
Le co-président de Place publique Raphaël Glucksmann à la sortie de l'hôtel Matignon après une réunion sur le mode de scrutin proportinnel, le 23 mai 2025 à Paris ( AFP / Thomas SAMSON )
Alors que le Parti socialiste se cherche un chef, le leader de Place publique Raphaël Glucksmann et le député ex-LFI François Ruffin entrent déjà dans la bataille de la présidentielle à gauche sur fond de différend autour d'une éventuelle primaire.
A quelques jours d'écart, deux des candidats potentiels de la gauche pour 2027, qui se préparent depuis plusieurs mois à cette échéance et comptent parmi les mieux placés dans les sondages, ont dévoilé leur jeu.
Le social-démocrate Raphaël Glucksmann, leader du parti Place publique, a affirmé vendredi dans un entretien au Monde qu'il ne participerait pas à une primaire pourtant souhaitée par de nombreuses voix à gauche, mais qu'il juge "mortifère".
"Je ne participerai pas à un truc d'appareils qui produit une synthèse molle, car ça ne fonctionnera pas", assure celui qui a fait près de 14% aux européennes sur une liste PS-Place publique.
Il se verrait bien, sans l'affirmer encore officiellement, être le candidat de la gauche sociale-démocrate en 2027, persuadé que la dynamique sondagière créera le vote utile autour de lui.
Il rejette ainsi l'idée défendue quelques jours plus tôt par le député de la Somme François Ruffin, d'une large primaire de la gauche allant de Philippe Poutou (NPA) à François Hollande, intégrant même Jean-Luc Mélenchon, avec qui il a pourtant rompu avec fracas.

Le député ex-LFI François Ruffin à l'Assemblée nationale, le 13 mai 2025 à Paris ( AFP / Ludovic MARIN )
François Ruffin se dit sûr de remporter cette primaire, qu'il considère comme nécessaire pour impulser une dynamique au sein de la gauche, et éviter qu'elle ne soit pas au second tour.
Leurs sorties, en plein congrès du Parti socialiste, ne sont pas innocentes, alors que le Parti au poing et à la rose risque de se déchirer sur la stratégie à tenir pour 2027, et ne dispose pas à ce stade de candidat présidentiable qui perce dans les sondages.
Le premier secrétaire sortant, Olivier Faure, qui se prépare lui aussi à l'échéance présidentielle, plaide pour une plateforme commune de la gauche non-mélenchoniste, de François Ruffin à Raphaël Glucksmann.

Le premier secrétaire sortant, Olivier Faure, le 1er mai 2025 à Dunkerque ( AFP / Sameer Al-Doumy )
Mais son opposant direct, le maire de Rouen Nicolas Mayer-Rossignol, refuse l'idée d'une grande primaire de la gauche et prône une "affirmation socialiste", avec la création d'un "grand parti socialiste" rassemblant l'arc social-démocrate, d'où sortirait un candidat commun de la gauche.
Plusieurs personnalités, dont l'éphémère candidate pour Matignon Lucie Castets, continuent de plaider pour une "primaire des gauches la plus large possible".
- rendez-vous le 2 juillet -
Lucie Castets est soutenue par la cheffe des Ecologistes Marine Tondelier, et par une soixantaine de maires de gauche dont Johanna Rolland, maire de Nantes (PS), Eric Piolle, maire de Grenoble (les Ecologistes), et Patrice Bessac, maire de Montreuil (PCF), qui appellent dans une tribune publiée samedi dans Le Nouvel Obs, "à une candidature commune pour 2027 et à un programme de rupture capable de changer concrètement la vie".

La secrétaire nationale des Ecologistes Marine Tondelier (g) et Lucie Castets (d) lors du congrès des écologistes à Pantin, au nord de Paris, le 26 avril 2025 ( AFP / Alain JOCARD )
Dans cette optique, Lucie Castets a invité tous les responsables de gauche à se retrouver le 2 juillet. François Ruffin s'y rendra, mais Raphaël Glucksmann a déjà décliné l'invitation.
"Raphaël espère jouer le duel à gauche avec Jean-Luc Mélenchon" et être le vote utile jusqu'à attirer le bloc central, pense un socialiste, qui prédit cependant que les électeurs du centre "iront plutôt dès le premier tour vers un vote utile face à l'extrême droite" en soutenant l'ex-Premier ministre Edouard Philippe.
De son côté, le leader de La France insoumise Jean-Luc Mélenchon, reste inamovible et trace sa route en solitaire. Farouchement opposé à l'idée d'une primaire qui "favorise ceux qui clivent le moins", il cache peu son intention de repartir à la présidentielle pour une quatrième tentative.
Avec un socle d'électeurs autour de 10%, et persuadé que sa stratégie visant à attirer les quartiers populaires d'ordinaire éloignés des urnes peut lui permettre de se qualifier au second tour, il fait le pari de rallier ensuite à lui les autres électeurs qui voudront faire barrage à l'extrême droite.
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