* Effroi après l'attaque du domicile d'un maire du Val-de-Marne * Rassemblements de soutien aux élus locaux lundi midi * Le pdt du Sénat, la pdte de l'Assemblée nationale à l'Elysée * 719 interpellations, moins que les nuits précédentes (Actualisé tout du long) PARIS, 2 juillet (Reuters) - La nuit de samedi à dimanche a été moins agitée que les précédentes sur le front des violences urbaines en France, où plus de 700 personnes ont été interpellées et des dégradations encore constatées, tandis que l'Elysée et Matignon se préparaient à ce que les heures et jours à venir soient déterminants pour sortir d'une semaine de crise. L'attaque du domicile d'un maire dans la banlieue parisienne, jugée "insupportable" par la Première ministre Elisabeth Borne, a été condamnée par des responsables de tous bords politiques sur les réseaux sociaux. La grand-mère du jeune homme abattu par un policier lors d'un contrôle routier à Nanterre (Hauts-de-Seine), un drame à l'origine de cinq nuits de violences urbaines à travers la France, a lancé un appel au calme. Selon Nadia, interrogée par BFM TV, les émeutiers utilisent la mort de Nahel, son petit-fils, comme un prétexte. "Les gens qui sont en train de casser, je leur dis: arrêtez. Qu'ils ne cassent pas les vitrines, les bus, les écoles", a-t-elle dit. "Nahel est mort, ma fille est perdue. Elle n'a plus de vie maintenant", a-t-elle poursuivi. Des centaines de personnes ont assisté samedi à la mosquée de Nanterre aux obsèques de Nahel, qui a été inhumé au cimetière du Mont Valérien. Le ministère de l'Intérieur a signalé 719 interpellations - dont 375 à Paris et la petite couronne - dans la nuit de samedi à dimanche, contre 1.311 la nuit précédente et 875 celle d'avant. Quarante-cinq policiers et gendarmes ont été blessés et 871 incendies constatés, a-t-on précisé de même source. Après avoir reporté une visite d'Etat de trois jours en Allemagne prévue à partir de ce dimanche, le président Emmanuel Macron a fait dimanche soir "un point de situation" à l'Elysée en présence de la Première ministre, du ministre de l'Intérieur et du garde des Sceaux. Selon l'entourage d'Elisabeth Borne, l'échange a porté sur la situation et l'organisation des prochains jours. "La priorité numéro un, c'est le retour à l'ordre. Nous ne sommes pas encore sortis de cette situation et il faut rester concentrés sur les heures qui viennent", a dit une source. PRUDENCE La Première ministre va également inviter les présidents des groupes politiques à Matignon mardi pour "montrer l'unité de la nation", a ajouté cette source, tandis que le président du Sénat et la présidente de l'Assemblée nationale seront reçus lundi à l'Elysée. "En parallèle, le président souhaite ensuite débuter un travail minutieux et de plus long terme pour comprendre en profondeur les raisons qui ont conduit à ces événements", a indiqué une personne présente à la réunion. En Allemagne, le chancelier Olaf Scholz a déclaré à la chaîne ARD qu'il regardait "avec inquiétude" la situation en France. "Je ne m'attends pas à ce que la France devienne instable, même si les images sont bien sûr très angoissantes", a-t-il déclaré. La Chine et plusieurs pays occidentaux ont appelé leurs ressortissants à la vigilance face aux émeutes, jetant une ombre sur la saison touristique estivale, qui plus est à un an des Jeux olympiques de Paris. Cinq jours après la mort de Nahel, des exactions ont encore été signalées en de nombreux endroits, notamment à Strasbourg et Nice. "Nuit plus calme grâce à l'action résolue des forces de l'ordre", a tweeté tôt dimanche matin le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, qui avait déployé comme la veille environ 45.000 gendarmes et policiers dans tout le pays, avec des renforts à Marseille, Lyon et Grenoble. "On ne peut pas parler de décrue, ça ne serait pas raisonnable. Il faut être extrêmement prudent", a déclaré Laurent Nunez, préfet de police de Paris, sur BFM TV. Dans la nuit de dimanche à lundi, "il y aura le même dispositif, en volume d'effectifs, en stratégie, nous serons très réactifs, nous interpellerons massivement", a-t-il indiqué. "On tiendra le temps qu'il faudra". Samedi soir à Paris, des rassemblements de jeunes, souvent vêtus de noir et vissés à leur téléphone portable, ont eu lieu aux abords de l'avenue des Champs-Elysées, surveillés par un important dispositif de sécurité. SOUTIENS AUX MAIRES LUNDI Des incidents ont également éclaté dans le centre-ville de Marseille (Bouches-du-Rhône), où des tentatives de pillage et des affrontements entre jeunes et forces de l'ordre, qui ont fait usage de gaz lacrymogène, ont été signalés. Le dernier bilan des autorités de la ville faisait état dimanche de 71 personnes interpellées et de sept policiers blessés, dont un à la tête qui a été hospitalisé. A Tourcoing (Nord), le Raid et des CRS sont intervenus alors qu'au moins une voiture a été incendiée malgré le couvre-feu, décrété dans de nombreuses communes. En région parisienne, le domicile du maire Les Républicains de L'Haÿ-les-Roses (Val-de-Marne), Vincent Jeanbrun, a été attaqué à la voiture-bélier et son épouse et ses enfants ont été pris pour cible, provoquant une vague d'indignation et de soutien dans toute la classe politique. Elisabeth Borne était sur place à la mi-journée en compagnie notamment de Gérald Darmanin et de la présidente de la région Ile-de-France, Valérie Pécresse. "Nous ne laisserons rien passer", a déclaré la cheffe du gouvernement à l'intention des élus confrontés à des violences, en particulier ces derniers jours. Intervenant devant la presse, le procureur de Créteil a décidé de retenir "la qualification de tentative d'assassinat" après l'attaque du domicile et de la famille de l'élu. Cet épisode montre qu'"un cap a été franchi", a estimé Laurent Nunez, alors que jusqu'ici les attaques visaient essentiellement des symboles républicains comme les mairies et les commissariats, ou des commerces. Des rassemblements en soutien aux maires sont prévus lundi à la mi-journée. "Soyez pour une fois la majorité qui s'exprime et non plus la majorité silencieuse, parce qu'on entend toujours ces micro minorités de casseurs qui abîment l'image de la jeunesse, des enfants issus de l'immigration (...) des enfants des quartiers", a déclaré Vincent Jeanbrun sur TF1. LE TOUR DE FRANCE ENTRE CALME ET INQUIÉTUDE Après s'être élancé de Bilbao, en Espagne, le Tour de France prend le chemin de l'Hexagone lundi avec un passage à Bayonne, Dax, Pau et Bordeaux tout au long de la semaine. Les membres des équipes étrangères ont reconnu savoir peu de choses sur la situation en France parce qu'ils évoluent dans une "bulle" sur le tour. Quelque 33.000 représentants des forces de l'ordre sont déployés tout au long des trois semaines de la course cycliste, mais les cars des équipes et le matériel ne sont gardés la nuit que par des agents de sécurité privée. Les organisateurs du Tour ont déclaré qu'ils étaient prêts à s'adapter à toutes les situations. "Nous sommes en lien constant avec les services de l'État, comme chaque année, et on suit la situation avec une grande attention ", a dit Christian Prudhomme, directeur du Tour, à des journalistes. Au sein des équipes cyclistes françaises, le ton est légèrement différent. "Bien sûr que nous sommes préoccupés, nous ne pouvons pas être insensibles à ce qui se passe, mais nous n'y pouvons pas grand chose. Nous attendons les informations des organisateurs, des forces de l'ordre, et ferons ce qu'elles nous disent de faire", a dit à Reuters Philippe Mauduit, directeur sportif de la Groupama FDJ. (Reportage Elizabeth Pineau, avec Pascal Rossignol dans le Nord et Marc Leras à Marseille, Julien Pretot à Saint-Sébastien (Espagne), édité par Gilles Guillaume et Jean Terzian)
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