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Harvard: une juge va bloquer la décision de Trump sur les étudiants étrangers
information fournie par AFP 29/05/2025 à 23:07

Des diplômés assistent à la cérémonie de remise des diplômes à l'Université Harvard à Cambridge, dans le Massachusetts, le 29 mai 2025 ( AFP / Rick Friedman )

Des diplômés assistent à la cérémonie de remise des diplômes à l'Université Harvard à Cambridge, dans le Massachusetts, le 29 mai 2025 ( AFP / Rick Friedman )

En pleine bataille judiciaire avec le gouvernement de Donald Trump, Harvard a remis jeudi ses diplômes avec une bonne nouvelle à la clé: la suspension, annoncée par une juge, de l'interdiction d'accueillir des étudiants étrangers.

Traditionnellement marquée par des discours émouvants d'étudiants portant toge et toque à Cambridge, près de Boston (nord-est), cette cérémonie survient au moment où le président américain exerce une pression sans précédent sur la plus ancienne université des Etats-Unis.

Donald Trump veut lui interdire d'accueillir des étudiants étrangers, a supprimé ses contrats avec le gouvernement fédéral, réduit ses subventions de plusieurs milliards de dollars et remis en cause son statut d'établissement exonéré d'impôts.

Le président de Harvard Alan Garber a soulevé une tempête d'applaudissements en mentionnant dans son discours jeudi la présence à la cérémonie des étudiants étrangers avec leurs familles, "comme il se doit", sans évoquer directement la bataille judiciaire avec l'administration Trump.

"Poursuivre joyeusement les processions et les célébrations est en soi un acte de résistance", a déclaré à l'AFP Madeleine Riskin-Kutz, une étudiante franco-américaine.

En parallèle, une juge fédérale de Boston a tenu jeudi une audience sur la prorogation d'un sursis de quelques jours qu'elle avait déjà octroyé à Harvard sur l'accueil des étudiants étrangers.

La juge Allison Burroughs a indiqué lors de cette audience qu'elle allait bien bloquer, pour une période encore non précisée, cette mesure de l'administration Trump qui avait semé la consternation chez les étudiants et dans les milieux de l'enseignement supérieur aux Etats-Unis.

- "Purgatoire" -

"Nos étudiants sont terrifiés et il y en a déjà qui partent" vers d'autres établissements, a déclaré à l'audience Ian Gershengorn, avocat de l'université.

"Harvard est devenu un purgatoire. Que doit désormais faire un étudiant international ?", a dit un professeur de droit qui a assisté à l'audience mais a souhaité rester anonyme.

Les étudiants et chercheurs étrangers de Harvard sont "nombreux à faire état d'une détresse émotionnelle importante qui affecte leur santé mentale et rend difficile la concentration sur leurs études", déplorait mercredi Maureen Martin, directrice des services d'immigration de l'université.

L'institution universitaire s'est attiré les foudres de Donald Trump en prenant la tête de la résistance à sa volonté de contrôler les recrutements, le contenu des programmes ou encore les orientations des universités dans le domaine de la recherche.

- "Vérité" et "inclusion" -

Part d'étudiants étrangers dans les universités américaines d'au moins 1000 étudiants inscrits à l'automne 2023, selon les données du Centre national américain des données statistiques sur l'éducation ( AFP / Nalini LEPETIT-CHELLA )

Part d'étudiants étrangers dans les universités américaines d'au moins 1000 étudiants inscrits à l'automne 2023, selon les données du Centre national américain des données statistiques sur l'éducation ( AFP / Nalini LEPETIT-CHELLA )

Depuis son retour à la Maison Blanche en janvier, le président s'est lancé dans une vaste campagne contre des universités qu'il accuse de propager une idéologie woke. Par ce terme qu'ils considèrent comme péjoratif, les conservateurs dénoncent ce qu’ils voient comme un excès de militantisme en faveur notamment des minorités.

Donald Trump leur reproche notamment leurs politiques de promotion de la diversité ou encore d'avoir laissé proliférer des manifestations contre la guerre menée par Israël dans la bande de Gaza, qu'il assimile à de "l'antisémitisme".

"Harvard manque beaucoup de respect à notre pays et ne fait que s'enfoncer de plus en plus", avait-il déclaré mercredi. La ministre de la Sécurité intérieure, Kristi Noem, a renchéri jeudi en qualifiant le refus de Harvard de se plier aux mesures du gouvernement de "dédain à l'égard du peuple américain".

Des étudiants sur le campus de l'Université Columbia, le 14 avril 2025 à New York ( AFP / CHARLY TRIBALLEAU )

Des étudiants sur le campus de l'Université Columbia, le 14 avril 2025 à New York ( AFP / CHARLY TRIBALLEAU )

"Parfois, ils n'aiment pas ce que nous représentons", avait pour sa part estimé mardi Alan Garber sur la radio NPR, en référence à l'administration Trump.

Il a reconnu des problèmes d'antisémitisme à Harvard. Mais "ce qui laisse perplexe, c'est que les mesures qu'ils ont prises pour résoudre ces problèmes ne touchent même pas les personnes qui en sont selon eux à l'origine", avait-il affirmé.

La star du basket et militant des droits humains Kareem Abdul-Jabbar, qui s'était adressé mercredi à la promotion 2025, a comparé le combat d'Alan Garber à celui de Rosa Parks, icône de la lutte pour les droits civiques contre la ségrégation raciale.

Pour Uzma Farheen, une étudiante indienne qui vient d'effectuer un master en santé publique, la cérémonie de jeudi visait à faire passer un message. "Nous sommes unis pour montrer en choeur ce que Harvard représente: la vérité, l'intégrité et l'inclusion", a-t-elle dit à l'AFP.

7 commentaires

  • 30 mai 10:24

    Nos sociétés occidentales sont et seront totalement diluées dans d'autres valeurs que celles qui les ont faites prospérer.


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