT le 17 juin pour expliquer la décision politique de la BOJ.
La banque centrale a fortement réduit ses prévisions de croissance et d'inflation lors de sa dernière réunion le 1er mai, à un moment où la volatilité des marchés était à son comble en raison des craintes que la politique commerciale des États-Unis n'entraîne une récession mondiale.
La nervosité des marchés s'est quelque peu atténuée depuis que Washington a adopté un ton plus conciliant dans les négociations commerciales, y compris avec la Chine, avec laquelle Washington tient des négociations commerciales de haut niveau à Londres cette semaine.
Le Japon n'a pas encore conclu d'accord commercial avec les États-Unis.
Certains analystes estiment que la BoJ pourrait ne pas pouvoir se permettre de laisser ses taux inchangés trop longtemps en raison des pressions inflationnistes liées à la persistance des prix élevés des denrées alimentaires, en particulier du riz, aliment de base des Japonais.
L'inflation de base du Japon est supérieure à l'objectif de 2% fixé par la banque centrale depuis plus de trois ans et elle est ressorti à 3,5% en avril, son niveau le plus élevé depuis plus de deux ans, en grande partie en raison d'une hausse de 7% des prix des denrées alimentaires.
Selon Kazuo Ueda, cette poussée de l'inflation des prix des denrées alimentaires peut s'expliquer par des chocs d'offre, qui s'ajoutent à la dynamique inflationniste provoquée par la hausse des salaires.
(Reportage Leika Kihara ; version française Diana Mandia, édité par Kate Entringer)
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