Transfert des avoirs russes à l'Ukraine et menace de représailles : pourquoi la Belgique hésite à laisser l'UE "manger la poule aux oeufs d'or"
information fournie par Boursorama avec Media Services 02/10/2025 à 13:49

La Commission européenne a proposé un plan visant à prêter à Kiev les milliards d'avoirs gelés russes stockés sur la plateforme Euroclear, basée à Bruxelles. Cette solution préoccupe le pouvoir belge, qui pointe les zones d'ombre et conséquences potentielles d'une telle décision.

Le Premier ministre belge Bart de Wever, à Berlin, le 26 août 2025 ( AFP / TOBIAS SCHWARZ )

La Belgique, où se trouve une grande partie des avoirs gelés russes en Europe, a posé jeudi 2 octobre ses conditions avant qu'ils ne soient utilisés en faveur de l'Ukraine comme la Commission européenne l'a proposé. Quelque 210 milliards d'euros d'avoirs de la banque centrale russe, détenus par la firme financière Euroclear, qui a son siège à Bruxelles, sont immobilisés à la suite de sanctions prises après l'invasion de l'Ukraine en février 2022.

"C'est un peu comme une poule aux oeufs d'or", a expliqué devant la presse le Premier ministre belge Bart de Wever au bénéfice de l'Ukraine. Et, "la question est de savoir si on peut maintenant manger la poule", s'est-il interrogé en marge d'un sommet rassemblant des dizaines de dirigeants européens à Copenhague.

Quid de l'avenir actifs occidentaux en Russie?

Pour assurer son soutien dans la durée, l'Union européenne envisage d'utiliser ces avoirs gelés pour financer un prêt de quelque 140 milliards d'euros à l'Ukraine. La Commission européenne assure qu'il ne s'agit pas d'une "confiscation". La Belgique reste toutefois très réticente, redoutant d'éventuelles conséquences ou représailles russes. M. De Wever a d'ailleurs précisé que le dirigeant d'Euroclear vivait désormais sous "protection rapprochée". Et il a cité les menaces qu'il dit avoir reçues de la Russie: "Si vous touchez à mon argent, vous en ressentirez les conséquences jusqu'à l'éternité", a-t-il déclaré.

"Nous savons qu'il existe de l'argent occidental gelé et immobilisé en Russie", ainsi que des "usines" qui pourraient être confisquées, a-t-il averti. "Je comprends l'envie de manger la poule maintenant, mais si vous regardez le dossier de plus près, je pense qu'avant de vouloir la manger, il y a quelques questions qui doivent être résolues", a souligné M. De Wever.

Selon une information de l'agence Bloomberg relayée mercredi 1er octobre, un décret signé par Vladimir Poutine permet désormais à Moscou d'accélérer la vente des entreprises nationales et étrangères, en réduisant à 10 jours les délais d’évaluation préalable à la vente et en accélérant les procédures d’enregistrement.

"Mangeons toutes les poules !"

La Belgique n'entend pas être seule à payer les pots cassés et réclame une solidarité totale de la part des autres pays européens. "J'ai expliqué à mes collègues hier (mercredi) que je veux leur signature", a-t-il ajouté. Les 27 de l'UE étaient rassemblés mercredi à Copenhague à l'occasion d'un sommet informel.

D'autres pays dans le monde ont aussi des avoirs en Europe et pourraient être tenté de les placer ailleurs, si les Européens devaient utiliser ceux de la Russie, a encore expliqué M. De Wever, prenant l'exemple de la Chine, alliée de la Russie. Toutes ces questions doivent recevoir une réponse, et si ce n'est pas le cas, "il faudra trouver d'autres moyens de financer l'Ukraine", a poursuivi M. De Wever.

Quelque 162 milliards d'avoir russes se trouvent en dehors de la Belgique. "Personne n'en parle", a-t-il souligné, appelant les pays où ils se trouvent à jouer aussi leur rôle. "Mangeons toutes les poules", pas seulement celle se trouvant en Belgique, a-t-il lancé.