
Croquis d'audience représentant Mohamed Lamine Aberouz (en blanc), le 25 septembre 2023 à son procès à Paris ( AFP / Benoit PEYRUCQ )
Larossi Abballa, assassin d'un couple de policiers à leur domicile de Magnanville (Yvelines) le 13 juin 2016, a-t-il agi seul ou avec un complice ? Le sort de Mohamed Lamine Aberouz dépend de la réponse que la cour d'assises spéciale de Paris donnera samedi à cette question.
Le Franco-Marocain de 31 ans est jugé en appel devant la cour d'assises pour complicité d'assassinat d'une personne dépositaire de l'autorité publique, complicité de séquestration d'un mineur de moins de 15 ans et association de malfaiteurs terroriste.
Reconnu coupable de tous ces chefs d'accusation en première instance, Mohamed Lamine Aberouz a été condamné à la réclusion criminelle à perpétuité assortie d'une période de sûreté de 22 ans.
Vendredi, l'avocate générale Naïma Rudloff a demandé à la cour composée de sept magistrats professionnels de confirmer le jugement de première instance.
Le soir du 13 juin 2016, Jessica Schneider, 36 ans, fonctionnaire de police au commissariat de Mantes-la-Jolie, a été égorgée à son domicile sous les yeux de son fils de trois ans. Un peu plus tard, son compagnon, Jean-Baptiste Salvaing, 42 ans, commandant au commissariat des Mureaux, a été poignardé de neuf coups de couteau alors qu'il s'apprêtait à rentrer chez lui. Un même assassin: Larossi Abballa, ami de l'accusé.
Adepte d'un islam rigoriste, déjà condamné dans une affaire d'attentat jihadiste, Mohamed Lamine Aberouz n'a cessé de proclamer son innocence dans cette affaire en affirmant que Larossi Abballa avait agi seul.
Il aura l'occasion de s'exprimer une dernière fois samedi à la reprise de l'audience à 09H30.
Pour l'avocate générale, l'accusé "était sur les lieux du crime" le soir du 13 juin 2016 sans contestation possible. Mohamed Lamine Aberouz est un "membre à part entière de l'Etat islamique". "Il a agi en jihadiste", a-t-elle insisté.
Les "dénégations" de l'accusé "ne résistent pas au dossier", a-t-elle dit.
- "J'ai une conviction" -

Un policier dépose des fleurs à Magnanville, le 15 juin 2016 après l'assasinat d'un couple de policiers ( AFP / MATTHIEU ALEXANDRE )
"Le déroulé des faits confirme que cela n'a pu se réaliser qu'en présence d'un deuxième homme. Peut-on imaginer un homme, en plein jour, attaquer deux policiers potentiellement armés ?", demande-t-elle.
Un homme seul n'aurait pas pu gérer les réactions de l'enfant de 3 ans, par nature "imprévisibles", poursuit-elle.
Il fallait également un complice à l'intérieur du domicile pour signaler à Larossi Abballa l'arrivée de Jean-Baptiste Salvaing, a souligné la magistrate.
Me Vincent Brengarth, un des avocats de l'accusé, a plaidé quant à lui l'acquittement de son client au bénéfice du doute en mettant en avant le manque "d'éléments concrets" pour appuyer les "hypothèses" de l'accusation. "J'ai une conviction: l'innocence de Mohamed Lamine Aberouz", a-t-il dit.
Le principal élément à charge contre Mohamed Lamine Aberouz, "ennemi" de la France selon l'avocat de parties civiles, Me Thibault de Montbrial, demeure une trace ADN retrouvée sur le repose-poignet droit de l'ordinateur personnel du couple de policiers.
Si l'accusation soutient qu'il s'agit d'un "ADN de contact primaire", la défense affirme qu'il s'agit "d'un transfert" d'ADN apporté sur les lieux par l'assassin. Des experts, cités à la barre, ont refusé de trancher entre ces deux hypothèses.
"L'ADN n'est pas la reine des preuves mais un élément du puzzle qui va permettre de trancher l'innocence ou la culpabilité d'un individu", a résumé Olivier Pascal, directeur général de l'Institut français des empreintes génétiques.
Les magistrats de première instance avaient abondé dans le sens de l'accusation en affirmant que "l'hypothèse d'un transfert secondaire (devait) être écartée, les éléments du dossier établissant à l'inverse un dépôt direct de l'ADN sans mélange de Mohamed Lamine Aberouz" sur la scène de crime.
Les magistrats de la cour d'appel auront-ils un avis différent ? C'est tout l'enjeu du procès.
Le verdict est attendu dans l'après-midi ou en début de soirée.
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