
Le Premier ministre François Bayrou en déplacement à la prison de Saint-Quentin-Fallavier (Isère) le 23 avril 2025 ( AFP / OLIVIER CHASSIGNOLE )
François Bayrou s'apprête la semaine prochaine à gravir deux nouveaux sommets de "l'Himalaya", à commencer par la conclusion très incertaine du "conclave" des retraites, avant la présentation à la mi-juillet du budget, que le Premier ministre reste déterminé à placer sous le signe de l'austérité, quitte à y laisser sa place.
Le chef du gouvernement, qui met régulièrement en avant cette chaîne de montagnes comme autant d'obstacles à son action, s'est dit "confiant" jeudi sur la possibilité d'un accord mardi entre partenaires sociaux, malgré leur point de blocage sur l'âge de la retraite à 64 ans.
Mais même sans mesure d'âge, François Bayrou, qui avait obtenu en retour de cette remise à plat de la réforme Borne que les socialistes ne le censurent pas, espère un accord qu'il a promis de soumettre au Parlement. Il s'agirait pour ce grand défenseur de la "démocratie sociale" de montrer "la capacité des institutions sociales à discuter, à avancer", explique un proche.
Avec l'idée que syndicats et patronat se saisissent ensuite du dossier plus large du modèle social, pointé du doigt dans l'équation budgétaire.
Le gouvernement privilégie pour son prochain budget la réduction des dépenses à une augmentation de la fiscalité, pour dégager 40 milliards d'euros d'économies, réparties entre Etat, Sécurité sociale et collectivités locales, et réduire le déficit public.
- "Compromis aussi" -
Malgré ces difficultés, le risque d'une censure avant l'été semble s'éloigner, sur ce sujet comme sur le plan d'économies que François Bayrou doit présenter après la fin de la session parlementaire le 11 juillet. Ce qui empêchera le dépôt d'une motion de censure avant la rentrée des députés le 22 septembre.
"+Si je propose un budget avec des économies drastiques, j'ai une censure dans les 15 jours+", avait reconnu l'intéressé lors d'une réunion de ses soutiens à Matignon, selon un participant.
Olivier Faure, réélu à la tête d'un Parti socialiste divisé, en congrès ce week-end, reste prudent: "tout est sujet de censure mais tout est sujet de compromis aussi".
Côté Rassemblement national, si le député Jean-Philippe Tanguy défend "une pression politique" pour provoquer une nouvelle dissolution, la présidente de son groupe Marine Le Pen n'y aurait aucun intérêt puisqu'elle ne pourrait pas se représenter du fait de son inéligibilité.
Au sein du groupe Les Républicains, "le ton se durcit beaucoup sur Bayrou, mais pas au point de le censurer" car "la question, c'est le changer pour faire quoi ?", rapporte un cadre LR.
François Bayrou préconise un plan "global" d'économies, qui pourrait notamment passer, selon plusieurs sources, par une "année blanche" (gel budgétaire) sauf pour les armées.
- "Champ d'honneur" -
Reste à savoir si le chef du gouvernement demandera à Emmanuel Macron de soumettre à référendum son plan de rétablissement des finances publiques, comme il en avait émis l'idée début mai.
"L'idée ce n'est pas de faire un brûlot (budgétaire) en espérant tomber au champ d'honneur" sous la censure, décrypte un fidèle, mais "d'abord essayer de faire adopter" un texte "parce que la stabilité politique, elle a de la valeur". "Après, François Bayrou ne veut pas durer pour durer".
Contempteur depuis des décennies de la dette publique, François Bayrou "ne remettra pas en cause sa conviction profonde" qui est d'équilibrer les comptes, complète un ministre. En cas de censure "il dira +j’ai fait le maximum+", observe le même.
Pierre Mendès France "n'est resté que 8 mois et on en parle encore", fait remarquer en privé le chef du gouvernement à propos de son lointain prédécesseur.
Une idée mitigée dans le camp présidentiel par ce que certains perçoivent comme une envie de durer. "Il va d’abord être dans un truc sacrificiel puis il lâchera potentiellement tout", pense un ancien ministre Renaissance.
A moins que François Bayrou parte de lui-même en "martyr". "Je le vois mal partir sur les municipales à Pau tout en étant Premier ministre", une fonction "éphémère alors que Pau c'est toute sa vie", note un député socialiste.
Un cacique du camp présidentiel pense qu'il cherche surtout "une sortie pour se présenter en 2027".
C'est un homme politique "insubmersible", souligne une source ministérielle. Alors "s'il fait passer deux budgets" et "tient plus longtemps que Gabriel Attal", resté 8 mois à Matignon, où François Bayrou approche des six mois, "il ira" à la présidentielle.
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